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L'hier et l'aujourd'hui
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 01 - 07 - 2021

« The grass was greener, and the taste was sweeter », ainsi chantait David Gilmour(1) (Pink Floyd) ; c'était cet hier, dans l'esprit d'un enfant eternel, un hier beaucoup plus rêvé que vécu. Quant à l'aujourd'hui, c'est plutôt à un « Radeau de la Méduse » de Theodore Géricault, dont la saisissante peinture du terrible naufrage d'alors, lequel naufrage est élargi à plus de la moitié de l'humanité dans ses années les plus sombres, qu'il fait penser.
L'hier, ce lointain hier chargé de souvenirs invariablement gonflés de nostalgie, qu'il est impossible de décrire dans le langage courant, c'est cet autrefois qu'un être sensible croit fermement, secrètement au fond de lui-même qu'il n'est jamais mort, et que certainement il devrait être enfoui profondément dans quelques méandres de la mémoire des lieux, des sentiments, des sensations intimement mêlés aux événements marquants de notre vie...et qu'un poète saurait trouver les mots qu'il faut pour ressusciter l'heure de jadis dans toute sa splendeur, tout son charme et sa grâce inspiratrice. Des mots qui ne soient pas « chargés de sens périmés, et qu'il faut commencer par les isoler de leur passé pour leur redonner la force d'une primitive apparition » disait Jacques Rivière dans sa lettre du 22 juin 1909 (Correspondance Jacques Rivière - Alain-Fournier, Gallimard, Tome 2, 1991), avec la volonté réelle d'encourager son ami Alain-Fournier qui allait bientôt s'engager dans l'écriture du Grand Meaulnes.
Dans ce contexte de résurrection du passé par des poètes et écrivains qui ont su, par une sorte de magie mystérieuse, assembler des mots qui provoquent des torrents d'images des heures bienheureuses, avec leur musique et atmosphère de jadis, Pierre Suire (‘Alain-Fournier au miroir du Grand Meaulnes' Seghers, 1988)a cette phrase qui fait mouche et qui est délicieusement évocatoire: «L'empreinte du temps, si discrète soit-elle, est là, révélant la vulnérabilité de la condition humaine : l'homme ne vit pas en un eternel présent. Mais, parfois, la rencontre d'une lumière, d'un paysage, d'un village, d'une âme, ou encore le récit transparent d'un Alain-Fournier brisent le temps et permettent de sentir que presque tout est retrouvé et vit»(p.126)
Toujours dans le contexte du passé remémoré, mais sur un autre registre, proprement poétique celui-là, les poèmes de P.J. Toulet (Les Contrerimes), comme le remarque si justement Marcel Raymond (dans « De Baudelaire au Surréalisme», José Corti, 1940), avec un sens très aigu de cette « délicate menuiserie poétique » qui caractérise l'art poétique de Toulet, sont le plus souvent le fruit «[...] des souvenirs ; le plus faible, le plus lointain, est celui qui permet l'emploi le plus sûr des sortilèges; ils opèrent alors sans que la passion vienne les troubler, et la strophe s'immobilise entre ciel et terre comme une bulle irisée, un flocon d'écume, que le vent épargne» (Marcel Raymond, ibid.,p.141)
En voici un exemple exquis de strophe où ironie, impertinence, rêve éveillé, et désenchantement se trouvent subtilement mêlés dans le souvenir d'un monde « où seraient conservés intacts de très anciens aromates».
Je me rappelle un jour de l'été blanc, et l'heure Muette, et les cyprès ... Mais tu parles: soudain Je rêve, les yeux clos, à travers le jardin D'une source un peu rauque, et qu'on entend qui pleure (‘Les Contrerimes', Editions Emile Paul, 1991, p.126)
En ressuscitant l'heure de jadis, le poète fait œuvre d'alchimiste, car il s'agit bien d'une transformation ( tout autant que cette opération miraculeuse chez l'alchimiste qui va transformer, selon une vision assez populaire des étapes successives, en termes d'opérations et réactions chimiques au moyen d'un athanor, vers une transformation totale d'un métal vil (le plomb) en métal précieux ou or en général) d'une chose banale en apparence, d'un événement quelconque dans les yeux de monsieur tout le monde, d'une impression, d'un souvenir, d'une émotion particulière en quelque chose comme une féerie, à travers des images, des métaphores, des rythmes, une certaine musique intérieure... Baudelaire, en parlant de ses poèmes, s'adressait à Paris, tout comme à un personnage d'un drame de boulevard :« Paris, tu m'as donné ta boue, j'en ai fait de l'or ! ». La quête du poète est, métaphoriquement, semblable à celle de l'alchimiste, où de l'Adepte dans le langage des initiés. Avec, cependant, cette différence essentielle que la l'Adepte dans sa longue quête obstinée, à travers des voies ardues et autrement périlleuses, ne cherche pas seulement à fabriquer de l'or, mais fondamentalement à se transformer lui-même dans sa véritable quête spirituelle pour se rapprocher de Dieu.
En allant un peu plus loin dans notre considération de cet aspect caché et fascinant de l'histoire de l'humanité, l'alchimie traditionnelle d'hier peut-être perçue, sur un tout autre plan que celui où on a l'habitude de la situer, comme une autre tentative de comprendre la poésie profonde des choses de la vie. Elle en a donné une image (réussie ou non)qui reste encore à déchiffrer. Ses Adeptes et leurs disciples pensent avoir découvert une certaine réalité sur la vie et le monde environnement, qui répondrait aux grandes questions sur la nature de la vie et des choses au monde. Mais cette connaissance reste volontairement ésotérique.
Alors ? Que répondre à cet état de fait d'une certaine connaissance qui refuse de communiquer ce qu'elle a obtenu comme lumière sur le monde des êtres et des choses ? Le mystère reste entier. Peut-être qu'ici et maintenant, en ces lieux où ailleurs dans le monde, une explication orphique de la terre est sur le point de voir le jour, et que certains chercheurs d'absolu, alchimistes et poètes, ne jugeront pas indigne de nous la faire connaître un jour. En attendant, un critique contemporain (« L'enchantement littéraire écriture et magie de Chateaubriand à Rimbaud»,Editions Gallimard, 1990) dira à bon escient que «L'identification romantique [au 19ème siècle] de l'alchimiste et de l'écrivain rejoint l'idéal de l'‘absolu littéraire' qui fut en Allemagne celui du groupe D'Iéna, en même temps qu'elle prépare l'assimilation de la poésie à un absolu, qui marquera en France la révolution poétique de la seconde moitié du siècle. C'est au nom de ces chercheurs d'absolu prêts à proclamer la filiation de l'œuvre poétique avec le Grand Œuvre que le jeune Mallarmé pourra saluer, dans une lettre du 14 mai 1867 à Henri Cazalis,« les alchimistes, nos ancêtres»» (Yves Vadé, Ibid., 1990, p. 232).
Et pour finir cette petite traversée de l'hier nostalgique, nous ne pouvons nous empêcher de retourner vers ces lieux de mémoire propres à l'enfance, qui sont la source même du rêve. Un lieu où on a vécu tout enfant est , à travers les yeux particuliers de cette période de vie à jamais irremplaçable, investi de rêves mêlés naturellement (puisque l'esprit d'un enfant a cette propension de fondre, en une sorte d'amalgame, dirait-on féerique, les contes, les histoires racontées, les lieux fréquentés, les premières découvertes du monde qui l'entoure, les premières expériences, les joies, les peines, toute espèce d'expérience vécue, à sa vie, à la vie qui l'entoure, à tout ce qui impressionne) à la vie qu'il est en train de vivre.
Cet aujourd'hui de guerres multiples et impitoyables, de destructions, de désolations, de souffrances incalculables et impensables, de pandémies meurtrières, de pauvretés et de misères incroyables(et qui défient l'humain), de milliers de refugiés et « haragas », de politiques absurdes...est on ne peut plus accablant pour les « bonnes consciences » des sociétés dites développées, et il serait beaucoup plus cruel qu'indécent de parler de bonheur de vivre pour une minorité (les quelques dizaines de millions ou plus de par le monde qui osent parler bonheur de vivre, restent de très loin une toute petite minorité par rapport au très grand nombre d'êtres humains qui n'arrivent pas à assurer leur quotidien alimentaire)qui continue d'ignorer, dans son égoïsme imperturbable et inhumain, cet Autre dans son effroyable souffrance et qui est pourtant le semblable très visible et bien réel, et qui ne cesse d'interroger leur conscience coupable de son état.
Peut-on encore parler ou rêver de bonheur de vivre, quand le 21ème siècle des nations riches s'identifie ouvertement à un capitalisme libéral d'une arrogance inouïe (dont l'insigne épigone est le règne trumpien, sans équivoque), et d'un étalage de force militaire qui fait craindre, au commun des mortels, la plus pire des catastrophes apocalyptiques pour cette pauvre planète, à la moindre humeur guerrière !
Que dire encore de cet aujourd'hui qui s'égare davantage, d'une façon très alarmante dans le malentendu, l'équivoque, la méfiance, la non-reconnaissance de l'Autre, l'oubli coupable de tant de malheurs, de souffrances, de traumatismes indescriptibles, de déportations, de tueries et de massacres à grande échelle, par guerres coloniales interposées et autres guerres les plus meurtrières de l'histoire de l'humanité, celles de la 1ère moitié du 20ème siècle en prime, et les holocaustes les autres génocides de populations entières, au début du 16ème siècle, jusqu'au 20ème siècle ?!
Peut-on encore parler ou rêver de bonheur de vivre quand des semblables meurent par milliers tous les jours, de faim, de froid, de pauvreté indescriptible, pendant que les «bonnes consciences» et les associations dites charitables(avec leurs proches ou affiliés que sont les «médecins sans frontières», les «Human right watch», et plusieurs institutions occidentales qui sont dans le même sillage)s'entourent outrageusement de publicité destinée à endormir le citoyen européen lambda (celui et celle qui sont conditionnés par une culture et une idéologie exclusives, et qui finissent par prendre pour argent comptant des mensonges enrobés par des mots et des images soigneusement triés ou choisis en fonction d'une orientation précise, qui est celle de ne montrer que ce qui ne contredit pas leurs idées et visions pré-établies, et autant de préjugés définitivement fossilisés dans leurs esprits marqués par une crainte et une peur sans cesse renouvelées de l'Autre et sa culture sans aller plus loin dans cette négativité, ou ce rejet inexplicable de l'Autre et de sa culture, lequel rejet est en flagrante contradiction avec les messages des trois grandes religions monothéistes... mais ceci est une autre histoire) sur des réalités aveuglantes quant aux désarrois, aux misères et souffrances que traversent - en laissant très souvent leurs vies - d'autres peuples dans d'autres continents !
Peut-on encore parler ou rêver de bonheur de vivre, quand plus de la moitié de l'humanité souffre d'une misère atroce, de sous-alimentation et de la malnutrition, de maladies chroniques ou graves, et pour ceux et celles qui réussissent à fuir cette terrible condition d'être, devenir fatalement des réfugiés voués à l'exclusion et au racisme ?
Alors ?Il est grand temps que l'on revoie ou considère le sens réel de ces notions de solidarité et d'entraide, entre les sociétés et les peuples, d'amour et de respect de l'Autre, le semblable, et, subséquemment, réviser de fond en comble le discours philosophique humaniste (qui continue imperturbable, depuis plus de deux siècles, en dépit de sa déconstruction, à partir de Nietzsche et à travers tout le 20ème siècle, elle-même sans effets réels sur les mentalités a court ou à long-terme, son bonhomme de chemin ; lequel discours n'est jamais, ou très rarement, sorti des enceintes de la pensée occidentale inévitablement engluée, à de rares exceptions près, dans des valeurs dominantes du capitalisme libéral), le remettre sur ses pieds et l'imprégner fortement de toutes les valeurs et droits humains universels. En termes clairs, il s'agit des droits fondamentaux qui sont essentiellement le droit à une vie décente pour tout être humain où qu'il soit, le droit à l'éducation, le droit au travail, le droit de choisir librement le lieu où il ou elle voudrait s'établir et s'émanciper. Tous ces droits doivent être appliqués concrètement dans tous les pays que compte la planète, partout où la vie (toute sorte de vie, qu'elle soit humaine ou animale) prospère. Dans ces droits fondamentaux, une provision importante, capitale doit être faite pour la préservation et la protection de l'environnement ou, en d'autres termes, les écosystèmes qui comprennent la vie végétative et la vie animale dans toutes leurs diversités.
*Universitaire et écrivain
Note:
1- Dans la suite «Shine on You crazyDiamond», Pink Floyd, live, Royal Albert Hall, London, 1994


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