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«Boun année»
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 05 - 01 - 2017

Qu'ils étaient magiques les petits ‘bonne année' qu'on s'envoyait dans notre adolescence tant ils étaient pour nous de simples cartes postales désintéressées et dépourvues de préjugés et autre idéologie. Seulement, depuis, l'innocence s'en est allée aux dires des adultes ; les prosélytes s'en vont en guerre contre ceux qui ritualisent cet événement comme gage de modernité et le commun des mortels n'est pas en reste.
Au trente et unième jour du dernier mois de l'an du calendrier grégorien, en Algérie comme presque partout ailleurs, des feux de joie sont allumés pour accompagner Le passage de témoin entre l'an naissant et celui écoulé. Les grands établissements hôteliers affichent complet malgré les prix exorbitants que les réductions circonstancielles ne peuvent pas atténuer, et les agences de tourismes sont prises d'assauts pour une virée au sud. Les buches et les gâteaux défilent des pâtisseries qui font leur beurre sans trop forcer sur le beurre pour concocter lesdits gâteaux qui sont sûrs de trouver preneur.
Les poulets ont la côte même auprès des bouchers qui mélangent l'espace de quelques jours viande blanche et viande rouge sur la devanture de leur boutique. L'alcool coule à flots, restaurants et bars multiplient leur bénéficies, les routes sont jonchées de vomissures et d'une plus grande quantité de cannettes et de bouteilles que ce que reçoivent leurs bas-côtés d'habitude.
Les journaux télévisés de toutes les chaines télé se mettent de la partie et accordent la primauté au nouvel an en tablant sur les achats des gens, et les différentes manières de célébrer l'événement. Les feux d'artifice éclairent nos écrans et on a même droit à des images venues des quatre coins du monde nous montrant comment nos congénères ont vécu le moment.
Le pape Grégoire XIII n'avait sans doute jamais imaginé que le calendrier Julien qu'il avait modifié en 1582 allait connaitre la fortune qui est la sienne maintenant et devenir le calendrier global à l'instar de la devise globale, le dollar, la langue globale, l'anglais, la religion globale, le consumérisme, etc. C'est compter sans le paradigme occidental dans lequel on baigne depuis que Christophe Colombes foula la terre des Amériques en 1492 alors qu'il croyait avoir atteint l'Inde, mais aussi et surtout depuis le départ forcé et massif des musulmans de l'Andalousie en 1495, après 8 siècles de présence vaine en terre ibérique. C'est que le calendrier grégorien est bel et bien un calendrier chrétien, un calendrier pas tout à fait laïque même si les références classiques avant J.-C. et A.D (après Jésus-Christ) sont rarement de mise. On est en 2017 et seule cette date a droit de cité même si l'année hégire nous interpelle à la mosquée ou encore lors des fêtes religieuses. On est au vingtième et unième siècle et non point au trentième ou encore au quinzième. Le siècle amazigh est exotique et périphérique comme tant d'autres calendriers tandis que l'hégire relève du spirituel qu'il ne faut surtout pas mêler au temporel. Ceci n'est pas une vérité, c'est un fait.
On est accessoirement amazighe le 12 du premier mois du nouvel an de grâce en fêtant folkloriquement Yennayer, et on est excessivement pieux le vendredi, le jour de l'aïd, pendant le ramadhan et que cela soit ainsi, amen ! Le musulman algérien qui vit et respire sa religion doit se sentir comme emprisonné par ce calendrier judéo-chrétien qui est omniprésent quand bien même feu Houari Boumediene remplaça le samedi et le dimanche par le jeudi et le vendredi. Il avait d'une certaine manière dénié au weekend universel son universalité, concept que les penseurs orientaux et occidentaux les plus iconoclastes n'ont pas réussi à déconstruire. L'Orientalisme cher à Edward Said fait figure de l'autre son de cloche qui harmonise davantage la conception dominante et/ou le Zeitgeist qui ne fait vraiment pas grand cas du vendredi sauf quand il coïncide avec le 13 du mois. Est-ce par coïncidence que l'attentat le plus meurtrier qu'ait connu la France depuis la Deuxième Guerre mondiale se déroula le vendredi 13 novembre 2015? C'était en tout cas un épisode fort de la guerre de religions qui est une autre lubie du courant idéologique majeur en occident. Le vendredi est jour de fête en islam, mais parce que le vendredi nous revenait trop cher avec l'ordre économico-politique occidental, on a dut couper la poire en deux et remplacer le jeudi par le samedi sans pour autant amoindrir le coût de notre weekend. De facto et de jure, l'universel se conjugue avec l'occidental, la norme, le présent et le passé aussi et cela nous ne cessons pas de l'apprendre à nos dépens à chaque pas de l'histoire humaine.
L'histoire de l'humanité justement s'énonce en année de l'ère chrétienne puisque le calendrier julien fut réformé une première fois au Moyen Âge quand l'Eglise fit remonter le début dudit calendrier à la naissance du Christ, soit 46 ans de moins que ce qu'avait prévu Jules César. Il est en effet inimaginable d'envisager une autre date que 3000 avant J.-C. pour l'invention de l'écriture, 776 avant J.-C. pour les olympiades à Olympie, 753 av. J.C. pour la fondation de Rome, 622 A.D. début de l'hégire, 1455 A.D. la Bible est le premier livre à bénéficier de la découverte de Gutenberg, 1789 la Révolution française, 1830 la conquête de notre pays par la France, 1945 pour la fin de la Deuxième Guerre mondiale, 1954 le déclenchement de la révolution algérienne, 1962 l'indépendance, l'apocalypse pour 2012, le big bug (affolement général des systèmes informatiques) pour 2000, etc. Les 1ER mai, 8mars, les jours de l'arbre, de la terre, du SIDA, etc., se conjuguent en année grégorienne/chrétienne et personne ne peut concevoir une date historique ou un jour mémorable en dehors de la pensée occidentale. Parmi les douze mois, juillet est celui qui est le plus coté ; le 4 est la fête de l'indépendance de l'Amérique, le 14 est l'anniversaire de Révolution française et entre les deux s'est glissé notre 5 juillet. Notre plus beau lot dans le calendrier du pape est novembre dont le premier jour constitue notre fierté et notre histoire. C'est assurément le jour qui a fait tressaillir le plus la puissance coloniale même s'il correspond à la Toussaint qui honorent tous les saints de la religion catholique et que les Didouche Mourad, Krim Belkacem, Boudiaf et tous les autres héros algériens ont marquée à jamais en 1954.
Dire que les français eux-mêmes - ceux de 1789 - avaient tenté de substituer le calendrier républicain et/ou révolutionnaire au calendrier grégorien. Les mois et les jours furent changés et la tâche de conception des noms fut confiée au poète Fabre d'Eglantine assisté par André Thouin, le jardinier du Jardin des plantes du Muséum national d'histoire naturelle. Le calendrier républicain et le nouvel an commencèrent le jour de la proclamation de la république correspondant au jour de l'équinoxe d'automne, correspondant lui aussi au 1er vendémiaire alias 22 septembre 1792. Nivôse prit la place de décembre, vendémiaire celle de septembre et les autres mois républicains répondaient aux noms de frimaire, pluviôse, ventôse, germinal, floréal, prairial, messidor, thermidor, fructidor et le fameux brumaire.
Les samedi, dimanche, lundi, mardi, mercredi, jeudi et vendredi firent place aux primidi, duodi, tridi, quartidi, quintidi, sextidi, septidi, octidi, nonidi et décadi. Les saint-Valentin, Saint-Frédéric, la Toussaint furent remplacés par des noms de plantes, de fruits et légumes. Les mois et les jours furent ainsi désignés en fonction de facteurs climatiques, agraires et en relation avec les saisons à l'instar du calendrier amazigh que nous avons également folklorisé et qui ne sert plus que d'almanach dont on se sert plus pour orner le mur du salon que pour se situer dans le temps.
Nos saisons sont désormais repérées au calendrier solaire ; l'hiver commence le 21 du mois de décembre même si le froid et les pluies attestent que l'hiver amazigh était là depuis longtemps. Les équinoxes ont pour nom le 21 décembre et le 21 juin. Si d'aventure, un vieux paysan comme il n'en existe pas beaucoup se laisse à mentionner imellalen, amerdil ahaggan, iberkanen, etc., qui renvoient à une série de jours qui se distinguent les uns des autres par le froid, et l'obscurité qui prévalent, on montre une moue dubitative comme s'il s'agissait de noms de l'ancien grec. Nos anniversaires sont bien entendu célébrés en année grégorienne et tant pis pour ceux qui sont nés le 29 février qui manque à l'appel une année sur quatre. Notre âge est calculé à l'année solaire et on est nommé et dégommé de la sorte. Même nos pierres tombales portent les mêmes dates que celles qu'on retrouve en France, en Angleterre, aux USA, etc.
Malgré ses trois millénaires, le calendrier agraire d'Afrique du Nord est dit être une survivance du calendrier julien quoique les noms des mois Yennayer (janvier), Furar (février), Ibrir (Avril), etc. attestent une proximité certaine entre les deux calendriers.
La paronymie est significative à plus d'un titre et nous assène que notre acculturation ne date pas d'hier. Comme quoi l'occidentalisation a commencé avec la fondation de Rome sinon avec la fondation de la cité d'Athènes. Par ailleurs, la civilisation occidentale revendique son appartenance à la civilisation gréco-romaine et les langues anglaise et française témoignent si besoin de cet atavisme. Et la langue de cet article atteste de cette vassalité dont on a du mal à se départir. Enfin, malgré toutes les vertus du calendrier grégorien ou à cause de lui justement, le temps passe affreusement vite, les mois coulent comme des semaines, les semaines ressemblent à des jours, les jours équivalent aux heures et plutôt que dire hier on est tenté de dire tout à l'heure tant le temps n'a plus de baraka. A peine marche-t-on à quatre pattes que l'on se retrouve à marcher à trois pattes et c'est la fin d'une vie grégorienne.
Enfin, boun année quand même!


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