Les Bosniens votaient dimanche dans des élections générales qui interviennent dans un contexte économique difficile marqué par la persistance des divisions ethniques près de deux décennies après la fin de la guerre intercommunautaire. Au total, 3,3 millions d'électeurs sont appelés à élire les trois membres (serbe, croate et musulman) de la présidence collégiale du pays, renouveler le Parlement central de même que les Assemblées des deux entités, l'une serbe et l'autre croato-musulmane qui forment la Bosnie depuis la fin de la guerre intercommunautaire de 1992-95. Les deux entités qui forment actuellement la Bosnie sont unies par des faibles institutions centrales héritées de l'accord de paix de Dayton (Etats-Unis), qui a mis fin à la guerre, mais qui a consacré la division du pays, d'un côté la fédération croato-musulmane composée essentiellement de musulmans ou bosniaques ainsi que de Croates et de l'autre la Republika Srpska (RS, entité serbe). Dix-neuf ans après la fin de la guerre, ce pays des Balkans de 3,8 millions d'habitants continue de subir les effets de la guerre intercommunautaire rendant difficile les tentatives de renforcer les pouvoirs des autorités centrales. Le discours nationaliste en force Les musulmans qui veulent bâtir un Etat central fort avec de larges prérogatives font face au refus des Serbes dont la volonté d'établir un Etat indépendant est toujours aussi forte. Le président sortant de l'entité serbe, Milorad Dodik, qui brigue un second mandat ne fait pas mystère de son projet de faire sécession. "L'objectif de ma politique est de transformer notre entité en un Etat!", a-t-il dit. Mais pour être réélu, Dodik avec son parti le SNSD (l'Union des sociodémocrates indépendants) doit venir à bout de l'opposition rassemblée autour du SDS (Parti démocratique serbe) et du SDP (Parti du progrès démocratique). Chez les bosniaques, le Parti de l'action démocratique (SDA), de Bakir Izetbegovic, et l'Union pour un meilleur avenir (SBBBiH) de Fahrudine Radoncic font figures de favoris. Du côté des Croates, la coalition réunies autour du Parti HDZ BIH veut parler au nom des Croates pour défendre leurs intérêts. Comme à chaque élection, les discours nationalistes des candidats font souvent mouche en mobilisant les électeurs de leurs propres communautés au détriment d'une démarche nationale commune qui dépasse les querelles ethniques. Ces divergences freinent notamment les réformes qui seraient nécessaires au rapprochement avec l'Union européenne (UE) qui a demandé notamment à la Bosnie d'amender sa Constitution, une condition pour permettre à ce pays de demander officiellement le statut de candidat à l'UE. Un contexte économique difficile Ces élections interviennent dans un contexte économique difficile. La Bosnie, un des pays les plus pauvres d'Europe, dont 18% d'habitants vivent dans une pauvreté extrême, a été secouée en février par une explosion sociale sans précédent depuis la fin de la guerre, les manifestants dénonçant la pauvreté et la corruption. Le climat social s'est encore crispé après les graves inondations qui ont frappé le pays en juin provoquant des dégâts estimés à 2 milliards d'euros, soit environ 15% du PIB. Les accusations de détournement des 800 millions d'euros d'aide étrangère débloqués pour faire face à l'urgence se sont multipliées, renforçant ainsi la suspicion vis à vis de la classe politique jugée corrompue et loin des préoccupations de la population. Le chômage touche environ 44% de la population active de Bosnie, un chiffre qui montre la fragilité économiques du pays qui n'arrive toujours pas à décoller malgré les aides surtout européennes. Pour certains ces élections sont une chance pour punir les dirigeants actuels du pays pour leur échec à sortir la pays de la torpeur dans laquelle il se trouve depuis plusieurs années. Les quelque 5.400 bureaux fermeront à 19H00 locales (17H00 GMT). Les premiers résultats préliminaires, dont ceux pour la présidentielle, seront annoncés à 22H00 GMT par la commission électorale.
