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A quoi joue le Qatar ?
Publié dans Réflexion le 30 - 01 - 2012

Quand on visite le Qatar, ce qui nous choque de prime abord, c'est l'extravagance consumériste et l'ultralibéralisme économique qui y règnent. L'essentiel est en réalité là. En fait, tant que les privilèges sont préservés, tant que l'appropriation des richesses au profit d'une seule caste perdure, tout le reste devient secondaire.
Si l'on ne comprend pas ce préalable, on aura du mal à comprendre la logique de cet Etat Coincé entre les deux puissances régionales, l'Arabie Saoudite et l'Iran, le petit émirat a soif de rayonnement international. Le Qatar nourrit aujourd'hui l'ambition démesurée d'être reconnu comme la puissance régionale politique et diplomatique incontournable du monde arabe. Et cela pour deux raisons majeures : d'abord, satisfaire son égo insatiable, et ensuite faire en sorte que personne ne puisse remettre en cause l'appropriation des richesses de son sous-sol par la famille royale. En acceptant l'installation de la plus grande base américaine de la région sur son sol, et en se mettant donc sous la protection US, la famille royale espère ainsi pérenniser sa mainmise sur les gisements d'hydrocarbures, tout en se protégeant des ambitions régionales de ses deux grands et très redoutés voisins. Et l'installation de la représentation diplomatique israélienne sur le sol qatari est, bien évidemment, la condition sine qua non de la protection américaine. L'affaiblissement de la puissance financière et économique américaine constitue l'élément nouveau de cette dernière décennie. Cela bouleverse la donne dans cette région qui avait l'habitude, depuis plusieurs décennies, de vivre sous l'ordre américain. Aujourd'hui, les Etats-Unis n'ont plus les moyens de leur politique hégémonique. De plus, la zone Asie-Pacifique, avec l'émergence de la Chine, devient la région clé pour l'impérialisme américain, beaucoup plus que le Moyen-Orient. Certes, la protection des gisements d'hydrocarbures et de ses voies d'acheminement vers les pays du Nord restera un enjeu central. Mais la crise économique et financière mondiale, associée à la reconsidération des priorités stratégiques, font que les Etats-Unis n'ont plus les moyens d'agir directement dans cette région pour préserver leurs intérêts.
Cette situation inédite a deux conséquences pour cette région :
-La première est que Washington, face à ses nouvelles restrictions budgétaires, a décidé d'intervenir dorénavant à travers ses relais locaux qui, eux, ont les moyens et l'ambition de devenir des puissances régionales. Ces relais locaux sont d'abord ceux qui, historiquement, ont toujours été présents dans cette région : au premier plan, les deux anciennes puissances coloniales, la France et la Grande-Bretagne (puissance militaire et technologique), sans oublier la fidèle héritière de l'empire ottoman, la Turquie, nouvelle puissance économique et militaire. Le Qatar, diplomatiquement et médiatiquement très présent, espère aussi être reconnu comme une nouvelle puissance régionale. Il aspire à devenir un de ces relais de la puissance américaine, qui aura l'avantage d'être le seul à appartenir à la « nation arabe ». Fait important, ces pays (France, Grande-Bretagne, Turquie et Qatar), qui sont déjà des acteurs influents dans l'évolution des révolutions arabes, sont tous membres de l'OTAN ou hébergent d'importantes bases américaines, et ont en commun d'avoir noué des relations diplomatiques et économiques avec l'Etat sioniste.-La seconde conséquence de cette situation nouvelle est que ces relais locaux, tout en agissant pour les intérêts US, œuvrent aussi pour leurs propres intérêts. C'est, très logiquement, une « juste » rétribution qu'« autorise » le gendarme américain : • ainsi, profitant des révolutions arabes, les anciennes puissances coloniales européennes (France et Grande-Bretagne) tentent de reprendre pied dans cette région, où elles espèrent devenir l'intermédiaire obligé ; • la Turquie, de son côté, voudrait reconquérir, à travers son dynamisme économique, son aire d'influence qui s'étendait de l'Asie centrale au Maghreb. L'Etat sioniste qui entretient des relations économiques florissantes avec le capitalisme turc ne fait pas exception.
Business is Business ;
Quant au Qatar, fort de sa toute nouvelle puissance financière et médiatique, il promeut une parole libre (mais évidemment orientée) reflétant toutes les tendances politiques du monde arabe, dans le but de s'imposer comme le centre d'un nouveau rayonnement pan-arabe. C'est à la lumière de ce contexte qu'il faut interpréter l'action du Qatar, ainsi que son rapport avec le Shaykh Al-Qaradawi et la chaîne satellitaire Al-Jazeera. Pour comprendre le rôle du Shaykh Al-Qaradawi, il faut retracer son historique. Issu des Frères musulmans égyptiens, Shaykh Al-Qaradawi a payé très cher son opposition publique et franche à la dictature égyptienne ; il croupit, pendant toute une partie de sa vie, dans les prisons égyptiennes. Jusqu'à très récemment, tous les mouvements politiques islamiques des pays arabes, sans aucune exception, vivaient sous une terrible répression, faite de meurtres, disparitions, emprisonnements, massacres, ou encore de tortures. Et cela, dans l'indifférence de tous les médias occidentaux. Shaykh Al-Qaradawi a toujours refusé de se taire sur le droit d'expression de tous les peuples et sur son anti-sionisme viscéral. Le seul pays qui a, finalement, accepté de l'accueillir tout en lui laissant sa liberté de parole fut le Qatar. Il fit même plus, il lui attribua un canal (Al-Jazeera) pour lui permettre de s'adresser à toutes les masses arabes. La quasi-totalité des dirigeants des mouvements politiques islamiques en exil, ou subissant la répression, lui emboîtèrent le pas. Contournant la censure exercée par toutes les dictatures arabes, ils purent, à travers Al-Jazeera, exprimer leur point de vue et en débattre avec les autres mouvements d'opposition arabes.
Ainsi, à travers Al-Jazeera et le rayonnement du Shaykh Al-Qaradawi, le Qatar a obtenu ce qu'il voulait : être une puissance médiatique incontournable dans cette région.
Grâce au Qatar, le Shaykh Al-Qaradawi et beaucoup de mouvements islamiques réprimés ont obtenu en retour le droit de s'exprimer et de débattre publiquement. Ce qui était irréalisable et inespéré dans leur propre pays, et cela depuis plusieurs décennies. Aujourd'hui, le Qatar compte bien tirer ses dividendes de sa politique d'ouverture, audacieuse à l'époque, vis-à-vis des mouvements politiques islamiques. L'émirat s'implique, désormais, directement dans les révolutions arabes, financièrement, médiatiquement, diplomatiquement et même militairement, si cela doit s'avérer nécessaire. Pour cela, l'émir du Qatar en personne n'a pas hésité à reprendre en main la chaîne Al-Jazeera. La direction a été remaniée pour qu'elle réponde plus fidèlement aux orientations politiques du pays. Si la situation du monde arabe n'était pas aussi dramatique, on pourrait sourire de ce petit émirat royal qui soutient les soulèvements populaires et donne des leçons de démocratie, alors que l'émir lui-même est arrivé au pouvoir en destituant son propre père. Du Nord ou du Sud, musulman ou non, nous n'oublierons jamais ce qui rassemble ces Etats (France, Grande-Bretagne, Turquie, Qatar) qui se posent aujourd'hui en modèle pour les peuples arabes : Dépasser l'impérialisme américain, combattre l'idéologie raciste que représente le sionisme, s'affranchir du modèle consumériste occidental et de sa logique capitaliste, requièrent la mise en place d'un projet alternatif de société pour les pays arabes. Le chemin sera certainement long et difficile. Par contre, ce qui est déjà clair aujourd'hui, c'est que ni la France avec ses philosophies des Lumières qu'elle renie au quotidien, ni la Turquie avec son orientation islamo-libérale qui trahit l'essence de notre foi musulmane, ni les pétrodollars d'un Qatar consumériste et égoïste, ne sont un exemple pour tous les peuples qui aspirent à se libérer. Et seul Dieu est Savant de toutes choses.


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