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Combien vaut un Algérien en Inde ?
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 13 - 06 - 2012

Combien vaut un Algérien ? C'est à l'étranger, sans les siens, seul, dans un hôtel, sous 45°, à 8.000 km d'Alger que l'on peut trouver réponse. Où exactement ? Au village de Kajhurao, dans l'Etat du Madhya Pradesh, en Inde. C'est là que se trouve, coincé, Redouane Nehar, un jeune musicien algérien, la trentaine. C'est d'abord sur le Net qu'a circulé son histoire, puis dans quelques journaux, puis rien. L'histoire ? A une balle, en osant jouer le mot. Il ramasse, lors d'une tournée en Inde, il y a un mois, une balle non percutée qu'il a trouvée. On l'arrête à l'aéroport de la province pour le délit de transport de munition ! Ensuite, le tour kafkaïen, sous-titré en hindi. Prison, enquête, commissariat, procès, prison, menottes, maladie… etc. Cela dure depuis un mois. Et depuis un mois, l'Algérien croupit dans des conditions affreuses, sous le verdict, en instance d'appel pour ce 02 juillet, d'un an de prison ferme. Pour avoir ramassé une balle comme souvenir.
Combien vaut un Algérien pris en otage ou otage d'un système juridique absurde ? Cela dépend : cela va de rien, à quelques milliers ou millions de dollars. Mais généralement, c'est rien. Selon ce que vaut le pays d'un ressortissant. Pour les diplomates algériens enlevés au nord Mali, El Qaïda locale demande 15 millions de dollars. Pour Redouane ? La vie et la mort d'un ressortissant vaut ce que vaut son pays et la diplomatie du pays, et les bonnes volontés diplomatiques du pays. Un Américain aurait été libéré en une demi-heure. Un Français en une heure. Un Algérien en un an. Pour aucun crime commis en plus.
Au chroniqueur hier, Redouane a raconté son histoire. Avec cette sorte de dignité discrète qu'ont les Algériens face aux grandes épreuves. Sans rancune ni procès de l'Etat et du système et de la vie. Juste cette discrétion qui touche. La vie dépend d'un fil. Diplomatique ou pas. Consterné mais pas défait. Le bonhomme croit. « Mais je veux plus que des mots et des coup de téléphone. Je voudrais tant me sentir soutenu par les nôtres qui sont ici en Inde. Par mon pays. Mais je ne sais pas ce qui se passe aussi en coulisses et je ne veux juger l'effort de personne ». Le jeune Algérien risque gros en effet. Un an de prison dans les prisons de l'Inde, cet été. Pour une balle non percutée ramassée dans une rue. « Cela se passe souvent ici. Tapez Google et vous verrez des dizaines d'histoires comme la mienne. Vécus par des Italiens, néo-Zélandais… etc. Tous finissent libres après deux ou trois jours ». Pas lui. Il assistera à son procès dans une langue qu'il ne comprend pas. Sera accusé dans une langue qu'il ne comprend pas et sera condamné dans une langue qu'il ne comprend pas. Et seul. Comme nous tous ici, mais lui il l'est vraiment. Absolument. Dans cet hôtel où il commence à manquer de l'essentiel. On pourra en parler des heures, mais cela ne se raconte pas cette solitude. Il faut parler à Redouane pour sentir l'abîme de tous. Les Algériens sont vraiment seuls. De plus en plus. Chacun isolément. Ici et encore plus ailleurs.
La vie d'un Algérien a donc un prix : s'il est néo-Zélandais ou pas. Diplomates ou pas. Important ou pas. Musicien ou politicien. C'est peut-être ce qui a ruiné notre humanité à tous : le manque de compassion des Algériens envers les Algériens. On voudrait presque tous mourir. Tous tuer. Tous regarder. Tous tourner le dos. C'est cette mort des uns aux autres qui nous a le plus tués quand on y pense vraiment. A un moment, il fallait raccrocher : laisser Redouane seul dans son hôtel. Le bonhomme n'est pas encore fixé sur son prix réel. Vaut-il beaucoup pour que la diplomatie algérienne fasse plus que son possible ? Ou ne vaut-il rien et donc un an de prison en Inde ? Chez nous en Algérie, Ghandi vaut beaucoup, mais que vaut un Algérien en Inde ?


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