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Paris brûle-t-il ?
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 31 - 05 - 2015

La destruction des Bouddhas de Bamian, en Afghanistan, m'avait effaré. Nul ne venait plus y prier depuis des siècles dans cette région peuplée, essentiellement, d'une centaine de milliers de Hazara, descendants des Mogols, chiites de confession, hommes libres que l'on rencontre dans les sentiers de cette région portant souvent leurs armes en bandoulière.
Ces sculptures à même la roche avaient quelque chose de fascinant. Il n'y avait pas de mission que j'entreprenais dans la région sans m'y rendre pour les admirer du plus près que je pouvais. Ce que l'on sait moins c'est qu'il existe également des boyaux, le long des parois, et des marches pour atteindre le sommet. Pour admirer un paysage unique.
«Ces statuts ne faisaient de mal à personne». «Nous n'en garderons donc que les photos prises avant qu'un char ne tire des obus sur ces «divinités» que les plus âpres négociations des représentants des Nations Unies, dont M. Lakhdar Brahimi, n'ont pu sauver de la destruction» dit mon collègue. Tout a une fin. Mais ces témoins d'un autre temps, d'une glorieuse civilisation, ne méritaient pas celle-là.
Au cours de deux séjours en Irak j'ai également eu le bonheur d'admirer les sculptures de Mossoul qu'un sombre ignare, comme le montraient les télévisions du monde entier, s'acharnait à détruire avec sa massue. L'une des rares régions du pays où la sculpture sur pierre fut possible pour les anciens quand, plus au sud, en dehors de Babel, le sable ne pouvait qu'inspirer aux poètes les vers les plus beaux de la langue arabe. Les plus belles qassidates.
Ces ignares, terroristes de l'art et du genre humain ne valaient pas mieux que d'autres ignares, envahisseurs de surcroît qui, encore plus ignorants d'une civilisation millénaire, firent dérouler les chenilles de leurs chars sur d'autres lieux d'humanité, de civilisation et d'histoire universelle. Là encore, c'étaient des sites que l'humanité tentait de préserver. Leur mission, il est vrai, n'était pas si civilisationnelle, comme ils le prétendaient et qui les aurait cru ? encore moins libératrice. Ils foncèrent vers le ministre des pétroles sans faire le détour pour préserver le magnifique musée de Bagdad des pillards.
Comme pour nous rassurer, les créateurs de ces monstres ont diffusé une information qui n'en est pas une. Il ne s'agissait que de copies de sculptures, nous assurait-on, les originaux ayant été mis en lieux sûrs dans la capitale. Qui a pensé qu'ils disaient la vérité ? Nous n'en gardons donc que des photos et des films dans des albums, nomenclatures et apothèques, espérant qu'un jour les commerçants d'art «toujar al harb» se découvriront.
Des monstres.
Curieux cet acharnement des conquérants à détruire l'histoire des peuples. En Algérie comme en Egypte, en Mésopotamie et ailleurs. Les musées de Paris, de Londres gardent encore preuves à charge - les témoignages de cette volonté d'extraire d'une nation, d'un peuple, tout ce qui peut témoigner de son passé.
Que fait donc le cheveu du Prophète Mohammed (saws) conservé dans le musée de Topkapi à Istanbul ? Que font ses sandales et son sabre, les siens et ceux de Ali, dans le même carré sécurisé sinon comme preuve, une autre, d'une dépossession de l'histoire d'une partie de l'Arabie ?
Les pierres, les tableaux de maîtres ne se révoltent pas. Ils subissent. Et tant pis pour nous tous qui ne les protégeons pas, qui ne nous battons pas pour qu'ils ou qu'elles soient préservées ou rendues à leurs peuples d'origine pour leur apprendre ou plutôt leur rappeler ce qu'ils furent, contre ceux qui les entraînent dans l'absurdité de leur croyance actuelle, démoniaque. Leur rappeler qu'ils eurent le meilleur des Prophètes, que le sol de la Mésopotamie a été foulé par Hammourabi, que des savants, des poètes ont marqué leurs époques pour transmettre des messages. Aujourd'hui inaudibles.
Je pense à ces criminels qui envahissaient un peuple pour y instaurer la «démocratie» en piétinait son histoire. Comme je pense aussi à d'autres soldats qui refusèrent d'engager une destruction délibérée, comme le leur intimaient les ordres de leur hiérarchie. Pendant que Goëring amassait des œuvres d'art, il en fut qui eurent le front d'en appeler à leur raison, à leur éducation pour ne pas détruire les bâtiments historiques de Paris. Fût-il nazi, le général von Choltitz, le 23 août 1944, il désobéissait à Hitler qui lui ordonnait que «Paris (…) soit un champ de ruines». «Brennt Paris ?», «Paris brûle-t-il ?» lui demanda-t-il au téléphone pour confirmer l'exécution de son ordre.
Paris brûla d'un autre feu.
On pourrait pencher à croire que c'était aussi pour se prévaloir d'un refus d'obéissance à sa hiérarchie en pensant au moment où il devait rendre des comptes devant des juges qu'il n'imaginait pas organiser le procès de Nuremberg. Non. Il devait bien lui rester une goutte, une goutte seulement d'humanité qui l'empêcha de servir son Führer jusqu'à la mort, comme il en fit le serment.
Nous, nous sommes en paix. Armée. Contre nous-mêmes. Des amis ne ratent pas une occasion pour me faire parvenir des photos de nos sites archéologiques qui n'ont pas reçu depuis des lustres des experts pour les réhabiliter. Des fontaines romaines, ici et là, sans que personne ne leur accorde plus d'importance que leur fonction de laisser couler un maigre filet d'eau. Des routes du côté de Batna, Khenchela et des bains romains dont on ne sait quoi faire, le site de Sidi Okba (et la liste serait longue) me désespèrent.
J'ai récemment visité Tipaza où les ruines romaines sont entourées d'un enclos. Musée à ciel ouvert. Lui aussi sous la protection divine. Attendant qu'un ignare les déclare «taghout».


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