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Union pour la Méditerranée : le «machin» est toujours vivant ?
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 24 - 12 - 2015


Surprise !
Le 18 décembre 2015, l'Assemblée générale des Nations Unies a octroyé à l'Union pour la Méditerranée (UpM) le statut d'observateur à l'ONU !
L'initiative en revient au Royaume de Jordanie, qui partage la co-présidence de l'UpM avec l'Union européenne. Et le projet a reçu le vif soutien des 28 pays européens et des 15 autres états membres du sud de la Méditerranée.
Non défini officiellement, ce statut permet à ses détenteurs de signer plusieurs textes onusiens et de saisir des institutions comme la Cour pénale internationale. «Entité observatrice» depuis 1974, l'Autorité palestinienne est ainsi devenue «Etat observateur non membre» de l'Organisation des Nations unies (ONU). Selon l'ONU, «ce statut relève de l'usage, car aucune disposition de la Charte des Nations unies n'en fait état». L'Autorité palestinienne a fait de ce fait officiellement partie des «entités auxquelles a été adressée une invitation permanente à participer en qualité d'observateur aux sessions et aux travaux de l'Assemblée générale et ayant un bureau permanent au siège de l'ONU». Les observateurs permanents de l'ONU ont «le droit d'assister à la plupart des réunions et d'en consulter la documentation».
L'obtention de ce statut permet, dès l'adhésion, d'avoir un pouvoir de saisine de plusieurs institutions internationales comme la Cour internationale de justice (CIJ) mais surtout la Cour pénale internationale (CPI), à La Haye, organisme compétent pour juger des individus auteurs présumés de génocides, de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre.
Fin novembre, l'UpM fêtait le 20ème anniversaire du « Processus de Barcelone », à l'origine de l'institution actuelle. Le 25 et 26 novembre dernier, les 43 pays membres de l'Union pour la Méditerranée, réunis à Barcelone, se sont notamment inquiétés de la crise syrienne : Ils ont établi la « nécessité de résoudre la crise en Syrie avant de pouvoir véritablement éradiquer le terrorisme et faire face efficacement à l'afflux des réfugiés et des migrants en Méditerranée ». C'est ce qui ressortait de la déclaration de Federica Mogherini, chef de la diplomatie de l'Union européenne et co-présidente de la rencontre avec le ministre jordanien des Affaires étrangères Nacer Judeh, qui a mis l'accent sur cette approche, ajoutant que la «résolution de la crise syrienne peut se faire dans le cadre des négociations de Vienne», rapportait Chaabane Bensaci, du quotidien L'Expression.
Même Nicolas Sarkozy, en voyage en Tunisie en juillet dernier, a semblé vouloir appeler de ses vœux un nouvel essor de l'institution qu'il avait largement contribuer à initier et qui rassemble depuis 2008, les états de l'Union européenne et les pays riverains du sud de la Méditerranée. À l'époque, presque tous les chefs des états concernés s'étaient rassemblés à Paris pour célébrer ce nouvel espace de dialogue. Espace devenu bien silencieux depuis. A Tunis, l'ancien président français a tenté de ressusciter l'Union pour la Méditerranée en vantant son rôle éventuel dans la résolution des nombreux conflits ou difficultés que connaissent l'ensemble de ses états-membres. Il dissertât à cette occasion sur la géopolitique du Maghreb, et notamment sur l'Algérie : «L'Algérie, qu'en sera-t-il de son avenir ? De son développement, de sa situation, c'est un sujet qui, me semble-t-il, doit être traité dans le cadre de l'Union pour la Méditerranée », a-t-il cité en exemple. Insistant sur l'intérêt «plus que jamais nécessaire de l'UpM », l'ex chef d'état a souligné qu'il y a « un lien entre la situation de la Méditerranée du Nord et celle de la Méditerranée du Sud. C'est l'alliance des pays du Nord et du Sud qui permettront de récréer les conditions du développement ».
Le Processus de Barcelone
Le « Machin » existe-t-il donc toujours ? L'idée initiale était très séduisante : réunir dans un même organisme tous les pays de la Méditerranée qui depuis des siècles ont partagé cultures et échanges économiques, migrations de populations mais aussi conflits multiples ? Créer une organisation régionale capable de concevoir et de réaliser des projets communs ? Riche initiative ! On la croyait pourtant balayée par les multiples crises qui ont secoué la « Mer commune ». La guerre de Gaza en décembre 2008 avait sérieusement ébréché le projet. La chute du raïs égyptien et co-président de l'UPM, Hosni Moubarak, a terminé de fragiliser l'édifice en 2011.Nicolas Sarkozy lui-même, parrain de l'institution, n'en parlait plus. Il est vrai que l'UpM avait été crée pour conforter le Processus de Barcelone qui n'avait déjà que peu marché. Fondée le 13 juillet 2008, dans le cadre alors d'une présidence française de l'Union européenne, l'UpM était en effet destinée à donner un nouveau souffle au Processus de Barcelone, partenariat liant l'Europe aux pays riverains de la Méditerranée.
Lancé, à l'initiative de Jacques Chirac, à la suite de la déclaration de Barcelone, adoptée lors de la conférence ministérielle euro-méditerranéenne qui s'est tenue du 27 au 28 novembre 1995, le « processus de Barcelone », nous rappelle Wikipedia, établissait un partenariat euro-méditerranéen dans les domaines de la sécurité, du développement et de la culture entre l'Union européenne et dix autres Etats riverains de la mer Méditerranée: l'Algérie, l'Egypte, Israël, la Jordanie, le Liban, le Maroc, la Syrie, la Tunisie, la Turquie et l'Autorité palestinienne ; la Libye et l'Irak avaient eux, le statut d'observateurs. L'UpM, dont le siège est à Barcelone, élargit le noyau initial et rassemble des Etats riverains de la mer Méditerranée et l'ensemble des Etats membres de l'Union européenne. Elle compte ainsi 43 adhérents : aux 28 membres de l'Union européenne et aux autres pays arabes initiaux, et avec Israël, s'ajoutent alors la Mauritanie, l'Albanie, la Bosnie-Herzégovine, le Monténégro et Monaco ! La principauté manquait beaucoup… Officiellement, le Secrétariat de l'UpM vise à renforcer la coopération et le partenariat au niveau régional entre les deux rives de la Méditerranée, à travers « la mise en œuvre de projets concrets dans six domaines prioritaires: la dépollution de la Méditerranée, les autoroutes de la mer et les autoroutes terrestres, la protection civile, les énergies renouvelables, l'enseignement supérieur et la recherche, et l'initiative méditerranéenne de développement des entreprises ».
Une Union très désunie
Mais le projet euro-méditerranéen s'est violemment heurté à deux gros obstacles : d'une part, les européens ont manifesté d'emblée de fortes dissensions à son égard ; d'autre part, les Printemps arabes qui chronologiquement ont accompagné sa naissance, ont vu leurs espoirs se briser sur des durcissements étatiques et une conflictualité croissante à l'est et au sud de la Méditerranée.
Colère allemande : dans son discours de Tanger, le 23 octobre 2007, Nicolas Sarkozy invitait tous les dirigeants des seuls pays riverains de la Méditerranée à participer « sur un pied d'égalité » au sommet constitutif de l'UpM, à Paris en juin 2008. En plus clair : que les riches pays du nord de l'Europe ne se mêlent pas trop de cette affaire.
Sarkozy ennuyé du poids grandissant de Berlin, notamment sur tous les nouveaux pays de l'est adhérents à l'UE, souhaitait-il contrebalancer l'influence diplomatique allemande ? Le Monde rapporte en tous cas au lendemain du discours de Tanger le scepticisme ambiant des capitales européennes face à un projet français jugé « peu clair ».
La Commission européenne et le Parlement européen sont très irrités par ce projet français qui consacre l'échec du processus de Barcelone et qui marginalise les institutions européennes incapables de donner une impulsion crédible.
Les 13 et 14 mars 2008, Nicolas Sarkozy défend son projet au Conseil des chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE. Il tente ainsi de faire accepter son projet en le présentant à ses partenaires européens comme le double méridional du « Conseil des Etats de la mer Baltique », dont seuls les pays riverains peuvent être membres à part entière, les autres Etats européens ayant le statut d'observateur. La chancelière allemande Angela Merkel refuse tout net cette idée et exige que l'ensemble des Etats membres de l'UE soient membres à part entière de l'Union méditerranéenne, et que la Commission européenne soit au cœur du dispositif.
Le projet français est alors révisé sous la pression allemande ; l'Union méditerranéenne devient alors officiellement « Processus de Barcelone : Union pour la Méditerranée ».
Les médias français décrivent cette révision du projet comme l'échec de la diplomatie sarkozyste vis-à-vis de l'Allemagne : l'UM est une « affaire mal ficelée, mal préparée, mal vendue » pour Jean Quatremer sur son blog.Le Monde parle lui de la « fermeté inédite de Mme Merkel ».
Au sud et à l'est de la Méditerranée, les interventions occidentales en Irak, en Libye, en Syrie aujourd'hui, l'échec des printemps arabes, la chute des principaux dirigeants signataires de l'UpM (Ben Ali, Moubarak, Kadhafi…), les tensions entre le sunnisme et le schisme, le développement du terrorisme et des guerres civiles, l'afflux massif des réfugiés (1 million en Europe depuis janvier 2015) et enfin l'intransigeance d'Israël a trouver une solution pour la Palestine doublée de l'intervention militaire sur Gaza, ont plus que souligné les difficulté du dialogue euro-méditerranéen et l'impuissance diplomatique de l'institution « Union pour la Méditerranée ».
« L'unique enceinte de coopération méditerranéenne »
L'UpM est elle définitivement inutile et hors d'usage ? L'histoire de la diplomatie internationale montre à l'envi que souvent des circonstances inattendues sont bien supérieures aux grands calculs stratégiques.
Une nouvelle instance, le dialogue 5+5 crée en 1990 rassemble la France, l'Italie, l'Espagne, le Portugal et Malte ; au Sud : la Tunisie, la Libye, le Maroc, l'Algérie, la Mauritanie. Elle s'est réunie à Tanger les 6 et 7 octobre dernier. Les ministres des affaires étrangères y ont déclaré de façon commune : » Les ministres saluent le rôle moteur de l'Union pour la Méditerranée (UpM), unique enceinte de coopération rassemblant l'ensemble des pays méditerranéens, en tant que plateforme de dialogue et de partenariat, qui, sous l'impulsion de son Secrétaire général [l'ambassadeur marocain Fathallah Sijilmassi,], a su devenir une véritable « agence de projets » dont le but est de favoriser le potentiel d'intégration régionale et la cohésion des pays euro-méditerranéens «. Le rôle du Secrétaire général Fathallah Sijilmassi sort de cette réunion sérieusement renforcé : « il dispose d'environ deux ans et demi pour consolider et approfondir l'action de l'institution, pour faire la preuve irréversible de son utilité fondamentale au renouveau d'une coopération multiforme et d'égal à égal entre les deux rives de la Méditerranée. On serait alors en 2018, l'UpM revigorée fêterait ses dix ans... » conclut Alfred Mignot, de La Tribune. La question des réfugiés qui traversent la Méditerranée devrait être le dossier le plus urgent. Même si les conflits actuels du Proche-Orient et du Sahel sont la principale cause des mouvements de population, la misère croissante du sud méditerranéen est un facteur décisif des deux phénomènes. Un plan « Marshall » d'initiative européenne dynamique et surtout égalitaire ne serait-il pas bénéfique aux deux rives ? Mais il faudrait concéder à l'UpM des crédits infiniment supérieurs à sa trésorerie actuelle… Enfin, puisqu'Israël est l'un de ses membres, l'UpM ne pourrait elle pas prendre sur la question palestinienne une initiative aussi amitieuse que courageuse et le proposer à l'ONU ? Allons, même si c'est Noël, ne rêvons pas…


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