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Rumeurs, tension et agitation à Alger
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 17 - 11 - 2009

Les agences Djezzy, Egypt-Air, une bijouterie appartenant à un ressortissant égyptien ont été saccagées par des groupes de jeunes aveuglés par un esprit de vengeance désolant.
Après l'ébullition qui s'est emparée dimanche après-midi de centaines de jeunes qui ont assiégé la place Maurice Audin dans l'espoir de décrocher un billet de l'agence Air Algérie pour aller à Khartoum, la matinée d'hier s'annonçait calme. Rien ne présageait que les manifestations de soutien à l'équipe nationale allaient dégénérer. Et pourtant si. L'espoir de vaincre demain l'équipe égyptienne à Khartoum s'est transformé en une fureur de vengeance terrifiante et désolante. La bijouterie faisant face au marché Meissonnier a été saccagée et tous les bijoux exposés ont été volés. Le groupe de jeunes qui a procédé à cette sale besogne a appris, comme par hasard, que le propriétaire de la boutique est un ressortissant égyptien.
Des agences de l'opérateur privé de la téléphonie mobile, Djezzy, dont le propriétaire est aussi égyptien, ont été saccagées à l'exemple de celle de Dar El-Beïda à l'est d'Alger, celle de Bab El-Oued et celle située à place Audin. L'agence de la compagnie Egypt-Air l'a été au même moment. L'odeur de brûlé empestait encore l'atmosphère dans le milieu de l'après-midi d'hier. Les rideaux de l'agence, baissés depuis longtemps, ont été défoncés, les documents déchirés et les ordinateurs mis en miettes ont été jetés sur le trottoir de la rue Didouche Mourad. Rue qui, faut-il le dire, est le prolongement à droite comme à gauche de la place Audin où se tient quotidiennement un barrage de police. Dimanche après-midi, ce barrage a été renforcé par l'installation de barricades et d'autres agents de l'ordre notamment ceux des forces d'intervention. Ils ont été appelés en renfort pour encadrer les centaines de jeunes qui se sont rassemblés à cet endroit, passeport en main, emblème nationale déployé et criant à tue-tête «Bouteflika ! Bouteflika !... ». «Du Caire à Khartoum, la victoire est à notre portée». Et autres slogans pour encourager l'équipe nationale mais aussi en faveur du président de la République qu'un bouche-à-oreille étonnant par la rapidité de sa propagation, a donné comme étant celui qui a ordonné l'octroi de billet gratuit pour Khartoum à 10.000 supporters. C'est le PDG d'Air Algérie qui, le premier, a rectifié l'information au cours d'un point de presse qu'il a organisé dimanche en début d'après-midi, en précisant que le billet d'avion est à 20.000 DA mais le billet du stade et le visa pour le Soudan sont gratuits. Prise d'assaut par cette déferlante inattendue de jeunes hystériques, la compagnie Air Algérie a décidé de délivrer les billets pour le Soudan à partir du complexe olympique du 5 Juillet, dans les locaux jouxtant le stade.
La descente vers Audin
Hier matin, la circulation était dense à ce niveau. Le parking était déjà plein alors que des centaines de véhicules privés et publics (bus et autres véhicules de transport) continuaient de déferler sur les lieux sous les yeux scrutateurs des forces de l'ordre bien renforcées pour la circonstance.
Mais des foules hystériques ont préféré continuer hier leur «descente» sur la place Audin pour ajouter au désordre provoqué déjà par de nombreux jeunes venus occuper les lieux avant eux. Debout, passeport toujours en main, ils étaient là à scander des slogans pro-Bouteflika et pro-Verts. Les véhicules, couverts de drapeaux, musique à fond, défilent tout au long de la rue Didouche. Des jeunes sortant leur buste des vitres des véhicules, d'autres préférant prendre le bus et chantant «Viva l'Algérie», avec dans ce même bus public, de la RSTA, mais cette fois sur son toit, encore d'autres jeunes en délire criant vengeance contre l'Egypte. Entre-temps, et se faufilant entre les véhicules, et encore des jeunes vendent à «la criée» les CD chantant les Verts, à 100 DA ! Spectacle hallucinant que celui de ces masses humaines qui se sont donné le mot pour être présentes là où elles devaient l'être, selon toute vraisemblance. Comme si personne ne travaille dans ce pays et n'a que cette présence à exprimer. A quelques mètres de la Grande Poste, on pouvait aussi regarder des jeunes jonchés sur le toit d'un véhicule de transport qu'ils ont pris le soin de stationner sur le trottoir. Karkabous en main, tambour battant et chantant pour les Verts, ils étaient applaudis par des badauds qui dansaient sans complexe. L'on note que du haut du Sacré Coeur jusqu'au début de la place Audin, un peu avant les arrêts de bus de l'UTUSA, il n'y avait aucun policier. Vers 15h, des jeunes remontaient la rue Didouche, poussant des cris stridents.
De Gijon à Khartoum...
«Voilà un autre!», criaient certains, montrant du doigt un magasin Djezzy devant lequel ils se sont arrêtés net. D'autres les ont poussés du coude pour se placer devant la porte du magasin, fermée, bien sûr, pour les empêcher de le saccager. Ils ont compris - juste à temps - que le magasin vendait des puces de toutes marques de téléphonie mobile. Du coup, le commerce d'à côté baisse rideau comme l'avaient fait nombreux d'autres bien avant lui, de peur de se voir subir des dégâts collatéraux.
L'on dit de bouche à oreille - encore - que le patron de Djezzy a été averti qu'il pouvait subir des représailles. «On lui a demandé de mettre deux avions à la disposition de jeunes en partance pour Khartoum mais il n'avait pas réagi. Ce n'est que maintenant qu'il s'est mis à envoyer des SMS de soutien à l'équipe nationale», nous disait hier en début d'après-midi un groupe de médecins au niveau d'un hôpital. Ce qui est sûr, c'est que le personnel de cette société a été instruit de ne pas venir travailler dimanche, le lendemain du match Egypte-Algérie joué au Caire, et ce quel que soit le résultat.
Avec la rage au ventre, les Algériens se disent tous prêts à se rendre à Khartoum. Jamais de temps de gloire de football, y compris celle marquée par le magnifique duo Beloumi-Madjer, le pays n'a connu autant de ferveur pour ne pas dire folie à la veille d'un match de l'équipe nationale. Ils n'étaient pas nombreux, en effet, à vouloir aller à Gijon en Espagne lorsque l'Algérie a été qualifiée à la Coupe du monde en 1982. Les temps ont véritablement changé. Mais pas forcément en bien.
L'autre rumeur dit pour cette fois que l'équipe nationale ne devait pas gagner au Caire. «Si vous gagnez, vous allez revenir dans des cercueils», aurait-on dit aux joueurs algériens, à partir de hauts lieux politiques nationaux. L'on raconte même que l'opération de déplacement des supporters algériens vers Khartoum aurait été préparée bien avant que le match Egypte-Algérie n'ait lieu. Comme quoi, tout a été prévu, à l'avance. Parler de gain politique dans pareilles circonstances, pourquoi pas quand il est convenu à l'unanimité qu'en politique, tout est permis et qu'en politique, il n'y a pas de morale. Le siège du RCD à la rue Didouche a été tapissé de banderoles aux couleurs nationales. Le drapeau noir hissé par ce parti à la veille de la présidentielle d'avril dernier est vite oublié. Le parti de Moussa Touati, lui, saisit l'occasion pour appeler les autorités algériennes à réviser leurs relations avec l'Egypte. On apprend également que le FLN et les Scouts musulmans algériens (SMA) ont aussi dégagé de l'argent pour la participation au financement du transport des supporters algériens vers Khartoum. Chacun cherche, ainsi, à trouver son compte à travers cet élan nationaliste que seule l'équipe nationale peut ranimer même en temps de crise. Nationalisme qui, au passage, n'est nullement de bas étage comme le prétendent certains, dans la mesure où il est mis en branle parce que les couleurs nationales sont portées.
«Amine Ya Rabi Amine !»
«Celui qui n'a pas connu le jour de l'Indépendance, il le voit aujourd'hui, c'était comme ça en 1962», disait hier une vieille femme à qui voulait l'entendre. Le revers de la médaille - il y en a bien un - c'est quand on entend dire une autre vieille femme arpentant la rue, aux groupes de jeunes qui défilaient, et avec un air dégoûté par trop de violence, «vous êtes trop agités, j'espère qu'ils ne vont pas gagner, comme ça, vous allez vous calmer !» Puisse Dieu ne pas entendre de tels propos...
Autre revers, entendu cette fois dans un café. «Bouteflika nous a vendu, il aurait dû refuser que le match soit joué au Caire, nos joueurs étaient blessés et étaient en danger», disait un jeune à un autre. «C'est vrai, il aurait dû dire son mot de colère à la FIFA, mais rien, comme si de rien n'était !», lui a rétorqué un autre. Comme quoi l'exploitation politique d'un événement malheureux est flagrante et évidente. Comme l'ont été d'ailleurs les graves actes de violence perpétrés contre les Algériens qui se sont déplacés au Caire, et sur lesquels les autorités égyptiennes ont fermé les yeux.
«Amine, ya Rabi Amine», chanté par Bilal, fusait hier dans l'après-midi, de l'intérieur de plusieurs véhicules qui défilaient avec hommes, femmes et enfants en croyant fortement à la victoire des Verts. «Ya Hosni ouvre tes frontières à tes frères de Gaza, ya khayene», se lisait en arabe sur une large banderole accrochée à l'entrée d'un fast-food transformé en comité de soutien... à l'équipe nationale.
Le vacarme assourdissant remplissait toujours les rues au début de la soirée d'hier. «Voilà la fête à l'algérienne !», s'est exclamé un bouquiniste déçu par cette atmosphère hystérique. Beaucoup filmaient avec leur portable les cortèges de voitures explosant de joie et de cris.
Au niveau du palais du gouvernement, le calme est plutôt régnant. Les forces de l'ordre veillaient au grain. Plus haut, au niveau du stade Ouguenouni, le nouveau rond-point est «encerclé» par des voitures, klaxons et musique à fond la caisse. Ceux qui allaient vers la Bibliothèque nationale, avenue Frantz Fanon, n'avaient pas de difficulté de circuler. Mais ceux allant vers le Telemly devaient s'engouffrer dans un désagréable embouteillage. Signalons que le tronçon de la rue du Dr Saâdane menant au tunnel des facultés était bouché par des barricades. Celui descendant du Telemly vers le palais du gouvernement l'était aussi tout au long de l'après-midi. Mais vers 16h, un officier de police, talkie-walkie à l'oreille, semblait recevoir des ordres pour enlever les barrières. Les policiers en faction s'exécutent pour dégager le passage aux véhicules qui s'agglutinaient en ces heures de pointe. Il faut dire que pendant que le centre d'Alger s'excitait, le reste des quartiers et des rues vivaient «normalement», avec les embouteillages que provoquent quotidiennement les barrages des forces de sécurité, formant ainsi des entonnoirs dans tous les endroits.


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