Le rôle des associations et des clubs dans la formation de la personnalité de l'Algérien résistant contre l'occupation française et dans le renforcement des liens de solidarité, a été mis en exergue jeudi à Oran par des enseignants et chercheurs universitaires. Lors d'une journée d'étude organisée par l'équipe de recherche "histoire des associations dans l'Oranie" relevant du Centre de recherche en anthropologie sociale et culturelle (CRASC), des chercheurs ont souligné que "les associations et clubs constituaient un creuset où se mêlaient les espoirs et les aspirations des jeunes algériens pour un avenir meilleur sans l'occupant". Abordant l'association "El Falah", créée en 1937 à Medina Jdida (Oran), Djillali Houria a rappelé que cette association très célèbre a été fondée sous la coupe de l'Association des oulémas musulmans algériens et la supervision du cheikh El Bachir El Ibrahimi avec la contribution de cheikhs Tayeb et Miloud El Mehadji et Said Zemmouchi. Après la fondation de l'Association des ulémas musulmans algériens en 1931 au club "Al Taraqi" à Alger, il était question pour ses membres d'impliquer Oran dans le mouvement réformateur avec la création de l'association "El Falah", dans le but de préserver l'identité nationale et faire face à toute idée de l'occupant français visant à ébranler les constantes de la nation algériene, en plus de son rôle caritatif, a-t-elle évoqué. Une école "Al Falah" a été également créée forgeant des élèves qui sont devenus plus tard d'importants chefs de la révolution algérienne dans la région dont Ahmed Zabana et Hamou Boutlélis. Cette école a joué un rôle très important dans l'ancrage des valeurs du patriotisme, de la solidarité et de l'entraide entre Algériens, ce qui lui a coûté la fermeture pour incitation à la haine contre la France, a-t-elle souligné. De son côté, le Chercheur Azzouz Ahmed de l'Université d'Oran 1 a affirmé que la période entre les deux Guerres mondiales a été marqué par l'émergence d'intellectuels, de journalistes et de sportifs algériens conduisant à la création de beaucoup de clubs, à leur tête le club "Al Taraqi" en 1927 à Alger, considéré comme premier noyau de la pensée révolutionnaire algérienne et vélomoteur de "l'Algérie moderne", a-t-il rappelé. Ce club a animé le mouvement religieux, culturel et sportif contribuant à la création de l'Association des ulémas musulmans algériens le 5 mai 1931, d'une association caritative en automne 1933 et de l'association "El Kawkab" dirigée par le célèbre poète, Moufdi Zakaria en compagnie de cheikh Tayeb El Okbi et cheikh Abderrahmane El Djillali. Il a, au passage, évoqué le club El Bayane de la wilaya de Mascara fondé en 1993 et qui oeuvre pour la préservation du patrimoine intellectuel et culturel et artistique algérien. Disposant d'un riche programme historique, culturel, littéraire, sportif, artistique et cinématographique, ce club se focalise également sur le volet caritatif et de solidarité dans la wilaya, selon l'intervenant. Pour sa part, le professeur chercheur Bouchikhi Cheikh de l'Université d'Oran 1 a affirmé que le travail de bienfaisance et volontariat sont innés chez l'Algérien rappelant, à titre d'exemple, qu'à l'époque ottomane, les gens construisaient des maisons et des salles de prière et réalisaient des sources d'eau pour être utilisées par les voyageurs et leurs montures. Ces lieux sont financés par le Trésor de l'époque (Bait mal el mouslimine) mais aussi de la Zakat et de dons de bienfaiteurs, a-t-il souligné, ajoutant que le meilleur exemple de solidarité sociale et de fraternité entre Algériens reste indéniablement la "Touiza", tradition amazighe toujours existante, où des notables des villages et les zones rurales s'organisent pour venir en aide aux démunis.