Le CREAD, le Centre de recherche en économie appliquée pour le développement, à travers une enquête menée récemment, vient de tirer le rideau sur la fragilité de l'économie algérienne, du moins dans sa substance interne. Sur 7.500 PME, 42% des effectifs ne sont pas déclarés et 30% de leurs chiffres d'affaires échappent au fisc. C'est dire si le phénomène de l'évasion fiscale a pris des proportions inquiétantes en Algérie. La sphère informelle de l'économie contribue de manière alarmante à l'ampleur du phénomène puisque, d'après l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA), a laissé entendre récemment que le manque à gagner induit par l'évasion fiscale dans les transactions commerciales en Algérie dépasse 200 milliards de dinars annuellement, soit au cours actuel 2,6 milliards de dollars. C'est-à-dire qu'environ 80% des transactions commerciales se font sans aucune facturation. Pis, près de 900.000 sur le 1,2 million commerçant inscrits au registre de commerce (CNRC) ne payent pas leurs cotisations sociales et que l'approvisionnement des 2/3 de la population provient de la sphère informelle. Concernant la dualité consommation/revenus, une enquête de septembre 2007 réalisée par le CNAEP fait ressortir que 70% des revenus des ménages algériens vont aux besoins essentiels. Les chiffres établis par l'ONS vont encore plus loin que le taux avancé par le CNEAP. En termes clairs, 80% du revenu moyen est consacré aux produits de première nécessité, chose qui a été à l'origine de la révision de l'indice des prix de l'ONS qui semble être sous estimé. Le gouvernement entend encourager la production locale et la consommation du produit algérien à travers l'introduction de plusieurs nouvelles lois. Il est attendu, justement, de la LFC 2010, plus d'éclairages à ce sujet. L'interdiction de l'importation de certains produits finis, produits localement, de l'exportation des déchets ferreux, l'imposition de plusieurs taxes sur l'importation de différents équipements –les bus, par exemple, entre 20 et 50 millions de centimes- et la taxation des importations de céréales sont évoquées. Cependant, si le gouvernement venait à resserrer les règles d'importation d'intrants, la production locale risque d'être sérieusement mise à mal puisque la majorité des entreprises publiques et privées fonctionnent à partir des matières premières importées et que la transformation locale contribue peu à la valeur ajoutée. Pis, un rapport financier du ministère de l'Investissement datant de janvier 2009, fait ressortir que 70% des entreprises publiques ont un ratio de solvabilité négatif. Pour ainsi dire, les nouvelles lois en cours d'études au niveau du gouvernement, allant dans le sens de soutenir la production locale en resserrant à nouveau les règles d'importation, risquent d'être aussi préjudiciables pour certaines entreprises dont la trésorerie est réputée faible. La régulation au niveau interne s'avère être aussi importante car l'évasion fiscale est en passe de devenir le cancer numéro 1 qui gangrène l'économie nationale.