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Quand Sarkozy pousse au communautarisme
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 04 - 08 - 2010

La ficelle est grosse, énorme même, mais Nicolas Sarkozy, ses serviteurs et ses obligés, de gauche comme de droite, semblent penser que la diversion peut réussir.
Alors que l'affaire Woerth-Bettencourt est loin d'avoir livré tous ses secrets et tandis que la côte de popularité du président français est au plus bas, voici que les discours musclés, martiaux pourrait-on dire, à propos de l'immigration et de la sécurité font une réapparition simultanée. Mais jusqu'où ira-t-on dans ce revival pétainiste ?
En déclarant que les personnes d'origines étrangères reconnues coupables de graves délits à l'encontre des forces de l'ordre seraient déchues de leur nationalité française, Sarkozy a d'abord entériné le fait qu'il ne faisait guère cas du premier article de la Constitution de son pays qui déclare que tous les Français sont égaux devant la loi et cela quelque soit leur origine. Comme l'a expliqué l'ancien Garde des Seaux socialiste Robert Badinter, un mauvais citoyen reste toujours un citoyen avec les mêmes droits et les mêmes devoirs que les autres. Dieu merci, il existe en France des hommes et de femmes qui font honneur à ce pays !
Comme toujours, il y a plusieurs aspects dans les déclarations de Sarkozy à propos des Français d'origine arabe ou sub-saharienne – car c'est bien d'eux qu'il s'agit. Ainsi, la tentative de reconquête des électeurs et sympathisants du Front national est plus qu'évidente. En les caressant dans le sens du poil, ce n'est plus le président de tous les Français mais bien le candidat pour le scrutin de 2012 qui est à la manœuvre. Il reste à savoir si ces derniers ne vont pas, comme cela a été souvent le cas, préférer l'original à la copie et si, par conséquent, Marine Le Pen ne risque pas de se retrouver au second tour de la prochaine présidentielle. Si cela devait arriver, on sait déjà que le locataire actuel du Palais de l'Elysée en portera une grande part de responsabilité.
L'autre aspect concerne l'expression d'un non-dit finalement très prégnant à droite mais aussi, hélas, à gauche. La sortie présidentielle fait écho à cette conviction, plus ou moins assumée, selon laquelle un citoyen d'origine maghrébine ou africaine ne peut être considéré comme un Français à part entière. Même s'il cherche par tous les moyens à s'intégrer, même s'il élève ses enfants – auxquels il aura donné des prénoms français pour faire plaisir à Eric Zemmour – dans le respect de la République et de ses valeurs, il y aura toujours un Sarkozy ou un Hortefeux pour déraper et lui rappeler, au besoin par la loi, que certains seront toujours plus Français que d'autres. Souvenons-nous des propos du sénateur Gérard Longuet, le patron des sénateurs UMP, à propos de l'importance de nommer un représentant du « corps français traditionnel » à la tête de la Halde, organisme de lutte contre les discriminations, plutôt que Malik Boutih.
On objectera que les déclarations présidentielles à propos de la déchéance de nationalité ne concernaient que des bandits et des criminels. Peut-être, mais si Kadour, français né à Grenoble de père algérien et Roger, né dans la même ville d'un père auvergnat, tirent tous les deux sur un policier, leur peine, sévère, doit être la même. C'est un principe élémentaire de la République. Ajoutons à cela le fait que, souvent, Kadour, n'a pas d'autre nationalité que française (il lui faut même un visa sur son passeport français pour se rendre en Algérie) et que l'en déchoir serait le transformer en apatride ce qui est interdit par la Constitution !
Plus important encore, c'est le fait que cette future loi d'exception – puisqu'il semble qu'un texte sera examiné à la rentrée – est comme à chaque fois un test qui annonce d'autres dérives. Si cela passe – à l'image du ministère de l'identité nationale qui ne semble plus déranger personne – cela créera un précédent et Sarkozy ira encore plus loin dans la stigmatisation des personnes d'origine étrangère. Je prends les paris que ce chantage à la déchéance de nationalité va resurgir au gré de l'actualité et concerner d'autres thèmes. Mais gageons au passage qu'il ne sera toutefois jamais question de retirer la nationalité à celles et ceux qui poignardent la France dans le dos en fraudant le fisc et en plaçant leurs millions d'euros en Suisse ou ailleurs…
Il faudra aussi que l'on nous explique à partir de quel moment quelqu'un n'est plus considéré comme étant d'origine étrangère. Dans les cités, puisque c'est aussi de cela qu'il s'agit, on en est déjà à la troisième voire même parfois à la quatrième génération de néo-Français. Il fut un temps, où l'on désignait cette partie de la population par l'expression « Français, fils d'immigrés ». Cette appellation était déjà détestable car réductrice et spécialement destinée à certaines origines (maghrébines, africaines,…) –Sarkozy est rarement présenté comme étant le fils d'un immigré hongrois – mais elle risque fort d'être surpassée par une nouvelle – encore à inventer – qui désignerait celles et ceux qui risquent – la vie étant ce qu'elle est – de perdre leur nationalité en raison d'un délit qu'ils auraient commis. Que va-t-on inventer ? Français « temporaire », « en suspens d'intégration », « en probation citoyenne » ?
Les mois qui nous séparent de l'élection de 2012 risquent d'être insupportables et il faudra certainement hausser le ton et faire entendre sa voix. A ce propos, un ancien collègue journaliste s'est longtemps répandu à mon propos en prétendant aux uns et aux autres que j'étais un « communautariste », accusation censée décrédibiliser mes écrits y compris ceux qui concernent la situation au Proche-Orient. La vérité, c'est que ces sujets commencent à me fatiguer et que les tchaklalas perpétuelles autour de l'islam en France ou de l'intégration deviennent lassantes. Mais il est difficile de rester coi et indifférent quand on sent que c'est toute une machine à exclure qui s'emballe et que ceux qui sont visés n'ont pas toujours la possibilité de se défendre. En France, il y a des centaines de milliers d'Arabes et d'Africains qui aimeraient vivre tranquilles sans se sentir en permanence agressés ou provoqués pour maintes raisons politiciennes…
Voilà le paradoxe. Parler, dire ce que l'on pense à voix haute, ne pas accepter de se faire molester, même verbalement : c'est être communautariste. Mais dans le même temps, se taire, faire le dos rond, laisser l'orage passer en n'en pensant pas moins, se détacher de la Cité, se replier vers ceux qui ressentent la même chose, c'est aussi, quelque part, du communautarisme. Est-ce à cela que Sarkozy souhaite aboutir ? Cela ne ferait que diviser encore plus les Français et on est en droit de se demander si ce n'est pas ce qu'il cherche pour se maintenir au pouvoir.


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