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Il n'est point de moisson sans culture !
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 17 - 08 - 2015

La culture est un antidote à la violence, car elle nous invite à la compréhension d'autrui et féconde la tolérance en nous incitant à partir à la rencontre d'autres imaginaires et d'autres cultures.
Dans un monde d'intolérance et de violence comme celui que nous vivons, elle est donc peut-être ce qui peut permettre de ne pas nous entre-tuer. Elle doit aider l'homme à dominer sa propre vie et n'est pas une réponse aux questions de l'homme. Elle est donc cet élément perpétuellement dérangeant qui le conduit à s'interroger sur lui-même, à rester constamment en éveil, à ne pas s'endormir dans les platitudes qui lui seraient imposées ou dans une vie végétative comme notre monde moderne peut en créer, à coup de conditionnements publicitaires et l'aliénation dans le travail.
La culture perfectionne l'intelligence, ou même par la culture, l'homme connaît quantité de notions exactes positives et des principes rationnels. Elle perfectionne la moralité en révélant à l'enfant de grandes vérités morales, elle rattache l'individu à la société en lui faisant connaître ce que les hommes ont découvert ou découvrent encore comme vérités, ce qu'ils produisent de beau et ce qu'ils tentent pour rendre le monde plus juste. Elle est un lien puissant.
Socialement, elle est certainement une nécessité d'un Etat moderne. Elle est la possibilité même de créer, de renouveler et de partager des valeurs, le souffle qui accroît la vitalité de l'humanité. Elle est l'un des leviers les plus importants à actionner pour réhabiliter et relancer l'économie tout en produisant du sens. Elle est salvatrice, parce qu'elle est irremplaçable pour ouvrir les esprits, les rendre plus tolérants et aussi les distraire. Elle est la force humaine qui découvre dans le monde les exigences d'un changement et lui en prendre conscience.
Par la culture se relier au monde
Indispensable au libre développement de la personnalité de chacun, la culture est un droit. Accéder au savoir, c'est découvrir le monde et par là, gagner une certaine liberté. Parce qu'elle apporte autonomie de pensée et d'action, la culture aide l'être humain à se construire une personnalité et à se relier à une communauté. Elle ouvre ainsi un chemin d'humanité qui dépasse tous les clivages et toutes les barrières.
Apprendre, un outil pour la vie
Période capitale, les premières années de la vie sont celles où l'enfant fait les apprentissages de base (comme l'acquisition d'un langage structuré qui détermine l'entrée dans le monde de l'écrit).
La connaissance donne confiance en soi ; les parents pauvres, qui espèrent pour leurs enfants de meilleures conditions de vie et l'accès au savoir qu'eux-mêmes n'ont jamais pu acquérir, en sont conscients.
Entravant la maîtrise, par l'adulte, de son rapport au monde, l'illettrisme empêche de bénéficier d'une formation générale et professionnelle, de trouver un travail stable et de construire une existence libre et active. En liaison avec l'école, soutenir l'accès des plus défavorisés au savoir (lecture, écriture, activités artistiques…) dès la petite enfance, est donc une priorité absolue.
Pour appartenir à la famille humaine
La culture, c'est ce qui relie les gens entre eux ; ça aide à changer la vie parce que ça donne la force de dépasser les difficultés. La culture prend ici un sens très large : c'est l'ensemble des moyens et outils permettant de comprendre la société et d'y jouer un rôle. Par l'expression artistique, cette compréhension et cette capacité d'agir peuvent réellement être partagées par tous. Les activités culturelles qui stimulent la créativité et donc l'autonomie sont un moyen de mettre en valeur et d'enrichir son propre savoir en le confrontant à celui des autres. S'insérer dans une communauté permet dans le même mouvement de se construire soi-même. La culture est un droit essentiel pour tous.
Bibliothèques de rue, bibliobus..
Ces actions culturelles consistent à introduire le livre et d'autres outils (notamment informatiques) d'accès au savoir auprès des enfants de milieux défavorisés et de leurs familles, se déroulant sur leurs lieux de vie ( dans des lieux isolés, à la campagne…). Ces activités répondent à la soif de savoir des enfants, cassent leur isolement et les réconcilient avec la joie d'apprendre.
Le beau, chemin vers soi
Comme la culture intellectuelle développe l'amour du Vrai et la culture morale celui du Bien, la culture esthétique développe l'amour du Beau.
Toute personne, surtout la plus meurtrie, a besoin de beauté, de poésie et d'expression créatrice autant que de pain et d'eau. Ouvrant les portes de l'imaginaire, l'art libère une énergie vitale et permet de réaliser ses potentialités. Dans l'expérience de la beauté et de l'art qui lui renvoie une image différente de celle où le quotidien l'a enfermé, l'être humain peut desserrer, l'espace d'un instant, l'étreinte étouffante de la misère. Relisant sa propre histoire, il peut l'intégrer dans celle d'une communauté et de l'humanité toute entière.
Le «Beau» est une expérience irremplaçable où chacun peut puiser des forces nouvelles. L'art, le théâtre, la musique, la peinture, peuvent atténuer la misère, car toute cette beauté nous donne une force incroyable pour nous battre.
La culture et l'Institution scolaire
Il convient que les enfants, élèvés au milieu des plus belles choses, comme dans un air pur et sain, en reçoivent sans cesse de salutaires impressions par l'œil et par l'oreille et que tout les porte insensiblement à imiter, à aimer le beau, à se mettre en accord avec lui.» Platon. Nos enseignants doivent méditer ce conseil. L'enfant est sensible aux formes, aux couleurs, aux sons et aux rythmes.
Le développement de la culture dans notre pays passe indéniablement et sans conteste par l'institution scolaire et ses annexes.
Actuellement, notre système éducatif est peu culturel. Il travaille trop le diplôme. Les enseignements dits «accessoires», chant, dessin, musique, travail manuel, théâtre… sont souvent négligés dans nos écoles. Les maîtres allèguent la surcharge des programmes et des classes ou leur manque de dons ou de formation.
En fait, derrière ces excuses se cache une désaffection à l'égard de ces enseignements considérés comme accessoires parce qu'on en ignore la valeur pratique et éducative et qu'on les prend pour de simples divertissements ou séances récréatives.
Nous ne prétendons pas faire de tous nos élèves des artistes, non plus que la morale ne prétend faire d'eux des héros ou des saints. Plus modestement, nous voulons les rendre capables de goûter et de juger, et s'ils en ressentent la nécessité de rechercher eux-mêmes les moyens qui leur permettront de s'exprimer pleinement.
L'éducation artistique est ainsi une préoccupation majeure de l'enseignement et doit s'intégrer dans une formation culturelle authentique.
La culture esthétique
Elle contribue au développement et à l'épanouissement d'une personnalité et, par suite, l'action éducative s'exerce surtout de la personne. Elle ne néglige certes pas les connaissances et la pratique de techniques, mais, par delà, elle vise à doter l'individu de nouveaux moyens de s'exprimer et de sentir. Elle veut développer la sensibilité et l'imaginaire de l'enfant autant que son intelligence. Il faut d'abord apprendre à l'enfant à sentir, plus exactement à organiser et hiérarchiser les sensations que lui procure le monde extérieur, puis à exprimer ce qu'il ressent et enfin à s'exprimer. Ainsi se dessine une pédagogie dont les étapes correspondent aux phases de l'action qu'exerce la beauté ( sous quelque forme que se soit) sur la sensibilité humaine. La culture esthétique a un rôle dans la formation du sens moral. De quoi est-il fait ? Il est d'abord goût de l'ordre, de la mesure, de l'harmonie. Il est ensuite sentiment de la grandeur, admiration. Il est encore désintéressement, projection du moi dans l'objet, oubli de soi. Il est enfin communion, non seulement avec le créateur de l'œuvre d'art, mais avec tous ceux qui l'admirent. Si l'on en juge par ses effets, on peut dire qu'il est à la fois apaisant, idéalisation, impersonnalité et socialisation.
On retrouve exactement les mêmes éléments dans l'amour du Bien. Celui-ci est également goût de l'ordre par l'obéissance à la règle, sentiment de la grandeur d'un idéal transcendant, désintéressement par projection du moi dans l'autre ou altruisme et communion des consciences sur le plan supérieur des valeurs. Cette analogie a conduit bien des penseurs, pour vivre moralement est en somme vivre en beauté, à souhaiter que la formation du sens moral prenne appui, dès l'école primaire, sur celle du sens esthétique.
Pour conclure, c'est une erreur que celle d'une pédagogie toute intellectualiste qui, trop exclusivement préoccupée de l'acquisition du savoir et la culture de l'esprit, néglige l'éducation de la sensibilité. Il faut donner une résonance culturelle à l'ensemble des disciplines, de façon que l'école soit un miroir, une expression de la vie non pas un éparpillement d'abstractions où la vie ne passe plus. Il faut qu'à l'intérieur des établissements scolaires, les maîtres soient des agents d'ouverture et qu'à l'extérieur, les responsables de toutes les sources de la culture soient des guides en même temps que des éveilleurs.
Constantine, capitale 2015 de la culture arabe
C'est en grande fanfare que nous avons assisté à l'ouverture de cette manifestation tant attendue et pour laquelle toute la ville a pu bénéficier d'une attention particulière.
Certes, l'ouverture était grandiose ainsi que la soirée dédiée à la regrettée «Ouarda». Puis peu à peu toute la ferveur du Ramadhan s'est éteinte pour laisser place à la morosité du quotidien.
Qu'en est-il des tables rondes, expositions, journées culturelles nationales, arabes et étrangères, concerts de musique, colloques et congrès programmés… ? La ville retombe dans sa somnolence culturelle habituelle qui lui colle depuis belle lurette. «Je condamne sans cesse ceux qui ne parlent que de revendications économiques sans jamais parler de revendications culturelles. Que tous les hommes mangent est une bonne chose, mais il faut que tous accèdent au savoir, qu'ils profitent de tous les fruits de l'esprit humain car le contraire reviendrait à les transformer en machines, en esclaves d'une terrible organisation de la société». Fédérico Garcia (1899-1936 ), poète espagnol.
Côté infrastructure, Constantine a bénéficié d'une salle de spectacles grandiose et à qui on a attribué le nom d'un de ses derniers beys «Salah Bey». Ses maisons de la culture ont été rénovées. Un musée et une bibliothèque sont encore en construction.
Elle compte aussi un théâtre de verdure qui «végète». Des salles de cinéma et la belle piscine de Sidi M'cid aux trois bassins, située sur un site pittoresque magnifique, sont toujours fermées depuis des décennies. Nos enfants n'ont jamais connu de salle de cinéma pour apprécier un beau film sur un écran géant. Ils en entendent parler, mais dans leur imaginaire ils en rêvent.
Et cette piscine mythique, ils n'en profitent pas comme en ont profité leurs parents et leurs aïeux.
La ville comptait plusieurs librairies, bien achalandées, ces cavernes d'Ali Baba où l'on pouvait dénicher des livres pour tous les goûts et pour toutes les bourses. Aujourd'hui, on peut les compter sur le bout des doigts.
Les jeunes, sans occupation, traînent dans les rues, rasent les murs à la recherche d'un coin d'ombre par ces fortes chaleurs. Ils sont oisifs. Certains d'entre eux peuplent les marchés pour gagner quelques dinars. Point de loisirs ! Point de détente !
En outre, le plus désolant, Constantine sombre de jour en jour dans un manque d'hygiène flagrant, jusque-là jamais vu.
Depuis des dizaines de jours les Constantinois constatent avec consternation l'état de dégradation avancé de certains quartiers comme Bab-El-Kantara, chemin des dames, cité Loucif, l'Emir Abdelkader, Oued El Had, Ben Chergui… avec la prolifération d'amoncellements d'ordures ménagères ( nids de bactéries, moisissures, microbes et virus), des détritus à gogo ! (incivisme des gens). Leur ramassage ne se fait pas régulièrement. Certains agents communaux de balayage sont aux abonnés absents. Comment voulez-vous inculquer les règles de propreté et d'hygiène à nos enfants qui, habitués à ces immondices et leurs effluves nauséabondes, s'en accommodent naturellement ?
Cirta, et ses surnoms prestigieux : le nid d'aigle, la citadelle imprenable, Belad-El-Ilm, Belad-El-Hawa, la ville des ponts qui sont des symboles de liens de fraternité, d'amitié, de solidarité, ne mérite pas cette image dégradante !


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