Tout comme son prédécesseur à la tête du FLN, Amar Saadani est soupçonné par ses détracteurs de nourrir l'ambition jugée «sacrilège» par eux de postuler à la candidature pour la succession de Bouteflika au cas où ce dernier renoncerait à briguer un quatrième mandat. Vrai ou faux, le soupçon lui vaut une campagne de démolition encore plus féroce que celle dont Abdelaziz Belkhadem fut la cible. Il est vrai que son profil, l'indigence de sa culture politique, les douteuses accointances qu'il cultive et sa très contestable légitimité au poste de secrétaire général du FLN offrent matière à ses détracteurs d'user à son égard d'une verve destructrice. Les Algériens se délectent des attaques dont il est l'objet car le personnage ne leur inspire aucune sympathie et considèrent incongrue et blessante pour eux et pour la nation l'ambition présidentielle qui lui est prêtée. Cela dit, il nous paraît que l'extravagance d'une candidature possible de Saadani pour la magistrature suprême est telle que le « front du refus » qu'elle a suscité, n'inspire pas la confiance quant aux motivations de ses animateurs, qui est dans quel but leur a inspiré l'opération démolition anti-Saadani ? Bien entendu que la campagne contre Saadani est en rapport avec les manœuvres que suscite l'échéance de la présidentielle. Mais il nous semble qu'elle n'a pas été déclenchée pour faire échec à l'ambition personnelle qu'il couverait mais pour comme celle contre Abdelaziz Belkhadem en faire l'épouvantail sur qui focaliser l'attention de l'opinion publique et susciter en elle contre le « danger » Saadani l'acceptation d'un « plan B » l'excluant. Cela s'appelle la tactique du « Bourourou ». L'on peut dire ce que l'on veut sur la sagacité politique d'Amar Saadani, l'homme nous paraît néanmoins avoir délibérément accepté de jouer le rôle qui lui a été attribué. Il le joue sans complexe en restant imperturbable devant la férocité de ce qui se déverse sur lui. Car contrairement à ses détracteurs lui sait quel est l'objectif de sa mission. Celle-ci est de notre point de vue de rendre possible dans le cadre du « plan B » la candidature d'une personnalité du sérail sans attache organique avec le FLN. Cherchez dans la liste des candidats potentiels qui nous est récurremment égrenée celle qui est présentée comme n'ayant pas la fibre Flniste ni aujourd'hui ni hier. En la trouvant vous tomberez sur le probable «candidat du consensus» qui va être appelé à pallier l'absence éventuelle de Bouteflika dans la compétition électorale. En attendant, il faut occuper les Algériens dériver leur ressentiment sur une marionnette qui cessera de gesticuler aussitôt que les mains qui la manipulent laisseront tomber les fils. Ce fut le même sort qu'a subi Belkhadem dont presque personne ne croit maintenant qu'il a réellement ambitionné d'être «calife à la place du calife». Avec Belkhadem et Saadani qui se sont succédé à sa tête dans des conditions grand-guignolesques, le FLN a perdu tout crédit à présenter une candidature à la magistrature suprême. C'était le but ultime de leur catapultage cafouilleux à la tête de l'ex-parti unique.