Le barrage de Chorfa d'une capacité théorique de 100 millions de mètres cubes, selon ses constructeurs japonais et dont la réalisation a duré de 1986 à 1991, ne peut toujours pas préserver plus de 27 millions de m3, en raison d'une fuite chronique s'écoulant à l'avant de sa digue et qui reste une source d'inquiétude pour ses riverains. Pour en savoir plus sur les origines et l'impact de cette fuite, tout ce que nous avons pu récolter comme informations, dans la localité de Chorfa abritant quelque 3.000 habitants, parmi eux 135 riverains, c'est que ces derniers se disent très préoccupé par cette «cassure» qui, selon eux, s'est déclarée au bas- côté droit de la digue du barrage. Mais, selon les agents d'exploitation, sous le couvert de l'anonymat, «la digue n'est pas touchée». Et d'ajouter: «Cette fissure se trouve entre la digue et le sol de la montagne, à laquelle cette digue est amarrée». Toujours selon les mêmes sources, «Cela fait plus de trois mois que cette fuite est apparue…» Affirmation que battent en brèche les riverains, appuyés par un article de la VO, publié auparavant et pour qui ce problème perdure depuis plus d'une année. Interpellés sur la question, les jeunes de ce hameau ne paraissent pas inquiets outre mesure par ce qui se passe à leurs pieds, tandis que leurs aînés craignent qu'une secousse tellurique ou un glissement de terrain se produise, alors que le problème est loin d'être résolu. Il faut dire qu'à ce moment-là, tout le monde s'est mis à se remémorer le séisme de 1994 qui a frappé la région et dont l'épicentre avait été localisé à Hacine. Rappelons que cette région a connu un grand bouleversement avec ce tremblement de terre et la décennie tragique quand le terrorisme a investi ces lieux, ce qui a valu à cette contrée d'être inscrite parmi les zones sinistrées. Reconstruite depuis dans sa majeurs partie, les habitants qui ont fui les lieux, sont retournés à leurs terres d'origine, pour les travailler. Or, après avoir consacré tant d'efforts à développer l'économie de la région, voilà que le spectre de la ‘'fuite'' étend ses ailes sur leur existence. Il faut dire que personne n'est en mesure de situer l'origine de cette cassure ou de confirmer ou infirmer l'existence d'une source à ce niveau-là. En tous cas, les multiples visites de responsables venus d'Alger ou de la wilaya de Mascara, n'ont guère aidé à lever le voile sur ce mystère. Certains parlent de réaliser des forages, afin de localiser le problème, «au moment où le wali de Mascara en fait une question primordiale», nous affirme-t-on du côté de l'exploitation. Une chose est sûre: le barrage en question n'a jamais été aussi approvisionné depuis 1991. Cette année, son niveau a atteint les 43 millions de M3, avant de redescendre à 27,7 millions de M3. Quant au débit de cette fuite qui s'échappe de cette crevasse, il était de 51 litres/seconde (l/s) à son plus haut niveau et maintenant que le niveau d'eau a baissé, le débit n'est plus que de 12 l/s. Dans le souci de voir plus clair, nous avons essayé d'établir des liens avec les responsables de l'Agence Nationale des Barrages (ANB), en commençant par l'antenne qui se trouverait à Mohammadia, aux dires des responsables de la subdivision de l'Hydrauliques à Sig. Mais à la ville des oranges, le gardien de l'antenne locale nous fera savoir que ses activités ont été regroupées au siège régional, dans la wilaya de Tlemcen. Faute de mieux, nous avons opté pour les bureaux de l'exploitation du barrage et tenté de joindre leurs responsables: «Nous avons reçu l'ordre de la tutelle de ne point prendre langue avec les médias, quels qu'ils soient (TV, presse écrite ou parlée)», nous ont-ils rétorqué. Ce refus de communiquer est pour le moins inquiétant sur la situation vécue par cet ouvrage de grande dimension et qui reste vide aux deux tiers, en dépit des apports sans précédents reçus durant l'automne 2008 et l'hiver 2009.