Secouées périodiquement par des crises internes, frappées de discrédit pour la majorité d'entre elles, objet de la défiance nourrie à leur égard et à l'endroit du militantisme partisan, les formations politiques tant du pouvoir que celles de l'opposition sont-elles aujourd'hui aptes à faire un travail de mobilisation et d'encadrement efficients ? La question se pose de leur capacité à éviter un affrontement direct entre citoyens et forces de sécurité, et donc de contribuer significativement à la socialisation politique et à l'œuvre de redressement national. Dans ce contexte, il est intéressant de comparer les résultats des élections législatives définitives de mai 2012 et celles de mai 2017 pour se faire une idée sur la cartographie sociale, afin de tirer les leçons pour l'élection présidentielle du 12 décembre 2019 et prendre des mesures appropriées par une réorientation urgente de la politique socio-économique 2020/2025/2030. 1.-Résultat des élections législatives de mai 2012 et de mai 2017 1.1-Pour les élections législatives de mai 2012, nous avons 21.645.841 électeurs inscrits dont les électeurs votants de 9.339.026. Le parti du FLN a représenté par rapport aux votants 14,18% et 6,12% par rapport aux inscrits, le RND 5,66% par rapport aux votants et 2,42% par rapport aux inscrits, l'alliance verte 5,09% par rapport aux votants et 2,19%par rapport aux inscrits, le parti des travailleurs 3,04% par rapport aux votants et 1,30% par rapport aux inscrits et les autres partis moins de 1%. Les listes de 2012 ayant remporté l'élection ont été classées en fonction des voix recueillies et des sièges obtenus, selon l'ordre ci-après : Front de libération nationale Nombre de suffrages recueillis : 1.324.363 Nombre de sièges obtenus : 221- Rassemblement national démocratique Nombre de suffrages recueillis : 524.057 Nombre de sièges obtenus : 70-Alliance Algérie verte Nombre de suffrages recueillis : 475.049 Nombre de sièges obtenus : 47 - Front des Forces socialistes Nombre de suffrages recueillis : 188.275 Nombre de sièges obtenus : 21-Indépendants Nombre de suffrages recueillis : 671.190 Nombre de sièges obtenus : 1 -Listes du Parti des Travailleurs Nombre de suffrages recueillis : 283.585 Nombre de sièges obtenus : 17 --Listes du Front national algérien Nombre de suffrages recueillis : 198.544 Nombre de sièges obtenus : 09- Front pour la Justice et le Développement (ADDALA) Nombre de suffrages recueillis : 232.676 Nombre de sièges obtenus : 07 - Mouvement populaire algérien Nombre de suffrages recueillis : 165.600 Nombre de sièges obtenus : 06 - Parti El-fedjr El-Jadid Nombre de suffrages recueillis : 132.492 Nombre de sièges obtenus : 05 - Parti national pour la Solidarité et le Développement Nombre de suffrages recueillis : 114.372 Nombre de sièges obtenus : 04 - Front du Changement Nombre de suffrages recueillis : 173.981 Nombre de sièges obtenus : 04 -AHD 54 Nombre de suffrages recueillis : 120.201 Nombre de sièges obtenus : 03. -Alliance nationale républicaine Nombre de suffrages recueillis : 109.331 Nombre de sièges obtenus : 03 -Front national pour la Justice sociale Nombre de suffrages recueillis : 140.223 Nombre de sièges obtenus : 03- Union des Forces démocratiques et Sociales Nombre de suffrages recueillis : 114.481 Nombre de sièges obtenus : 03- -Rassemblement algérien Nombre de suffrages recueillis : 117.549 Nombre de sièges obtenus : 02- Rassemblement patriotique républicain Nombre de suffrages recueillis : 114.651 Nombre de sièges obtenus : 02-Mouvement national d'Espérance Nombre de suffrages recueillis : 119.253 Nombre de sièges obtenus : 02 - Front El-Moustakbel Nombre de suffrages recueillis : 174.708 Nombre de sièges obtenus : 02 -Parti El-Karama Nombre de suffrages recueillis : 129.427 Nombre de sièges obtenus : 02- Mouvement des citoyens libres Nombre de suffrages recueillis : 115.631 Nombre de sièges obtenus : 02- Parti des Jeunes Nombre de suffrages recueillis : 102.663 Nombre de sièges obtenus : 02- Parti Ennour El Djazairi Nombre de suffrages recueillis : 48.943 Nombre de sièges obtenus : 02- Les autres partis, le Parti du Renouveau algérien, le Front national démocratique, le Front national des Indépendants pour la concorde et enfin la 28ème liste le Mouvement El-Infitah ont obtenu un siège chacun. Le taux de participation selon le Ministère de l'intérieur a été de 43,14% dont les suffrages exprimés de 7.634.979 avec des bulletins nuls de 1.704.047. En tenant compte des bulletins nuls nous avions en mai 2012 environ 35,30% des électeurs qui s'étaient exprimés en faveur des partis, soit 64,70% qui n'avaient pas confiance aux partis. 1.2-- Pour le 04 mai 2017, nous avons eu 8 528 355 votants sur 23 251 503 inscrits. . Nous avons pour les résultats. - FLN : 164 ; RND :97 ; Alliance HMS :33 ; TAJ :19 ; Les indépendants :28 ; Nahda-Adale-Bina :15 ; MPA :13 ; Front El Mousakbal :14 : FFS : 14 ; Le Parti des Travailleurs 11 ; RCD : 9 ; ANR :8 ; Mouvzement de l'Entente Nationale 4 ; PLJ : 2 ; Parti El Karama :3 ; Parti de la Jeunesse 2 ; Ahd 54 :2 ; RNR :2 ; Mouvement Infitah :2 ; Front du Militantisme National :2 ; FDL :2 ; PNSD :2 ; FNA : et pour les autres partis dont Fadjr Djadid, El Islah, Alliane Takatoul El Fath, FNJS, UFDS, Front National des Libertés, PRA, L'Alliance pour la Rassemblement National, L'Alliance Nationale pour le Développement, Le Mouvement National des Travailleurs Algériens et le Mouvement des Citoyens libres chacun 1 siège. Le FLN par rapport au nombre de siège représente 35,50%, le RND 20%, l'Alliance MSP 7,14%, TAJ 4,11%, Alliance Nahda-Adala/Bina 3,25%, le FFS 3,03%, Le Front Mustaqbal 3,03%, le MPA, 2,81%, le Parti des Travailleurs 2,38%, le RCD 1,95%, l'ANR 1,73% et les indépendants 6,06%. Par rapport au nombre d'inscrits le taux baisse sensiblement pour chacun des Partis reflété par le taux de participation : Alger, 28,27%, Chleff avec 28,66%, Oum Bouaghi 30,24%, Bejaia 18,47%, Bouira 28,27%, Jijel 31,10%, Setif, 34,22%, Sikda, 37,72%, Annaba 35,39%, Constantine 26,14%, Boumerdes, 27,58%, Mila 29,36% et Ain Defla 34,56% . Les taux ayant dépassé les 50% ont été à Adrar, 52,10%, Laghouat 53,48%, Tamanrasset 57,04%, Mostaganem 57,50%, El Bayad 50,54%, Illizi 65,06% Tissemsilt 82,12%, et Tindouf, 62,73%. Pour la foruchette supérieure à 45% nous avons Mascara 48,89%, Oran 45,64%,( dont le FLN a obtenu 15 sièges sur 18), Khenchela 47,20% Naama 47,17%, Ain Temouchent 45,15% et Batna 46,27%. Selon les données du Ministère de l'Intérieur, le taux de participation global aux élections législatives du 4 mai 2017 au niveau national et au sein de la communauté nationale à l'étranger s`est établi à 37,09%. Les bulletins nuls qui se sont établis à 2.098.324, représentent 24,60% rapportés sur le nombre de votants. Par rapport aux inscrits, nous avons le taux de 9,02% donc 28,07% qui ont voté pour les partis ou indépendants, donnant 71,93% des inscrits qui ne font pas confiance à la classe politique contre 64,70% en 2012. 2.-Quelles leçons tirer du divorce Etat -citoyens? 2.1-Le taux de participation est faible devant tenir compte dans les calculs également de la population réelle en âge de voter, donc de ceux qui ne se sont pas inscrits. L'on doit en tirer toutes les conséquences et surtout agir pour remédier au divorce Etat-citoyens par l'implication de la société civile. Il y va de la crédibilité nationale et internationale de l'Algérie. Privilégions sans passion, l'avenir du pays étant en jeu. N'ayons pas une vision de sinistrose vis-à-vis de l'avenir de l'Algérie, ni autosatisfaction source de névrose collective. Un changement de trajectoire s'impose en urgence car le statut quo serait suicidaire. Aussi face à cette situation – tout en rappelant que le discrédit qui frappe le système partisan n'est pas spécifique à l'Algérie, car la révolution mondiale des systèmes de communications produit partout à l'émergence de nouveaux comportements – il y a urgence à adapter les partis politiques , souvent déconnectés de la société et présentant pour la majorité d'entre eux la spécificité d'être liés à des intérêts de rente. Il s'agit donc d'introduire d'avantage de rigueur dans la procédure relative à la création des partis, sans pour cela verser dans l'excès qu'induit inévitablement toute approche bureaucratique de la chose politique. Il est sans doute utile, voire nécessaire, de s'intéresser à la représentativité des partis avant de décider de leur avenir. En tout état de cause, il nous semble plus équitable, et plus juste politiquement, de raisonner en termes de marché électoral et de laisser, dès lors, les règles du jeu politique et le nombre d'acteurs qui s'y adonnent, se fixer de manière concurrentielle. Le rôle des pouvoirs publics consistera alors à mettre en place les garde-fous indispensables et à veiller au respect strict des lois et des règles qui régissent le fonctionnement de ce marché. Quant à la société civile, force est de constater qu'elle est impotente. La confusion qui prévaut actuellement dans le mouvement associatif national rend malaisée l'élaboration d'une stratégie visant à sa prise en charge et à sa mobilisation. L'implication de la société civile dans les affaires de la cité est un acte éminemment civilisationnel, qui intègre les changements d'une société en pleine mutation, et une manière d'aboutir à un projet de progrès. Sa diversité, les courants politico-idéologiques qui la traversent et sa relation complexe à la société et à l'Etat ajoutent à cette confusion, rendent impérative une réflexion collective. En raison de la très grande jeunesse de la société civile, des conditions historiques qui ont présidé à sa naissance et des événements tragiques qu'a connus notre pays et auxquels elle a été directement ou indirectement associée, la question qui touche à sa mobilisation doit être traitée avec une attention et une vigilance soutenues. Constituée dans la foulée des luttes politiques qui ont dominé les premières années de l'ouverture démocratique, elle reflètera les grandes fractures survenues dans le système politique national. Sollicitée à maintes reprises, et à l'occasion d'échéances parfois cruciales, cette dernière manifestera souvent sa présence d'une manière formelle et ostentatoire, impuissante presque toujours à peser sur le cours des choses et à formuler clairement les préoccupations et les aspirations de la société réelle. Il est ainsi urgent d'engager une action vigoureuse de réorganisation et de redynamisation qui ne pourra être que salutaire pour elle. Cette action permettra, entre autres d'offrir un cadre adéquat d'expression collective à des centaines de milliers de jeunes et de moins jeunes qui ne sont pas structurés et qui ne demandent qu'à être utiles et à mettre au service de la communauté leur bonne volonté et leur générosité. Dans cet ordre d'idées, la création d'associations dans des secteurs qui sont porteurs mais qui restent vierges et complètement ignorés du mouvement associatif contribuerait à un encadrement des forces vives qui agissent dans la société de manière dispersée et un levier puissant de leur mobilisation en vue de leur implication active dans l'œuvre de redressement national. Mais cette politique n'a de chance de réussir que si le mouvement associatif est assaini et si les associations qui le composent ne sont pas au service d'ambitions personnelles inavouables, et parfois douteuses D'où l'urgence de profondes réformes. 2.2- Afin d'éviter de réitérer les résultats négatifs avec un fort taux d'abstention et surtout se projeter sur l'avenir avec l'avènement de la quatrième révolution économique mondiale fondée sur le savoir, il faut que le pouvoir politique puisse se poser onze (11) questions et surtout les résoudre. 1.-Face aux contraintes politiques sociales et économiques internes et externes, quelle stratégie nationale d'adaptation au phénomène total et inexorable que sont les mutations tant internes que mondiales ? 2.-Réalisera t- on la transition par la fin de la légitimité révolutionnaire , du socialisme de la mamelle afin de légitimer l'échange d'une partie de la rente contre la dépendance et la soumission politique – et qui efface tout esprit de citoyenneté active, cette mutation nécessaire à un pouvoir où c'est la norme du droit et de la morale qui doit reprendre sa place pour légitimer le véritable statut de la citoyenneté ? 3.-Etant différées, douloureuses d'où l'urgence d‘une austérité partagée et d'une moralité sans faille de ceux qui auront à diriger la Cité, engagera t- on de véritables réformes structurelles économiques timidement réalisées du fait de rapports de forces contradictoires qui se neutralisent pour le partage de la rente des hydrocarbures ? 4.-. Le nouveau pouvoir engagera t-il les véritables réformes du système politique, centre névralgique de la résistance au changement et à l'ouverture en choisissant clairement des femmes et hommes d'une haute moralité et la réforme de la justice par l'application et l'adaptation du Droit? 5.- Comment faire pour que l'Algérie soit un pays émergent ayant une place dynamique au sein de la mondialisation, en analysant objectivement les impacts négatifs et positifs des impacts de l'Accord d'association avec l'Europe et son éventuelle adhésion à l'organisation mondiale du commerce (OMC), l'Europe et l'Afrique étant son espace social naturel, par la lutte contre la corruption qui se socialise devenant un danger pour la sécurité nationale ? 6.- Procédera t-il aux réformes du secteur des hydrocarbures, source de rente et objet de toutes les convoitises 7.-Comment intégrer la sphère informelle, loin des mesures autoritaires et déconnectées des réalités expliquant l'échec récent relatif de l'emprunt obligataire, contrôlant 40% de la masse monétaire en circulation et 65% des segments des produits de première nécessité ? 8.- Réalisera t-il les réformes du système éducatif, centre d'élaboration et de diffusion de la culture et de l'idéologie de la résistance au changement et à la modernisation du pays misant sur le nombre au détriment de la qualité donnant un système socio éducatif naufragé 9.-Quelles réformes du système financier qui est un préalable essentiel à la relance de l'investissement privé national et étranger, les banques publiques et privées étant au cœur d'importants enjeux de pouvoir entre les partisans de l'ouverture et ceux de préservation des intérêts de la rente, étant considérée, à juste titre, comme l'indice le plus probant de la volonté politique de l'Etat algérien d'ouvrir ou non l'économie nationale à la libre entreprise ? 10. Quelle réforme du secteur de l'agriculture par une nouvelle politique foncière et une nouvelle politique de gestion de l'eau ? 11.-Facteur de cohésion sociale quelle sera la nouvelle gestion des stratégies sociales et la mise en place de nouveaux mécanismes de régulations sociales devant revoir la gestion des caisses de retraite et de la sécurité sociale ? 3.-Réformes, bonne gouvernance et développement 3.1-Il suffit de faire une enquête au niveau de toutes les wilayas du pays en ce mois de septembre 2019, ce n'est pas de la sinistrose, mais l'amère réalité, pour constater la très grave crise morale que traverse le pays, du divorce croissant entre l'Etat et les citoyens. Sans la résolution de la crise politique, il ne faut pas être utopique, pas de développement pour l'Algérie du fait de la faiblesse tant de l'investissement national qu'international créateur de valeur ajoutée, la dépense publique avec la chute des recettes de Sonatrach ayant montré ses limites. L'élection présidentielle devra être transparente, devra reposant sur trois axes : une commission de surveillance des élections totalement transparente indépendante de l'exécutif et des actuels élus centraux et locaux, la révision du fichier et du code électoral afin que les pratiques du passé (fraude massive) ne se renouvelle pas. Il s'agit impérativement d'aller rapidement vers une élection présidentielle dans des délais raisonnables mais avec comme condition qu'elle soit transparente, loin des pratiques occultes du passé qui a vu la majorité de la population bouder les urnes. Cela implique forcément comme cela a été retenu en conseil des ministres du 9/09/2019 la révision du fichier et code électoral, la création d'une instance indépendante de supervision des élections où ni l'exécutif (gouvernement- surtout le ministère de l'intérieur et les Walis ), ni les députés/sénateurs et représentants des APC actuels dénoncés par Al Hirak , ne seront parties prenantes, appartenant aux candidats et à la société civile de désigner ses représentants. L'on devra être attentif tant à sa composante nationale qu'à travers ses réseaux des 48 wilayas, des personnalités morales et neutres. L'administration centrale et locale n'ayant jamais été neutre du fait de ses pratiques occultes datant depuis l'indépendance politique et pas seulement durant la période actuelle, l'actuel gouvernement composé en majorité d'anciens hauts fonctionnaires impliqués directement dans la gestion du passé et donc responsable de la situation actuelle, dont s'est fait l'écho la presse qui seraient impliqués pour certains de malversations ou de trafic dans les élections passées ( voir accusation du RND ministère intérieur pour avoir favorisé le FLN pour la wilaya de Tlemcen) non démentis par les intéressés est rejeté massivement par la population, qui l'assimile à tort ou à raison du fait de sa composante à la fraude. Un nouveau gouvernement de techniciens « neutre », est nécessaire, compromis entre le pouvoir, l'opposition et Al Hirak, tant pour crédibiliser l'action de la justice que pour favoriser la réussite du dialogue. Le président de l'Etat actuel par intérim continuant à assurer le fonctionnement de l'Etat sans s'immiscer dans les élections afin d'éviter la déstabilisation de l'institution suprême du pays. Seul un président légitime peut amender la constitution et mener les profondes réformes tant politiques qu'économiques pour arrimer l'Algérie au nouveau monde, en faire un pays émergent et elle en a les potentialités, élu sur la base d'un programme transparent, incluant les revendications légitimes d'Al Hirak. Dans ce contexte socio-économique difficile, s'impose un langage de vérité, que dans les prochaines années l'on ne pourra plus couvrir la paix sociale par une redistribution passive de la rente des hydrocarbures, que l'Algérie va traverser une importante turbulence économique avec des incidences sociales et politiques du fait du retard pour des raisons populistes dans la mise en œuvre des véritables réformes structurelles. 3.2-Car comment un responsable peut-il avoir une autorité morale auprès de ses collaborateurs ou des citoyens lorsqu'il verse lui-même dans la délinquance, risquant de contaminer la société. Dans ce contexte, je propose les trois mesures urgentes suivantes: Primo: tous les responsables politiques, président de la République, directeur de cabinet, secrétaire général et conseillers à la présidence de la république, le Premier ministre et ses proches collaborateurs, les ministres et les directeurs généraux de ces ministères, les walis, chefs de daïra, les députés, les sénateurs, les élus locaux et les directeurs généraux des entreprises publiques, ainsi que les dirigeants de tous les partis politiques et associations nationales doivent publier leur patrimoine ainsi que celui de leurs femmes et enfants tant au niveau national qu'à l'étranger. Cette déclaration doit être publique et insérée dans la presse nationale. Secundo: bien que la présomption d'innocence doit être la règle, toute personne ayant des implications directes ou indirectes avec les affaires de corruption, afin de ne pas utiliser sa fonction pour influencer la justice, doit démissionner, ne pouvant pas pour une période à déterminer avoir une fonction supérieure, créer un parti politique ou se présenter à un mandat électif. Tertio: afin d éviter la confusion entre les intérêts de l'argent et le service public, toute personne gérant des affaires directement ou indirectement doit démissionner d'une fonction publique ou élective quel que soit le niveau. Car comme l'a souligné le grand sociologue Ibn Khaldoun, il y a de cela plusieurs siècles «lorsque le pouvoir est atteint d'immoralité, c'est la décadence de toute la société». Les scandales financiers généralisés touchant la majorité des secteurs de l'activité nationale menacent les fondements de l'Etat algérien. Avec la situation géostratégique au niveau de la région, la menace est encore plus grande. Les dernières élections législatives et locales ont déjà montré un taux de non-participation très élevé. D'où l'urgence d' un renouveau de la gouvernance centrale et locale , par plus de moralité dans la gestion de la Cité, un Etat de Droit ne pouvant y avoir d'Etat de droit que si l'Etat n'est pas droit, c'est-à-dire immoral, s'impose pour des raisons de sécurité nationale. L'après hydrocarbures est à ce prix avec cet épuisement inéluctable des réserves du pétrole et du gaz conventionnel horizon 2030 et d'un bas prix pendant de longues années. Or la population algérienne qui est de 43 millions d'habitants au 1er janvier 2019 sera d'environ 50 millions en 2030 avec une demande d'emplois additionnelle qui varierait entre 300.000 à 400.000 personnes par an, nombre d'ailleurs sous estimé puisque le calcul de l'ONS applique un taux largement inférieur pour les taux d'activité à la population féminine, représentant pourtant la moitié de la population active et dont la scolarisation est en forte hausse, qui s'ajouteront au stock de chômage. En résumé, nous ne pouvons pas ne pas reconnaître le décalage qui existe entre les potentialités que recèle l'Algérie, et elles sont énormes, et le niveau de développement proprement dérisoire que le pays a atteint après plusieurs décennies d'indépendance malgré des dépenses monétaires colossales , uniquement entre 2000/2018 plus de 1000 milliards de dollars, et pour la période 1963/2019, devant pour toute comparaison, calculer la valeur à prix constants tenant compte de l'évolution de la cotation du dinar durant cette période (4 dinars un dollar en 1974, 118 dinars un dollar en 2019) . Tout modèle socio-économique est porté par des forces politiques, sociales et économiques pour sa mise en œuvre Les réformes nécessaires nécessiteront des stratégies d'adaptation tenant compte de la projection de notre environnement, bien commun, où le dialogue des cultures fondée sur la tolérance sera déterminant, pour éviter le sous-développement, la misère et des conflits préjudiciables à l'avenir de l'humanité. Il s ‘agira impérativement d'éviter de différer les réformes de structures, de prendre en compte ce désir de changement des deux tiers de la population , de combattre la corruption qui devient une menace pour la sécurité nationale, facteur de démobilisation des citoyens et également lutter contre toute forme de xénophobie et d'intolérance. Méditons Voltaire : monsieur je ne suis pas d'accord avec ce que vous dites, mais je me battrai de toutes mes forces pour que vous puissiez le dire ». Du fait des importants bouleversements géostratégiques mondiaux qui s'annoncent entre 2020/2030, l'Algérie qui traverse une phase cruciale de son histoire a besoin qu'un regard critique et juste soit posé sur sa situation sur ce qui a déjà été accompli et sur ce qu'il s'agit d'accomplir encore au profit exclusif d'une patrie qui a besoin de se retrouver et de réunir tous ses enfants autour d'une même ambition et d'une même espérance.