PARIS - La Grande Mosquée de Paris (GMP) a renoué jeudi avec sa campagne hivernale en faveur des démunis auxquels des repas chauds seront servis trois mois durant, action caritative devant bénéficier journellement à quelque 300 personnes, a-t-on appris auprès du responsable des moyens généraux à la Mosquée, Zoubir Salhi. "Même avec un démarrage quelque peu tardif (date initiale fixée au 1er décembre), nous renouons avec cette campagne, désormais ancrée dans les traditions de la Grande mosquée de Paris qui, pour ce faire, mise surtout sur les dons des fidèles", a indiqué ce responsable à l'APS. A l'instar des autres actions caritatives lancées en France en pareille saison, la 25è campagne de la Mosquée de Paris pour venir en aide aux démunis a été quelque peu "chamboulée" par la crise économique que traverse l'Europe. "Cela a déteint sur nos bailleurs traditionnels qui, crise oblige, n'ont pu nous accompagner dans notre effort caritatif. Mais les contributions des fidèles ont quelque peu compensé ce gap que la Mosquée a eu du mal à combler cette année", a regretté M.Salhi. En plus des dons en nature des bienfaiteurs (apports non chiffrés par la Mosquée), la GMP comptait traditionnellement sur l'apport des services de la DASS (direction des affaires sanitaires et sociales) de Paris, dont la contribution s'est élevée à 35.000 euros, lors de la campagne de 2009. "J'ai comme l'impression que les difficultés financières de certaines institutions en France nous ont été sucrées. Sinon comment expliquer l'absence pour la deuxième année consécutive (2010 et 2011) de cette subvention de la DASS", a indiqué le responsable des moyens généraux à la GMP. Sollicitée au même titre, la Mairie de Paris n'a pas daigné répondre à ce jour. "Nous ne doutons pas de la bonne volonté du Maire et de celle de ses services qui étaient enclins à une telle aide. Mais, la Mairie dans son ensemble n'est pas encore sortie d'un débat juridique autour du droit de contribuer au financement d'une action caritative lancée par la Mosquée", a indiqué M.Salhi. Selon lui, la direction de la Mosquée redoute que toutes ces réticences ne soient un "signe" lui indiquant qu'elle doit désormais compter sur la seule contribution des fidèles et de ses fonds propres pour "les deux années à venir, tant que la crise sévira". "La GMP ne se considère pas, pour autant, victime d'une intention particulière vu les bons rapports qu'elle a et qu'elle compte garder avec toutes les instances et les institutions du pays", a, toutefois, signalé M. Salhi pour qui il n'est pas facile de renoncer à une tradition vieille de 24 ans et à une "religion qui mérite sa splendeur". La Mosquée de Paris est le seul établissement de culte musulman en France à organiser des campagnes de solidarité envers les démunis en période hivernale. "Nous en sommes fières, même si les moyens ne nous permettent pas une plus large couverture des besoins exprimés", a confié le même responsable. Devant s'étaler jusqu'au 20 mars prochain, cette opération destinée aux démunis û indépendamment de leurs origines ou confessions, intervient après celle initiée au mois de ramadhan, soit une période de couverture de quatre mois. Le coût global de l'opération pour la seule période hivernale a été estimé cette année à 140.000 euros, hors dons des bienfaiteurs qui ne sont pas chiffrés. L'action envers les démunis a été initiée la premier fois par Cheikh Abbes, alors recteur de la Mosquée de Paris, en 1986-1987, saison durant laquelle la France a connu un hiver des plus rigoureux. La Mosquée offrait, durant les trois ans qui ont suivi, gite et nourriture aux démunis. Mais l'irrespect par certains des mesures d'hygiène, a contraint la Direction de la Mosquée à se contenter d'offrir un repas chaud après avoir constaté une dégradation de certains de ses locaux, a indiqué M. Salhi pour qui "il n'était plus possible de laisser les lieux se clochardiser".