La veille de l'ouverture des consultations autour de la nouvelle Constitution, le pouvoir a peu subtilement fait savoir que les partis et personnalités nationales ayant décliné son invitation à participer sont une minorité et sous-entendu ainsi que leur absence ne réduira nullement ces consultations à une concertation entre lui et des invités naviguant sur son orbite. S'il n'est pas faux que les partis et personnalités nationales invités ont dans leur majorité accepté de rencontrer Ahmed Ouyahia, il n'en demeure pas moins que la qualité de ceux qui ont décliné son invite a incontestablement contribué à augmenter le scepticisme sur la crédibilité des consultations entreprises. Ces partis et personnalités sont en effet des acteurs politiques dont le pouvoir ne peut cacher que l'absence a porté atteinte au côté consensuel dont il a voulu parer sa démarche. Bouteflika et Ouyahia s'attendaient sans aucun doute au refus des partis d'opposition qui ont non seulement pris position contre le quatrième mandat, mais pris aussi l'initiative de créer une coordination nationale pour les libertés et la transition démocratique qui s'est dotée d'un agenda politique dont l'objectif n'est ni plus ni moins que de faire partir le régime en place. Leur participation à des consultations organisées par ce régime aurait été reniement de cet objectif de leur part. Ils ont dû par contre déchanter à l'annonce de celui que leur ont opposé les personnalités nationales qui sont de hauts dignitaires ayant exercé les plus importantes responsabilités étatiques. Que le pouvoir le veuille ou non, leurs absences pèsent lourd et interpellent l'opinion sur les raisons qui les ont motivées. Ces personnalités s'appellent tout de même Mouloud Hamrouche, Khaled Nezzar, Sid Ahmed Ghozali, Ahmed Taleb Ibrahimi, Ali Benflis et Ahmed Benbitour. Plus personnalités nationales qu'elles pour meubler les rencontres des consultations, il est difficile au pouvoir d'en exhiber pour atténuer le vide créé par leur absence. Cela étant, quatre premières personnalités citées ont exprimé un refus qui n'éclaire pas sur leurs intentions. Ont-elles en effet décidé de se cantonner à ce refus que l'opinion interprète à tort ou à raison en tant qu'acte d'opposition au régime ou est-il l'annonce de leur ralliement à l'un des pôles de contestation active à celui-ci qui se sont constitués dans la foulée de la bataille électorale contre le quatrième mandat et son bénéficiaire ? Pour l'heure, elles se sont situées à équidistance du pouvoir et de ces pôles de contestation. Une posture dont les citoyens ont du mal à en décrypter la « pertinence » si elle en a. Pour beaucoup, elle équivaut de la part des personnalités l'ayant adoptée à un renoncement au rôle d'acteurs actifs et engagés dans la lutte engagée entre le pouvoir et l'opposition. Pour un certain nombre à un positionnement qui masque mal leur ambition de prétendre au statut de « recours national » dans le cas où se produirait une confrontation entre ce pouvoir et cette opposition qui ne pourrait être circonscrite que par l'appel à une personnalité ayant cette stature, ce qu'elles pensent toutes avoir. Mais à ne pas mettre la main dans le « cambouis » démonétise politiquement celui qui veut la « garder propre » alors qu'il proclame que le pays est en train d'aller dans le mur.