L'Union européenne (UE) a élargi jeudi les sanctions à l'encontre de responsables russes et ukrainiens pro-russes en riposte au rattachement de la Crimée à la Russie, au moment où le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon préconise une solution pacifique à la crise ukrainienne. L'UE a élargi la liste de personnalités russes et ukrainiennes pro-russes frappées d'interdiction de visa et de gels des avoirs, a annoncé la chancelière allemande Angela Merkel, affirmant que le rattachement de la Crimée à la Russie exige "une réponse résolue et unie de l'Europe et de ses partenaires". S'exprimant à quelques heures de la réunion des chefs d'Etat et de gouvernement européens à Bruxelles sur la question, elle a expliqué qu'"en cas d'escalade, (...) nous sommes prêts à chaque instant à passer à la phase trois des sanctions et il s'agira sans aucun doute de sanctions économiques". Concernant l'avenir de la Russie dans le G8, et la tenue d'un sommet du G8 en juin, la chancelière a déclaré que "tant que les conditions politiques ne sont pas réunies pour une réunion de cette envergure, il n'y a plus de G8, ni le sommet, ni le format en tant que tel". Les préparations pour le G8 en juin dans la ville russe de Sotchi ont été suspendues en raison de la situation en Crimée. Les 28 pays de l'UE pourraient annuler le sommet Russie-UE prévu en juin à Sotchi, mais ne devraient pas aller jusqu'à des sanctions économiques qui porteraient atteinte à leurs intérêts. D'éventuelles sanctions économiques contre la Russie, nuiraient directement aux intérêts des Occidentaux, l'UE dépendant considérablement du gaz russe. L'UE dépend également de la Russie pour ses achats de pétrole, de diesel et de charbon. Certains pays, comme la Grèce, la Finlande et la Bulgarie, s'inquiètent pour les livraisons de gaz russe. La Crimée accélère son intégration effective à la Russie L'Ukraine, qui a perdu de facto la Crimée, ses deux millions d'habitants et de ses stations balnéaires, a perdu aussi le contrôle de ses gisements gaziers de la mer Noire, qui pourraient revenir au géant russe Gazprom. La déclaration d'indépendance votée par le parlement de la péninsule séparatiste en vue de son rattachement à la Russie, porte également sur "le plateau continental et la zone économique exclusive en mer". L'une des premières décisions des autorités séparatistes de la péninsule après le référendum a été de "nationaliser" la société locale en charge de l'extraction des hydrocarbures, Tchornomornaftogaz, filiale de l'opérateur public ukrainien Naftogaz. Le numéro deux du gouvernement de Crimée, Roustam Temirgaliev, a indiqué au journal russe Kommersant que l'appel d'offres pour sa "privatisation" serait lancé rapidement et que Gazprom avait fait part de son intérêt. Dans une nouvelle réplique au traité signé par la Russie et les autorités pro-russes de Simféropol, l'Ukraine a décidé mercredi d'introduire les visas pour les Russes et de sortir de la Communauté des Etats indépendants (CEI) regroupant onze ex-républiques soviétiques. Néanmoins, Kiev a fait marche arrière jeudi en déclarant qu'il ne se presserait pas pour introduire des visas pour les Russes. Les autorités russes ont pour leur part commencé mercredi à distribuer des passeports russes aux habitants de Crimée. Le chef de l'ONU préconise une solution pacifique à la crise ukrainienne Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon rencontrera jeudi à Moscou le président russe Vladimir Poutine et le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, puis se rendra vendredi à Kiev. Cette visite impromptue fait partie de ses efforts diplomatiques pour encourager toutes les parties à résoudre la crise actuelle de manière pacifique, selon un communiqué de l'ONU. A Kiev, il aura des entretiens avec le président en exercice Olexandre Tourtchinov et le Premier ministre Arseni Iatseniouk ainsi qu'avec des représentants de la société civile. "Le secrétaire général a constamment appelé de ses voeux une solution qui soit guidée par les principes de la Charte des Nations unies", c'est-à-dire notamment la souveraineté et l'intégrité territoriale des Etats, a indiqué l'ONU. Le porte-parole de l'ONU Stéphane Dujarric avait indiqué mardi que l'ONU croyait toujours en la diplomatie pour résoudre cette crise, ajoutant que M. Ban "demande fermement à toutes les parties concernées de reprendre un dialogue constructif pour résoudre cette crise".