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L'Algérie dans la conjoncture d'une crise alimentaire à l'échelle planétaire
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 31 - 03 - 2010

Que nous soyons scientifiques ou intellectuels, d'ici ou d'ailleurs, nous devrions être, cette élite qui a pour obligation morale d'informer ses concitoyens, au plus près de la réalité, sur les tendances lourdes d'un avenir qui s'annonce difficile, non seulement pour nous, mais aussi, pour l'humanité dans sa globalité.
Cette difficulté tient au fait, que cet héritage commun à tous les hommes, qu'est la planète terre, n'a pu être convenablement préservé et géré avec parcimonie, en raison des appétits féroces des plus forts de ce monde et de l'indigence des plus faibles. La course effrénée à la croissance, que se livrent les puissants de ce monde et les pays émergents, dans leur quête de bien être, sans se soucier des dommages causés aux équilibres des écosystèmes fragiles et des effets collatéraux sur les populations les plus vulnérables, est un présage de mauvaise augure. L'une des premières conséquences, de cette «approche musculaire» aujourd'hui perceptible et mesurable, se trouve être le réchauffement climatique. La déforestation, la consommation et le gaspillage démesuré de la ressource en eau, l'érosion, la désertification et les inondations, sont autant de fléaux qui menacent durablement l'humanité dans sa survie. Dans cet horizon aux contours incertains, fait de risques majeurs, l'angoisse grandissante vis-à-vis de la question de la sécurité alimentaire a créé un phénomène de panique et une surenchère, autour de l'acquisition des terres agricoles de pays africains. Dans cette ironie du sort, c'est encore une fois, les mal nourris de ce continent africain, phagocyté à l'extrême, qui devront « serrer davantage la ceinture» jusqu'à la limite de leur extinction en tant que peuples et nations. Cette injustice insupportable, est malheureusement cautionnée par des dirigeants, peu attentifs à la misère de leurs peuples. C'est ainsi, que des communautés entières ont été dépossédées de leurs terres au profit d'investisseurs étrangers, compromettant ainsi, l'avenir de la jeunesse de ce continent, qui n'aura pour seul choix, que les migrations massives vers des contrées plus clémentes, qui lui sont de plus en plus inaccessibles.
Dans leurs attitudes suicidaires, assimilables à «l'hara-kiri» japonais, certains pays n'ont pas hésité à procéder à la déforestation massive pour satisfaire les appétits féroces de multinationales. Tel est le cas, de la forêt du bassin du Congo, par exemple. Selon Ndiogou Fall, Président du comité exécutif du réseau des organisations paysannes et des producteurs agricoles de l'Afrique de l'Ouest (ROPPA), la vente massive de terres agricoles s'apparente plus à un «pacte colonial» qu'à la recherche de nouveaux financements pour le développement de l'agriculture en Afrique. C'est ainsi, que des milliers de petits producteurs sont contraints à la misère. De très nombreux investisseurs étrangers, dont des firmes agroalimentaires, ont procédé récemment à l'achat de terres agricoles notamment à Madagascar, au Mali, au Mozambique, au Soudan, en Ouganda etc. L'augmentation des achats massifs de terres agricoles par des multinationales et autres privés, fait peser une grave menace sur les populations locales, qui peuvent perdre leurs droits sur le foncier agricole et autres ressources naturelles. Parmi ces « accapareurs » de terres agricoles africaines, on cite souvent : la Chine, l'Inde, la Corée du Sud, le Japon, l'Egypte, l'Arabie Saoudite et les Emirats Arabes Unis. C'est ainsi, que l'Ouganda avait accepté de mettre à la disposition de l'Egypte, près de 850.000 Ha de terres, soit l'équivalent de près de 12% de la superficie agricole utile de l'Algérie. Cette information a été communiquée par le ministre égyptien de l'agriculture, qui a précisé que sept groupes privés égyptiens ont engagé des études sur des variétés de blé et de maïs, en vue de leur adaptation aux conditions bioclimatiques de ce pays. De même, le premier ministre jordanien a annoncé que son pays allait cultiver des produits agricoles pour ses concitoyens, sur des terres que lui avait attribuées Khartoum. Plus récemment, en 2008, selon Financial Times, Daewoo logistics, un groupe sud coréen, a conclu avec le gouvernement malgache, un accord portant sur la location de 1,3 million d'hectares de terres agricoles, ce qui représente la moitié des terres arables de la grande île. L'objectif ici, est le même que dans les deux cas précédents, à savoir : assurer l'alimentation de la Corée du Sud, quatrième importateur de maïs dans le monde. Depuis 2009, en échange de création d'emplois à Madagascar et de construction d'infrastructures, le groupe sud coréen, va exploiter pendant 99 ans, cette immense étendue de terres agricoles pour la culture du maïs et la production d'huile de palme.
Cet exemple, d'une société asiatique privée, animée par le souci de satisfaire les besoins alimentaires de la population de son pays, est à méditer, dès lors qu'il est démontré dans ce cas, que l'intérêt privé n'est pas forcément incompatible avec celui de la collectivité nationale. Si par ailleurs, l'on sait que la Chine a pris option pour un modèle de consommation à l'occidentale, en consommant plus de viandes et que l'Inde s'oriente vers la consommation de produits laitiers et dérivés, l'on imagine aisément la tension qui pèsera à l'avenir sur les disponibilités mondiales en céréales, dans la mesure, où le rapport est de huit grammes de protéines végétales transformées, pour l'obtention d'un gramme de protéines animales.
En plus, à l'instabilité des marchés financiers et de l'insécurité alimentaire, s'ajoute également, l'augmentation de la demande en biocarburants. Tout cela, est de nature à augmenter davantage la spéculation autour des terres agricoles. Dans cette course effrénée, autour de la sécurité alimentaire, les besoins en nourriture devraient plus que doubler en 2050, selon la FAO. Cela veut dire que le souci d'appropriation de nouvelles terres, chez bon nombre de pays, devrait davantage s'exprimer. Dès à présent, cinq pays totalisent à eux seuls, plus de 7,3 millions d'hectares de terres arables à l'extérieur de leurs territoires, autrement dit, plus que l'équivalent de la superficie agricole utile de l'Algérie.
Il s'agit : de la Chine, de la Corée du Sud, des Emirats arabes unies, du Japon et de l'Arabie Saoudite. Mieux encore, la Chine a signé des accords avec la Zambie, le Zimbabwe, l'Ouganda et la Tanzanie, stipulant qu'en 2010, un million de paysans chinois seraient installés sur les terres de chacun de ces pays, afin de produire du riz pour la population chinoise, exacerbant ainsi, les frustrations des populations autochtones. Mais alors, que faut-il penser de cette course effrénée à l'appropriation des terres agricoles ? Ceux qui cherchent à externaliser leurs agricultures, après avoir utilisé au mieux leurs potentialités propres, sont-ils à blâmer ? Cette volonté à vouloir s'en sortir, en utilisant des potentialités d'autres pays, réduisant ainsi, les chances de survie des populations autochtones, n'est-elle pas immorale ? Cela est sans doute vrai ! Mais ce qu'il faut surtout retenir de cette manifestation d'intérêt, c'est que le souci de l'horizon, est présent chez ces pays et que la prise de conscience par rapport à la question alimentaire est réelle, bien qu'il faille déplorer l'insouciance de certains dirigeants africains. Chez nous par contre, même si l'on est dans le cas de figure où toutes nos potentialités n'ont pas été.
Totalement utilisées (3 millions d'hectares de terres en jachère et d'importantes potentialités en zones de montagnes et dans les régions du Sud) et qu'il n'y a pas lieu de courir vers l'acquisition de nouvelles terres, nous donnons le sentiment d'un pays qui se soucie peu de sa sécurité alimentaire, puisque croyant disposer de réserves de change durables, qui le mettraient à l'abri de difficultés alimentaires. Mais alors, dans le monde d'aujourd'hui, marqué par des aléas de diverses natures et des incertitudes qui pèsent sur le devenir de l'humanité toute entière, qui pourrait assurer la pérennité d'une aisance financière et l'accessibilité aux marchés extérieurs ? Quand bien même, on serait riches, avons-nous pour autant, cette garantie d'accéder aux stocks en denrées alimentaires des pays occidentaux, lorsque ceux-ci auront défini les règles et les formes d'accès, selon des critères d'alignement, de soumission ou d'appartenance à une quelconque idéologie ! Comment dans ce cas, pouvons-nous préserver notre « s.m.i.g. dignité » et notre souveraineté ! Comment est-ce possible, quand nos importations en biens alimentaires ont atteint 8 Milliards $ en 2008, voire 12 Milliards $, lorsqu'on inclut les facteurs de production de l'amont agricole, les biens d'équipements et demi-produits industriels ! Cette dépendance alimentaire se situe à des niveaux alarmants pour des produits de première nécessité, tels : le sucre (100%), l'huile (95%), les viandes blanches (90%), les légumes secs (85%), les céréales (70%) et le lait (57%). Par contre, nos exportations sont restées à un niveau dérisoire, d'à peine 100 Millions $ en 2009 : (20 Millions en boissons gazeuses et eaux minérales, 18 Millions en pâtes alimentaires, 13 Millions de dattes deglet nour et 11 Millions de truffes), vers l'Union Européenne et les pays Arabes. Cette faiblesse nous est expliquée par le fait, que les exportateurs algériens, peinent à adopter les standards internationaux en matière de cahier de charges, sur les aspects de calibrage, de transformation et d'emballage. Cela est aussi dû, nous dit-on, à la méconnaissance des circuits de distribution des pays européens et des dispositions en matière d'exportation de produits algériens, dans le cadre de l'accord d'association avec l'Union Européenne.
Il y aurait aussi, une défaillance dans la chaîne logistique et dans le circuit de commercialisation (absence d'avions cargos, insuffisance de lignes maritimes et d'infrastructures de conditionnement au niveau des ports) ! Combien même, cela est vrai, il faut finir par admettre, en toute objectivité, que cet argumentaire ne saurait expliquer à lui seul, notre incapacité à conquérir de nouveaux marchés, autres que celui de notre espace national, qu'on peine à satisfaire. Sinon, comment expliquer qu'un pays comme le Maroc par exemple, arrive à exporter pour plus de deux Milliards $ en produits agricoles, alors que ses moyens en infrastructures et en transport, sont nettement inférieurs aux nôtres !
D'autres pays, comme la Tunisie et la Syrie, pour ne citer que ceux là, font également mieux que nous. En réalité, cette régression par rapport aux décennies antérieures, trouve plutôt son explication, dans la déperdition du savoir faire paysan, en raison du vieillissement de la main d'œuvre agricole et de l'ouverture du secteur à des entrepreneurs privés ne disposant pas souvent de technicité, à défaut d'une véritable intégration de milliers d'ingénieurs et de techniciens en chômage, qui auraient pu porter le rêve d'une agriculture moderne, totalement inscrite dans la maîtrise des process technologiques de productions. Il est bien évident, que dans ce secteur fortement marqué par le manque de professionnalisme, une question banale, comme celle du mildiou de la pomme de terre (Phytophtora infestans) qui a fait son apparition à la fin du XVIIIème siècle et dont les méthodes de lutte sont connues depuis cette époque, apparaît aujourd'hui, comme un facteur limitant à la production de cette solanacée, élément essentiel de notre ration alimentaire. Parmi les questions récurrentes du monde de la production agricole en Algérie, l'on peut également citer ce ravageur de la datte qu'est le myoelis, le criquet pèlerin et bien d'autres parasites et ravageurs de cultures. Ces questions de protection phytosanitaire et bien d'autres techniques de production agricole étaient maîtrisées, lorsque les services agricoles étaient encadrés par des Techniciens et des Ingénieurs, issus des écoles régionales de Sidi Bel Abbès, de Aïn Temouchent, de Skikda, de Guelma, de l'I.N.A., de l'I.T.A. et des I.T.M.A. L'on peut dire qu'à cette époque des années 70, l'Algérie était engagée dans cette « autoroute du savoir » et que la dissolution de ces écoles et instituts, à l'exception de l'Institut National Agronomique qui a tout de même perdu en notoriété depuis, lui a fait prendre des « chemins vicinaux » sans horizons, livrant ainsi le secteur agricole à l'amateurisme d'une génération d'entrepreneurs et d'aventuriers de tous bords, plus attirés par les subventions de l'Etat, que par la réhabilitation de notre agriculture. Ce n'est certainement pas, le secteur de la formation professionnelle, habituellement orienté sur les métiers du bâtiment, de la mécanique et de l'artisanat, qui pourra suppléer à cette défaillance, après avoir dissout les I.T.M.A. et autres écoles, causant ainsi, un grave préjudice à l'encadrement du secteur agricole, qui peine aujourd'hui, à inscrire sa dynamique interne dans l'objectif d'une authentique sécurité alimentaire. C'est ainsi, qu'il est aujourd'hui difficile de trouver de bons machinistes, des ouvriers spécialisés dans la taille de la vigne et des espèces fruitières, des ouvriers spécialisés dans la traite des vaches laitières et bien d'autres spécialités. Pour la petite histoire, il n'est pas inutile de rappeler, qu'en Allemagne, la traite de la vache Holstein, véritable «usine à lait» est précédée par une mise en condition et une stimulation avec de la musique classique, afin d'éviter des situations de stress et un blocage du système endocrinien. Combien de nos agriculteurs, qui conduisent leurs élevages par la «force du bâton», savent cela ? L'analyse des résultats du recensement général de l'agriculture établi en 2002, a fait ressortir qu'avec 65% de chefs d'exploitations sans instruction, 1% de niveau de formation supérieur et à peine 2,7% de chefs d'exploitations disposant d'une formation agricole, l'encadrement technique constitue aujourd'hui de toute évidence, le maillon faible de l'agriculture algérienne. Ceci est d'autant plus vrai, que plus de 36% des chefs d'exploitations ont plus de 60 ans.
De cette étude, il ressort qu'il faille former à partir de la population des jeunes ne disposant pas d'instructions et de niveau primaire, près de 127.000 ouvriers à spécialiser dans les travaux agricoles. Il faut également envisager la formation de près de 73.000 Techniciens, dans les filières des productions animales et végétales, du machinisme agricole, du génie rural, de l'irrigation et de la protection des végétaux. De même, le recyclage de plus de 6.000 ingénieurs, en réalité des diplômés de l'enseignement supérieur, ne disposant pas de savoir faire pratique, dans les différents créneaux de l'ingénierie et du management agricole, est à envisager sérieusement.
C'est là, l'atout maître pour une agriculture à la recherche des éléments de sa modernité. C'est à ces milliers de jeunes diplômés, une fois mis à niveau, que doit être offerte, une opportunité dans la création de petites entreprises de travaux agricoles, de mécanisation, de production de plants et semences, de transformation et de conditionnement, ainsi que, la création de laboratoires d'analyse, de bureaux d'études conseil et d'expertise. Ces jeunes entrepreneurs sont à considérer comme les pionniers de l'agriculture moderne, axée principalement sur les exploitations de taille moyenne et comme éléments dynamiques d'encadrement des petites exploitations familiales. De même, la formation de techniciens, éléments d'optimisation des facteurs de production, d'économie de l'eau et d'utilisation appropriée de la mécanisation, est source de gain de productivité.
A titre d'exemple, une moissonneuse batteuse convenablement réglée, pourrait réduire considérablement les pertes aux champs de céréales, estimées à 25%, au moment de la récole, ce qui souligne tout l'intérêt d'une bonne formation. Cela renvoie à la question fondamentale de la réhabilitation des écoles de l'agriculture, à l'ouverture éventuelle de lycées agricoles pour l'accueil des déperditions scolaires de notre système éducatif et surtout à la formation des formateurs au sein des pays du circum méditerranéen (Espagne, France, Italie, Portugal, Grèce, Turquie), qui placent la formation de l'homme au cœur du défi de leurs agricultures.
A cette formation, s'ajoute bien évidemment la nécessité d'un redéploiement des capacités de recherches agronomiques et de vulgarisation qui restent confinées dans des démarches administratives, en tout cas, trop éloignées des centres d'intérêts des exploitations agricoles publiques et privées. Dans la perspective d'une ouverture de notre agriculture à la modernité, il convient de procéder à l'émergence de pôles d'intelligence «agropoles», autrement dit, des espaces géoéconomiques pertinents de promotion d'un développement performant articulé autour des convergences à établir de façon irréversible, entre l'innovation technologique et les itinéraires de production agricole.
Il s'agit donc de réunir sur des lieux appropriés, au niveau des régions Ouest, Centre, Est, partie centrale des Hauts plateaux et Oued Ghir, les conditions d'émergence de pôles d'intelligence orienté vers les activités agricoles et propices à la maîtrise des process technologique qui favorisent l'amélioration des performances productives et la promotion du monde rural. Ces agropoles doivent regrouper des unités pilotes de production, appuyées par des structures de recherches, de formation et de vulgarisation, un réseau de pépinières, de champs pieds mères, de vergers de comportement, d'unités agro-alimentaires, d'aires de stockage et de conditionnement. Cet espace de coopération fait de conjugaison des efforts de tous les partenaires (Etat, Collectivités territoriales, Opérateurs économiques publics et privés, Organisations socioprofessionnelles…) est une manière de favoriser l'esprit d'entreprise et d'initiative et par conséquent, la création de nouvelles richesses génératrices d'emplois et de bien être pour la collectivité nationale.
Ce n'est qu'au prix de cet effort d'une Nation, qui aura pour volonté d'inscrire l'évolution de sa dynamique, dans celle d'un monde de plus en plus ouvert à la compétitivité et à la performance, qu'il sera alors possible, d'envisager autrement notre avenir, que dans celui de la dépendance alimentaire. Nous serions alors capables d'exploiter de façon optimale nos potentialités, sans avoir à courir vers les formes d'appropriation de nouvelles terres, comme le font certains pays. Mais, à défaut d'un engagement résolu dans cette dynamique d'acquisition du savoir faire agricole, il est à craindre que dans un avenir proche, l'on soit dans l'obligation de faire recours à une main d'œuvre étrangère, sans avoir la certitude, que cela soit dans notre intérêt.
* Professeur en Sciences agronomiques


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