Les divergences des membres du Conseil de sécurité de l'ONU, à propos de la désignation de Ramthane Lamamara, en tant que représentant spécial pour la Libye, est un indice fort d'un après-pandémie où le monde reprendra sa maltraitance de la planète et ses guerres à partir de la date où il s'était confiné. Qu'il soit américain, russe, français ou britannique, le veto brandi au sein du Conseil de sécurité contre la nomination du diplomate algérien Ramthane Lamamra, en tant que représentant spécial du Secrétaire général des Nations-Unies pour la Libye, ne cache pas les velléités des puissants de ce monde de reprendre leurs batailles hégémonistes partout où ils les ont lancées avant l'apparition du «COVID-19». Bien qu'il n'est pas permis de penser que les agendas géostratégiques soient suspendus durant cette pénible situation sanitaire mondiale, la déclaration du diplomate algérien vient rappeler leur existence à ceux qui pensent que le monde va changer. «Le Secrétaire général des Nations Unies, M. Guterres, a pris l'initiative, le 7 mars 2020, de me proposer personnellement le poste de Représentant spécial et chef de la Mission d'appui des Nations Unies en Libye. J'ai donné mon accord de principe dans un esprit d'engagement en faveur du peuple libyen frère ainsi qu'envers les organisations universelles et régionales concernées par la résolution de la crise libyenne», a déclaré, jeudi dernier, l'ancien ministre algérien des Affaires étrangères à la presse. Lamamra a précisé notamment que «les consultations d'usage auxquelles procède M. Guterres depuis lors ne semblent pas susceptibles d'aboutir à l'unanimité du Conseil de sécurité et d'autres acteurs qui est indispensable à l'accomplissement de la mission de paix et de réconciliation nationale en Libye». Ce diplomate racé qui a fait ses preuves en Afrique et ailleurs a noté, en conclusion, que: «je ne manquerai pas d'assurer M. Guterres de mes vœux de plein succès de l'œuvre de paix que la Communauté internationale se doit de promouvoir et de réaliser en Libye». «L'indispensable unanimité» pour la paix en Libye Ramthane Lamamara devait remplacer le Franco-Libanais Ghassan Salamé qui avait démissionné de ce poste, le 2 mars dernier, las de voir les acteurs internationaux - dont certains bien en vue sont membres du Conseil de sécurité de l'ONU - de miner le processus de paix et de réconciliation nationale et d'entretenir, avec tous les moyens, des guerres féroces entre les belligérants libyens. Après avoir bataillé pendant près de deux ans, en faveur du retour de la paix en Libye, Salamé a bien vu que les interférences des puissants de ce monde, dans ce conflit, sapent tout effort dans ce sens. L'ONU en était à son 6ème représentant en Libye qui quittait le champ de bataille sans pouvoir faire taire les armes. Le rejet de ces Etats du choix de Lamamra était une évidence, dès lors qu'on sait qu'il a été l'un des architectes de la position de l'Algérie durant la période où il était son ministre des Affaires étrangères. Position par laquelle Alger a toujours appelé au dialogue inclusif de tous les Libyens, loin des ingérences étrangères. Il l'a bien affirmé lorsqu'il a précisé dans son message qu'il avait donné son accord de principe « dans un esprit d'engagement en faveur du peuple libyen frère (...) Il a d'ailleurs, évoqué en même temps cette « unanimité du Conseil de sécurité et d'autres acteurs qui est indispensable à l'accomplissement de la mission de paix et de réconciliation nationale en Libye ». Des écrits dans la presse américaine ont affirmé que ce sont les Etats-Unis et certains pays du Golfe qui ont refusé la candidature de Lamamra. Ces pays et d'autres qui ont toujours interféré dans le conflit libyen n'ont jamais baissé les bras pour déstabiliser une région où leurs intérêts s'entrechoquent. Même en ces temps de pandémie, la Libye n'a jamais échappé à la guerre. De sanglants affrontements opposent, depuis la propagation du nouveau cornavirus dans le monde, les troupes du Gouvernement National Libyen que préside Fayez Essaradj et celles du maréchal Khalifa Haftar. Ce qui prouve que leurs pourvoyeurs étrangers en logistique guerrière n'ont pas changé d'optique. Le monde ne sera pas spirituel Occupés aujourd'hui par la lutte et la prévention contre la pandémie, les intervenants en Libye, en Syrie, en Irak, en Palestine, au Yémen sont disposés à repenser leurs sales besognes pour continuer à fragiliser davantage de nombreuses régions et pourquoi pas (re) convoquer les contestations contre certains régimes du Sud qui ne les agréent pas. En pleine guerre sanitaire, Donald Trump ne s'est pas empêché de geler ses cotisations au profit de l'OMS, sous prétexte qu'elle a pris le parti de la Chine. Les Etats-Unis et Israël se sont bien entendus pour quitter l'Unesco, en décembre 2018, laissant derrière eux une ardoise bien lourde de leurs cotisations qu'ils n'avaient pas payé, depuis 2011. Les institutions leur importent peu tant ils savent qu'ils peuvent forcer la main à tous ceux qui contrecarrent leurs effroyables desseins. Ils penseront, peut-être, à empêcher le Secrétaire général de l'ONU à briguer un 2ème mandat parce qu'il aura entre autres défendu l'Organisation Mondiale de la Santé. Ceux qui pensent que la spiritualité régnera à travers le monde après la fin de la pandémie et atténuera fortement de la matérialité qui l'a déshumanisée et l'a rendue féroce, doivent désenchanter en remarquant que le président américain a décidé de geler le travail du Congrès pour qu'il puisse appliquer toutes les mesures politiques, économiques et sociales qu'il jugera nécessaire pour stopper la récession de son pays. Face à la mort, il a continué à jouer au va-t-en-guerre en refusant de lever les sanctions sur l'Iran et le Venezuela. Il soutient toujours Israël dans sa politique expansionniste en Palestine occupée. Fortement soutenu par les lobbys sionistes, Trump semble prêt à aller jusqu'au bout de sa folie furieuse pour se faire réélire en novembre prochain.