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La vérité face au mensonge, l'information face à l'intox: Du serment d'Hippocrate au serment de Théophraste
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 05 - 05 - 2022

A l'instar du Serment d'Hippocrate consacré au corps médical, Albert du Roy (1), après avoir examiné en âme et conscience les difficultés d'exercer le métier de journaliste dans un monde où tout tend à être médiatisé, propose aux journalistes le serment de Théophraste (2), inspiré par l'illustre ancêtre de la presse, Théophraste Renaudot.
Dans un monde où antagonismes et confrontations empirent de jour en jour, et alors que les violences se succèdent à un rythme effréné un peu partout dans le monde, s'interroger sur l'opportunité d'un serment peut paraître négligeable, voir désuet. Or, c'est précisément parce que les médias sont omniprésents et omnipotents face aux conflits qui s'enveniment du fait d'une suspicion et d'une défiance grandissantes, et parce que les déséquilibres géostratégiques s'accentuent en raison d'une globalisation inique et inhumaine, qu'il s'avère urgent de réagir pour mettre à nu les dysfonctionnements et dérapages nombreux, non seulement dans les domaines politique et géostratégique où les frontières du dicible et du pensable ont été largement franchies , mais également et surtout dans les domaines informationnel et médiatique où l'instauration d'une éthique et d'une déontologie médiatique fait cruellement défaut. Les sources auxquelles s'abreuvent les incompréhensions deviennent de plus en plus intarissables.
Les pays arabo-musulmans qui se disent « frères » en sont un triste exemple. Voilà que même en Europe, les affres des grandes guerres semblent de retour. Il ne sert à rien de plastronner en parlant de liberté et d'égalité sachant pertinemment que ces concepts supposent l'existence de corrélations, de complémentarités et postulent l'unité d'un monde équitable ou à tout le moins, une cohérence relative entre Etats souverains. Nous en sommes loin !
Il serait instructif, pour une meilleure appréciation de la situation qui prévaut dans le monde médiatique contemporain, de faire le point, de dresser un état des lieux, de décoder les articulations complexes entre les Etats, entre le politique et les médias, entre ces derniers et l'informationnel. Il serait essentiel de relever, ici et là, les capacités à dire et à se dire, d'estimer et d'évaluer les fils à renouer entre les peuples et les Etats, à travers quels échanges ils peuvent renaître, pour quels objectifs et sous quelles conditions, le monde actuel, débarrassé de ses masques, de ses appareillages d'invectives et de son habillage idéologique, peut être réapproprié pour des pensées et des paroles neuves, pour la stimulation de l'activité intellectuelle et de la création culturelle et artistique et pour favoriser le dialogue, l'échange et la concertation. Nul ne peut nier les immenses progrès accomplis par les médias ces dernières décennies. L'information s'est amplifiée comme jamais. Nous n'avons jamais assisté à un tel déferlement de Journaux télévisés, de bulletins et de magazines d'information bien illustrés, de rendez-vous spécialisés radiophoniques complets et correctement confectionnés.
Jamais l'opinion publique n'a bénéficié d‘autant d'informations pour savoir et juger.
Certes les cassandres du déclin, les tenants du lavage de cerveau médiatique et les nostalgiques de la pensée unique veillent au grain. Faut-il pour cela vouer aux gémonies, médiateurs et informateurs ? La réponse en une phrase : l'information pénétrant par effraction l'âge de la politique, il est normal qu'elle passe dans celui de la communication. Cela dit, le discrédit qui pèse sur la presse écrite et audiovisuelle et parfois sur le journaliste lui-même, est-il justifié ? Si oui, qui est coupable ? Le journaliste lui-même ? Les conditions d'exercice de son métier qui s'apparente à un sacerdoce ? La concurrence trop souvent déloyale ? La publicité ravageuse ? L'audimat scélérate ? Le marketing pervers ou le capital ? Certes, la situation est par moment alarmante. Mais, malgré les grandes bavures de ces dernières années, les grandes erreurs et les grands dérapages constatés, la profession, loin d'être décriée, continue malgré tout à faire rêver.
Le pluralisme médiatique et informationnel par le petit bout de la lorgnette
L'examen de conscience des journalistes. Faut-il dire la vérité sur les médias ? Oui. Faut-il dévoiler les relations ambiguës entre les journalistes et les hommes politiques ? Oui. Faut-il révéler les pressions publicitaires, les fantasmes des patrons de presse, l'influence de l'argent sur les journaux ? Oui. Faut-il expliquer la difficulté de percer les secrets d'Etat, de contourner la censure sournoise ? Oui. Faut-il défendre le droit, parfois, de franchir le mur de la vie privée ? Oui. Faut-il décrire les effets pervers de la concurrence, du pluralisme, du libéralisme sur la crédibilité de l'information ? Oui. Faut-il étaler les travers, les ficelles, les recettes du marketing de presse pour séduire les gogos ? Oui. Faut-il avouer les fautes et les lacunes des journalistes ? Oui. Faut-il détailler les faiblesses et les a priori des lecteurs, auditeurs et téléspectateurs ? Oui.
A l'heure où le fait médiatique et culturel est devenu plus vital qu'il ne l'a jamais été, à l'heure où la sphère informationnelle est omniprésente et omnipotente, poser la question du pluralisme médiatique et culturel à travers les nouveaux vecteurs de la pensée que sont médias d'aujourd'hui, et plus particulièrement les médias audiovisuels et télématiques (qui intégreraient la prose, la poésie et tous les domaines de l'activité humaine et philosophique) revient à favoriser l'avènement du pluralisme tout court et l'ouverture d'un peuple à l'appréciation de ce qui lui est historiquement différent, sans pour autant tomber dans une extraversion culturelle dissolvante. Notre centre d'intérêt porte sur la nécessité et l'urgence d'instaurer un pluralisme médiatique partout où cela était possible, seul à même de libérer les énergies et les intelligences. Au-delà des définitions scolastiques et des approches théoriques, il nous faut tenter de relever le défi des véritables valeurs culturelles arabo-islamiques sans mettre la lumière sous le boisseau. L'examen de cette question suppose d'abord que soient posées les questions préalables, telles celle des articulations complexes entre le politique et le culturel ou encore celle des rapports tout autant délicats entre valeurs traditionnelles et valeurs modernes et entre polarités idéologiques.
Il n'est nullement question, à travers cette réflexion, de prêcher pour un protectionnisme culturel et médiatique ravageur, et encore moins de prôner l'enfermement dans le ghetto d'une culture survalorisée, incapable de souffrir la différence. Il est plutôt question que les populations de chaque pays se retrouvent culturellement, qu'elles ne soient pas ignorantes de leur histoire, de leur culture et de leur patrimoine, tout en étant ouvertes au monde environnant.
Telle est notre ambition à travers ce modeste point de vue qui nous a permis de mettre en exergue quelques idées simples, et d'exposer un certain nombre d'évidences aujourd'hui oubliées concernant les médias en général, qui font fi des frontières, des races et des religions, et l'activité culturelle en particulier qui favorise la circulation des idées, ciment nécessaire à l'unité des populations, des peuples et des cultures, et élément vital du dynamisme d'une société. Tel sont les défis et les enjeux réels qui menacent tous les pays.
Notes :
(1) Albert du Roy, journaliste politique belge, partisan de l'indépendance algérienne. Co-fondateur de L'Express, 1964 , collabore au Point, puis au Le Nouvel Observateur, à L'Heure de vérité de François-Henri de Virieu, à Antenne 2, à L'Evénement du jeudi, à L'Expansion, à L'Express à nouveau et à L'Evénement du jeudi. Albert du Roy a écrit un livre où il décrypte parfaitement les méthodes, les contraintes et les dangers du métier de journaliste. Avouant même avoir cédé à l'intimidation et à la pression psychologique, un jour dans l'émission « L'Heure de vérité » au Maroc, en face de Hassan 2, il n'a pas pu poser une question sur les prisonniers politiques.
(2) Les médecins ont le serment d'Hippocrate : «Au moment d'être admis(e) à exercer la médecine, je promets et je jure d'être fidèle aux lois de l'honneur et de la probité... Je respecterai toutes les personnes, leur autonomie et leur volonté, sans aucune discrimination selon leur état ou leurs convictions... Admis(e) dans l'intimité des personnes, je tairai les secrets qui me seront confiés.... Je préserverai l'indépendance nécessaire à l'accomplissement de ma mission. ». Même s'ils n'ont pas de valeur juridique, les textes hippocratiques fondateurs de la déontologie médicale, ensemble d'écrits d'auteurs différents (dont Hippocrate lui-même) rédigés sur une période d'un siècle à peu-près (440-360 av. J.-C), ont été revus par l'Ordre des médecins en 2012. Albert du Roy , propose aux journalistes « Le serment de Théophraste » Flammarion. (Théophraste, journaliste, médecin ordinaire du roi, et philanthrope français, fondateur de la publicité et de la presse française : La Gazette, journal hebdomadaire (30 mai 1631)).
(3) « La communication, une équation à plusieurs inconnues ». QO du 2 avril 2022


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