Comme chaque été, le transport clandestin des personnes et des marchandises gagne plus de terrain à la faveur du vide engendré durant la saison estivale par les transporteurs en commun urbains qui optent pour les lignes desservant les plages et sites côtiers. «Ceci est dû à l'insuffisance des campagnes de contrôle menées sur le terrain par les services de la direction des Transports, au moment où ils ont procédé, conjointement avec les services de la Sûreté de wilaya, à la saisie de 126 véhicules qui activaient sans agrément au courant du mois de mai. La situation du transport à Oran, marquée par une insuffisance de contrôle, laisse le champ libre à toutes sortes de transporteurs informels qui occupent la place», nous dira un responsable, avant d'ajouter: «Outre l'activité informelle, les transporteurs clandestins squattent la chaussée et les trottoirs réservés à l'espace piéton, voyez l'exemple de l'esplanade de Dar El Beïda, squatté tout au long de la journée par les transporteurs clandestins». Concernant ce problème, S.Mustafa habitant la cité Dar El Beïda dira: «La plupart de ces clandestins desservent la course de Sidi Maârouf au tarif de 20 dinars la personne. Le transport clandestin est fortement sollicité par les usagers de cette desserte marquée habituellement par une forte pression. Ce type de service soulage nombre de citoyens qui se trouvent dans le besoin urgent de se déplacer, mais cause un problème de concurrence déloyale à l'encontre des transporteurs légaux. En outre, si cette alternative propose au citoyen des avantages, il y a lieu de s'intéresser aux inconvénients des clandestins, voire même des risques. L'Oranais n'hésite pas à solliciter les services de ce type de transport en cas de besoin ou d'urgence parfois, et souvent, de manière spontanée. Mais les conséquences sont assez lourdes, en cas d'accident car, tout simplement, il n'est pas assuré». Les citoyens, de leur côté, appellent les autorités habilitées à prendre des mesures concrètes pour freiner ce phénomène qui, selon eux, prend plus d'ampleur pendant l'été. G.L. dira, à ce propos: «La qualité du service des opérateurs privés du transport en commun dans la wilaya ne cesse de se dégrader. Le secteur du transport a plus que jamais, atteint son paroxysme, révélant des pratiques des plus insolites, irrégulières, et parfois même, burlesques, dont le principal acteur est souvent le transport informel dit clandestin». D'autres citoyens évoquent l'impact négatif du transport clandestin pendant la période de l'été. Hadja Zoubida dira: «Chaque été, tous les trottoirs du centre-ville se transforment en parkings pour les transporteurs clandestins qui desservent les destinations des plages de la Corniche, ce qui pose de graves problèmes de circulation routière». Sur les raisons ayant favorisé le développement de ce phénomène, un ancien cadre du secteur du transport explique: «Effectivement, le transport informel s'est développé ces derniers temps, notamment à Oran où le recours aux transporteurs clandestin est devenu tout à fait normal. L'exemple de la station de taxis extra-urbains d'Arzew, Béthioua et Gdyel, au niveau des HLM de Seddikia, est plus qu'explicite. Dans cette station, il existe des taxis en règle qui y sont depuis plus de quinze ans au minimum, et, en face, l'autre station, celle des transporteurs clandestins. Ceci c'explique, en quelque sorte, la situation du transport à Oran qui est marquée par une absence de contrôle, au point de donner naissance à ce genre de pratique, allant jusqu'à «normaliser le transport informel ». De leur côté, les transporteurs légaux insistent sur la nécessité de mettre un terme au phénomène du transport clandestin, qui menace leur gagne-pain. M.Mourad, propriétaire d'un bus de transport urbain, déclare, à ce propos: «Ce sont bien ces pratiques qui limitent notre activité. Plus ils travaillent, moins l'on gagne. On lance un appel aux autorités locales pour éradiquer ce phénomène qui nuit aux opérateurs activant dans la légalité et même à l'économie nationale». Dans ce contexte, la responsable du Bureau d'inspection et du contrôle de la direction des Transports affirme: «Les différentes sorties effectuées par nos éléments sur le terrain ont donné lieu à la saisie de 100 véhicules, rien que pour le mois passé. Ces véhicules ont tous été mis à la fourrière. Sur ce total, 38 véhicules sont restés 45 jours dans la fourrière, pendant que leurs propriétaires ont été soumis au conseil de discipline. Il s'agit surtout de personnes qui transportaient voyageurs et marchandises sans autorisation. Ce type d'infractions est classé de troisième catégorie». Pour leur part, les transporteurs clandestins défendent leur position par l'absence d'opportunité d'activer légalement face à leurs besoins d'existence et de celles de leurs familles: «Nous n'avons pas le choix, ils ne nous délivrent pas d'agrément pour travailler légalement et ils nous empêchent de travailler informellement»…
