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«Du savoir et de la résistance anticoloniale» (1ère partie)
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 16 - 02 - 2021

Jamais une ville n'a été aussi admirée par son panorama et ses ponts qui lui donnent cette impression d'une citadelle imprenable. Cette cité qui a marqué de nombreux hommes de lettres, de peintres et de résistants, n'était-elle pas la capitale
de la Numidie du temps de Massinissa et de Syphax ?
Ces deux aguellids qui ont été à la fois témoins et acteurs des guerres puniques durant un siècle où se sont affrontées les deux puissances de la Méditerranée Rome et Carthage, Constantine est demeurée l'une des plus anciennes cité du monde où les rois numides étaient consultés dans le jeu d'alliances traduisant l'approche géopolitique de leur temps.
DES GROTTES DU MOUFLON AUX MARMITES DE GEANT
Le site du musée en plein Coudiat Atti, que ce monument domine la ville de Constantine, constitue la matrice de son histoire à travers les âges. ̈Point n'est besoin de rappeler les périodes protohistoriques, préhistoriques de l'Antique Cirta, ville combien de fois millénaire de grandes civilisations. Avec notre ville, c'est comme une histoire d'amour. On l'a aimée et on continue de l'aimer. Ce n'est nullement du chauvinisme mais une sorte de nostalgie immuable. De l'école Daoudi Slimane alias Hamlaoui (ex-Julien Puyade qui a pris le nom du Fidai Hamlaoui), nous apercevons la beauté et la fascination de cette citadelle imprenable qui a résisté à tous les envahisseurs. Dans le cœur d'enfant que nous avons été, notre regard aujourd'hui continue de scruter le panorama de cette ville aérienne qui a tant inspiré écrivains et peintres. Le Rhumel comme un serpent s'enroule tout autour pour la protéger. Certains le décrivent comme l'image d'un burnous qui l'enlace. A travers son antique Rocher, on observe des cavernes ou grottes façonnées par les vents et l'érosion, créant ainsi des « marmites de géants » sorte de grandes alvéoles où comme du temps des troglodytes, les gens venaient méditer.
CONSTANTINE PAREE D'UN DIADEME DE PRINCESSE
Dans l'imaginaire des enfants que nous fûmes, une multitude de souvenirs viennent réveiller en nous pour nous rappeler son habit brodé d'or et sur sa tête son diadème de princesse immortelle, gravé à jamais dans notre mémoire comme un beau tableau qu'avaient dessiné ces peintres « orientalistes » et inspiré nombreux de ces écrivains, venus visiter ce décor géologique d'une falaise fabuleuse. Sa musique savante dont le chant du malouf lui rend cette féerie d'une cité de l'art et de la culture. Que cette ville continue de cacher ses secrets, car comme toute chose qui relève de l'intime, renferme des sentiments et des souvenirs que le temps finira un jour à dévoiler. Mais l'accueil qu'elle fait à toute personne qui boit son eau fraîche, déguste ses plats ô combien succulents avec ses gâteaux mielleux arrosés d'eau de rose, son nougat appelé Dzawzia, plus tendre que celui de Montélimar ou d'Istanbul. Un véritable régal et une délectation propre à séduire par la noblesse d'esprit, sa générosité de l'âme et surtout son humilité qu'elle dégage par son urbanité et sa fine citadinité.
Constantine comme la décrit Ahlam Mostghanemi dans ses mémoires de chair: « ne garda pas rancune à son Bey, qui lui a laissé gloire et fortune. Elle avait par bonté ou folie, mis sur pied d'égalité l'assassin et la victime. Elle avait fait de Sidi M'hamed El Gherab, le mausolée le plus visité dans une cité dont chaque rue porte le nom d'un saint. Parmi les quarante beys qui se sont succédé, Constantine n'avait retenu que Salah ». L'avait-il comblée par les travaux d'urbanisation que les habitants continuent de chanter à ce jour, cette thrène de « Galou el Arab Galou». Que nombreuses sont celles qui pensent que le voile noir «Mlaya» qu'elles portaient jadis, n'est autre que le deuil qui lui est porté, alors que les historiens rapportent que le voile noir est d'origine fatémide. Il est retenu que la région de Constantine a été très tôt occupée par l'Homme, des outils préhistoriques ont été trouvés sur le plateau de Mansourah et à Ouled Rahmoune. L'Atérien était présent au Djebel Ouach, dans les grottes du Mouflon et de l'Ours. L'Ibéromaurusien (est une culture archéologique qui s'est développée sur l'actuel Maghreb) cette culture du paléothique s'étend d'environ 23.000 à 10.000 ans av. J. C. et le Capsien supérieur a laissé quelques traces, mais c'est surtout au Néolithique que les grottes de la région ont connu une occupation importante. Les paléo-Berbères ont habité les mêmes lieux au cours du 1er millénaire av. J.-C. et ont construit des monuments mégalithiques, des bazinas sorte de monuments funéraires à sépultures multiples comme à Tiddis et Sigus mêlées à des tumulus de pierres en terre (tertres). En fait, c'est des tombeaux en pierres sèches dans la toponymie orientale, amoncellement de cailloux et de galets en guise de revêtement.
CONSTANTINE A TRAVERS LES TRAGEDIES NUMIDES
Et de cette histoire qui lui est sienne, Constantine exportait jadis ses rêves. Ville culturelle par excellence, elle comptait autant de romanciers, de poètes, d'artistes et de chanteurs d'une musique savante venus de l'Andalousie, mais aussi « son mahdjouz » dont les danseuses juives aimaient danser ses rythmes ou encore les chants du terroir que les musiciens du « melhoun » entonnaient durant les périodes des moissons. Massinissa de son temps ne ramenait-il pas des chanteurs venus de Rhodes qui lui agrémentaient ses banquets. En reprenant les tragédies depuis Tite-Live, reprises par les auteurs européens, des répliques de Massinissa à Sophonisbe, Mairet marque la position des deux êtres dans Constantine qui était au VIe siècle au centre d'une rivalité de Rome et de Carthage autour de la domination de la Méditerranée dont la reine Sophonisbe est au cœur d'une passion.
Massinissa à Sophonisbe:
« Croyez-vous encore, Madame et sachez qu'en ce point, Votre créance et moi ne vous tromperont point,
Donc pour vous faire voir que c'est la belle voie Par où je veux monter au comble de ma joie, Puisque Syphax n'est plus, il ne tiendra qu'à vous D'avoir en Massinissa un légitime époux». Sophonisbe à Massinissa: «Quelles reines au monde en beautés si parfaites
Ont jamais mérité l'honneur que vous me faites ?
Ô merveilleux excès de grâce et de bonheur Qui met une captive au lit de son seigneur ».
Mairet (dans sa tragédie en 1634) a su transformer l'histoire de Sophonisbe en un drame où la confrontation des héros avec la puissance politique et militaire de Rome, engendre une action dynamique, chargée de péripéties et de rebondissements. Les combats successifs de Sophonisbe contre Syphax, contre Massinissa, enfin contre Scipion, la conduisent du malheur au bonheur, puis à nouveau dans une misère pire que la première.
LES GUERRES PUNIQUES CIRTA AU CENTRE DE LA RIVALITE ROME/CARTHAGE
Dès la première guerre punique, Constantine va être témoin d'un affrontement entre Romains et Carthaginois où les rois numides vont être déterminants dans l'appréciation des événements dans cette Méditerranée. D'abord sous le contrôle des Massyles avec la Première Guerre punique et l'affaiblissement du pouvoir carthaginois, vers le IIIe siècle av. J.-C., elle passe sous le contrôle des Numides. Ville fortifiée et commerciale, elle bénéficie d'une position stratégique, avec son rocher et ses murailles, la capitale du roi masæsyle Syphax, avant de devenir celle du Massyle Massinissa Le roi qui a unifié le royaume de Numidie et de ses successeurs lors de la Deuxième Guerre punique.
Dans la tragédie écrite par Pierre Corneille, l'on retient deux répliques
SOPHONISBE:
«Pour conserver un rang que le destin vous ôte;
Ce n'est point un honneur qui rebute en deux jours
Et qui règne un moment aime à régner toujours,
Mais si l'essai du trône en fait durer l'envie
Dans l'âme la plus haute à l'égal de la vie, Un roi né pour la gloire, et digne de son sort,
A la hante des fers sait préférer la mort». «Non, je vous tiens mieux ce que je vous permets; Je vis encore en reine, et je mourrai de même ».
SYPHAX
«Dites que votre foi tient tout au diadème Que les plus saintes lois ne peuvent rien pour vous.
Et par l'indignité d'un soudain changement, La cause de ma chute en fait l'accablement ».
Pendant le long règne de Massinissa et celui de ses successeurs, notamment Micipsa, la ville s'agrandit : selon Appien, elle peut ainsi contenir jusqu'à 10.000 cavaliers et 20.000 fantassins.
L'historien Stéphane Gsell estime le nombre de ses habitants entre 150.000 et 180.000. Elle commence également à produire et à exporter des céréales. À la fin du IIe siècle av. J.-C., elle aurait même eu une autonomie monétaire. À la fin du IIIe siècle av. J.-C. et au début du IIe siècle av. J.-C., la ville commence à s'étendre au Sud/Ouest sur la rive gauche du Rhummel, de nombreux vestiges ont été retrouvés en dehors du rocher (inscriptions, tombes, fondations d'édifices, îlots d'habitation et objets domestiques).
CIRTA VILLE COSMOPOLITE CARREFOUR DE CIVILISATIONS BRASSAGE ET METISSAGE DES FAMILLES
Depuis les temps les plus reculés, Constantine a été habitée par différentes populations brassées au cours de l'histoire. Des familles entières sont nées issues de l'arrivée des hillaliens et des soleim lors des Fatihin qui se sont intégrées dans la société constantinoise. D'essence berbère, c'est-à-dire des Imazigh, Kutamas, Senhadja, Zénates, Houara, Maghraouas, le socle on peut l'affirmer qu'il est Amazigh. Avec les invasions des diverses communautés, Constantine est une des villes cosmopolites qui a vécu des mutations sociétales à telle enseigne qu'il est difficile d'affirmer avec précision la généalogie même si on mettait à contribution la Génétique.
Quel que soit l'échantillonnage, le métissage pluri-séculaire a fait son œuvre, une sorte d'osmose et d'unité fut créée. La présence de plus de quatorze siècles de présence musulmane grâce à la pénétration de l'islam en tant que religion englobant la quasi-totalité de la population. Bien qu'il existe des communautés judéo-chrétiennes avant l'arrivée des Foutouhates, Constantine est restée une ville qui a permis à toutes ces populations de vivre en bonne intelligence. Aujourd'hui, les familles constantinoises formées par l'afflux des populations appartenant aux tribus avoisinantes et même des flux migratoires des Hafsides, Zianides et Hamadites laissent penser à une population à la fois urbaine et rurale qu'on peut désigner par la « rurbanité ». Vouloir rechercher si telle famille ou tel nom renferme une affirmation d'une sédentarisation plus lointaine que l'autre, doit nous mener à relire les registres d'état civil de la mairie de Constantine. Vouloir exposer une liste exhaustive de noms de familles pour confirmer la primauté de celle-ci sur l'autre, va nous mener à des siècles dont parfois, les archives peuvent en faire défaut.
IBN QUENFED AL QACENTINI, CET ERUDIT
En citant la dynastie hafside, il y a lieu de citer Ibn Quenfed un érudit au sens plein du terme contemporain de Ibn Khaldoun. C'est un encyclopédiste, il publiera plus de vingt-sept ouvrages dans différentes disciplines : généalogie, théologie, médecine, astronomie, métrique, linguistique, grammaire et mathématiques. Il est l'auteur du livre Walayat Al A'yanes ou Nécrologies des dignitaires ou les notables et savants célèbres par leur parfaite connaissance du fik'h ou sciences théologiques. Issu d'une famille de jurisconsultes connue pour son mérite scientifique, religieux et culturel, il jouissait d'un respect et d'une position confortable auprès du pouvoir dynastique hafside installé à Tunis puis à Constantine.
Evidemment, nous avons constaté que des familles veulent se donner une origine de « Chorfa », c'est-à-dire descendante de la généalogie du Prophète Mohamed (QSSL) ou bien une origine d'une famille maraboutique, cette façon de constituer des généalogies vous mène à des situations pour le moins qu'on puisse dire, à des falsifications des arbres généalogiques. Néanmoins, on trouve les familles de « Kouroughlis » qui ont durant la période de la présence turque le plus qui ont pu acquérir le plus de grandes superficies du foncier, suivies des familles agraires des grandes tribus.
La ville est restée un espace de communion où se façonne une attitude de citadinité. Avec les déplacements des populations durant les deux périodes turque et surtout française, Constantine a revêtu un habit du citoyen du « Bled » pour dire de souche citadine. Si on se met à revisiter les étapes de l'histoire de Constantine notamment depuis 1945, nous constatons que les gens qui ont habité la vieille ville de la casbah, Souika, Rahbat Souf, lieux d'habitation des «indigènes», on y trouvera des gens de Jijel, El Mila, Mila, Ferdjioua, Oum El Bouaghi, de Grande Kabylie, de Béjaïa, de Tébessa, de Sétif, de Bordj Bou Arréridj, mais aussi du Sud à savoir, des Zibans ou Biskris qui ont été les premiers habitants à la veille de l'arrivée des Turcs, mais aussi des Gens du Mzab, de Oued Souf, d'Ouargla, de Touggourt, etc. L'expression « Ouled Bled » a une connotation plus sectaire. Alors, constituer les arbres généalogiques des Gens de Constantine doit vous enseigner au regard des manuscrits des Zaouïas où l'on retrouve beaucoup de parchemins inscrivant les racines de telle ou telle famille qu'il faut prendre avec beaucoup de réserves dans bien des cas. Le mot de « Beldi » a une connotation de rejet de l'autre. Pour comprendre si telle famille est « beldie », il faut remonter peut-être une trentaine de générations si on compte quatre générations par siècle. Là est la question. C'est pourquoi qu'il serait aberrant de constituer des listes de familles pour en faire les références d'une source valide et conforme à l'ADN de chacune et non « l'exactitude » d'un manuscrit ou d'un document dûment réalisé selon les familles désireuses de se donner un patronymique de noblesse, de jurisconsultes ou d'appartenance à une caste.
La capitale numide était une ville cosmopolite ouverte sur les autres civilisations méditerranéennes, notamment punique et grecque, et cohabitant avec le mode de vie nomade des Gétules. Les souverains numides ont été les propagateurs de la langue punique dans leur royaume, au point que la société de Cirta a été profondément punicisée. La population a adopté le culte de Baal Hamon et de Tanit, déesse carthaginoise de la fécondité. Le sanctuaire d'El Hofra témoigne de l'importance de la culture punique dans la société.
Après la mort de Massinissa, Cirta devient un enjeu dans la lutte entre Jugurtha et son frère adoptif Adherbal. Refusant le partage du pouvoir imposé par les Romains en Numidie, Jugurtha parvient à s'emparer de la ville après la mort d'Adherbal, lors du siège de Cirta, où s'était réfugié son adversaire soutenu par Rome. Toutefois, le massacre des Italiens marque le début d'une guerre entre Numides et Romains. Cirta change de main plusieurs fois durant le conflit.
À la suite de la défaite du roi numide Juba Ier, allié aux partisans de Pompée, le royaume numide est annexé et César attribue sa partie orientale à Sittius et à ses compagnons. Les Sittiani mettent en place autour de Cirta une principauté qui bénéficie pendant quelque temps d'une certaine autonomie. Cirta prend alors le nom de Colonia Cirta Sittianorum.
Elle devient ensuite le centre de la Confédération cirtéenne, qui regroupe trois autres colonies : Rusicade, Chullu et Mileu avec un vaste territoire et un statut particulier 21. Puis la ville devient la capitale provinciale de la Numidie cirtéenne qui remplace l'ancienne confédération.
En 308, elle est assiégée et mise à sac par Domitius Alexander, puis conquise par Maxence en 311. La ville est restaurée et embellie par Constantin, qui lui donne son nouveau nom Constantina.
Elle devient alors l'unique capitale civile de la nouvelle Numidie impériale sous le nom de Numidia Constantina.
CIRTA PREND LE NOM DE L'EMPEREUR CONSTANTIN EN 313
Anciennement Cirta capitale de la Numidie de 300 avant J.C à 46 avant J.C, elle passera sous domination romaine. C'est par la suite qu'elle prendra le nom actuel en hommage à l'empereur Constantin 1er depuis 313. Durant le Moyen-Âge à l'arrivée des Fatihin au VII siècle, elle fera partie successivement du royaume Aghlabide de l'empire Fatimide puis des royaumes Ziride, Hammadite, Almohade et Hafside.
Elle deviendra au XVIe siècle capitale du Beylick de Constantine, siège du pouvoir turc et vassal de la Régence d'Alger.
Ainsi, lors de la conquête de l'Algérie par les Français, elle sera prise en 1837 après avoir essuyé un cuisant échec de 1836. Constantine sera intégrée à la wilaya II durant la guerre de libération nationale du Nord- Constantinois jusqu'à l'indépendance. Constantine est également surnommée la « ville des ponts suspendus», «ville de l'Antique Rocher», «ville des oulémas», aussi «ville des aigles» ou bien «ville du malouf», variante constantinoise de la musique arabo-andalouse. Elle est considérée comme la capitale de l'Est du pays. En 2015, la ville de Constantine est capitale arabe de la culture, deuxième ville d'Algérie à être choisie pour organiser cet événement après Alger en 2007. Constantine est l'une des villes les plus importantes de l'Est algérien. Elle occupe une position géographique centrale dans cette région, étant une ville charnière entre le Tell et les Hautes plaines, au croisement des grands axes Nord-Sud (Skikda-Biskra) et Ouest-Est (Sétif-Annaba). Elle est également la métropole de l'Est du pays et la plus grande métropole intérieure du pays, elle assure des fonctions supérieures notamment culturelles et industrielles.
Constantine se situe à 431 km à l'est de la capitale Alger, à 130 km à l'est de Sétif, à 119 km au nord de Batna, à 198 km au nord-ouest de Tébessa, à 146 km au sud de Jijel et respectivement à 89 km et à 156 km au sud-ouest de Skikda et d'Annaba. La ville s'étale sur un terrain caractérisé par une topographie très accidentée, marquée par une juxtaposition de plateaux, de collines, de dépressions et de ruptures brutales de pentes donnant ainsi un site hétérogène. Elle s'étend sur un plateau rocheux à 649 mètres d'altitude, coupé des régions qui l'entourent par des gorges profondes où coule l'oued Rhummel qui l'isole, à l'Est et au Nord, des djebels Ouahch et Sidi Mcid, dominant de 300 mètres, à l'Ouest, le bassin d'El-Hamma8. Le choix de cet emplacement est avant tout une stratégie de défense.
La ville porte le nom de l'empereur romain Constantin Ier qui l'a restaurée et embellie en 313 après qu'elle eut été assiégée et mise à sac par Maxence et Domitius Alexander en 311.
Elle devient alors la capitale de la province de Numidia Constantina.
Le nom algérien officiel de la ville est Qacentina, en arabe algérien Ksentina. Le nom de Cirta/Qirta vient possiblement de la racine sémitique QRTN, prononcé Qirta ( ) et signifiant «ville» ou «village» en phénicien (en arabe), dont la prononciation a depuis dérivé vers Sirta sous les Romains (le caractère latin C pouvant en effet être prononcé Q ou S, et passer de l'un à l'autre). Cette première hypothèse rapproche le nom de Cirta du nom de Carthage (Qirta Hadcha ) qui signifie «ville nouvelle» en phénicien ( en arabe). Selon une deuxième hypothèse, le nom de Cirta provient du nom berbère «tissirt» (meule) vu l'abondance de la culture du blé.
LES FATIHIN EN TERRE BERBERE DANS LA CITE AMAZIGH
La ville passe sous administration arabo-musulmane vers l'an 700, et voit sa population se convertir progressivement à l'islam. Après un demi-siècle d'administration omeyyade (de l'an 700 à 750 environ), la ville passe sous les Abbassides puis sous leurs vassaux les Aghlabides de Kairouan, pendant près d'un siècle et demi (750 à 909). En 909, une révolte menée par les Kutamas, une grande tribu berbère du Nord-Constantinois convertie au chiisme, fait chuter le pouvoir aghlabide et impose le chiisme comme nouvelle religion dominante sous l'égide de la dynastie Fatimide, dynastie qui s'installera plus tard en Egypte. Le pouvoir fatimide et chiite durera pendant environ un siècle et demi, avant que les souverains Zirides (berbères Senhadja initialement vassaux des Fatimides) décident la rupture avec les Fatimides en 1048 et le retour au sunnisme. Cette décision provoquera en représailles les Banu Hillal à partir de 1051, une invasion qui dévastera Kairouan mais épargnera Constantine.
Cependant, Constantine payera un tribut annuel aux hilaliens installés sur les Hauts-Plateaux environnants pour éviter d'être mise à sac. La période de troubles ayant suivi les Banu Hillal en 1051 prend fin un siècle plus tard en 1152 lors de la prise de la ville par les Almohades, Berbères puritains originaires du Haut Atlas marocain, qui soumettent l'ensemble du Maghreb à leur discipline et mettent fin à l'anarchie, en intégrant les Hilaliens à leur armée. En les déplaçant du Constantinois vers les plaines atlantiques au Maroc, ils prévoyaient de les utiliser comme mercenaires en Andalousie face aux chrétiens.
Le pouvoir almohade finit par s'écrouler vers l'an 1240 suite à des luttes de pouvoir internes, laissant place à un Maghreb fractionné en trois royaumes aux frontières mouvantes et au pouvoir peu étendu sur le pays profond (Mérinides à Fès, Zianides à Tlemcen et Hafsides à Tunis). Constantine passera alors pour trois siècles sous la coupe des Hafsides de Tunis, alternant des phases de soumission au pouvoir de Tunis et des phases d'indépendance. Et ce, jusqu'à l'arrivée des Ottomans vers 1520.
LA PRESENCE TURQUE DANS LE BEYLICK DE CONSTANTINE
À partir du XVe siècle, Constantine passe sous domination ottomane notamment suite à la chute des Hafsides de Tunis après la bataille de Tunis de 1574.
En 1568, les partisans des Hafsides massacrent les Turcs et expulsent leurs séides. Pour ramener l'ordre, le pacha Mohammed doit conduire en personne une expédition contre Constantine. La ville n'ose pas résister et ouvre ses portes sans combattre. Les Abd el-Moumène, chefs du parti Hafside à Constantine, sont définitivement vaincus par les Ouled Bencheikh qui ont le titre prestigieux de cheikh el-islam. Sidi-Abd-el-Kerim Bencheikh, arrivé au pouvoir, fait alliance avec les Turcs et s'octroie le titre d'émir-er-rekeb.
Constantine est alors choisie au XVIe siècle pour être la capitale du beylik de l'Est. Abd-el-Kerim meurt en 1580 et les Bencheikh gardent leur influence et privilèges jusqu'à la seconde expédition de Constantin. De 1567 à 1830, la province de Constantine est gouvernée par quarante-quatre beys, le premier fut Ramdane-Tchulak bey qui régna sur la province entre 1567 et 1574. Le dernier fut Hadj-Ahmed-Bey qui a commencé son règne à partir de 1826. Le siège de Constantine permet aux Français de prendre la ville le 13 octobre 1837.
A suivre
*Dr


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