Rassemblés dans les quelques cafés populaires de la Casbah, dans ses rues marchandes, des habitants se lancent dans un énième épilogue sur leur cité, leur quotidien de plus en plus pesant, mais refusent d'abdiquer devant cette "fatalité" implacable qui semble poursuivre la vieille médina d'Alger promise, depuis des lustres pourtant, à une réhabilitation qui la sauverait du déclin. Le centre historique de la capitale, classé au patrimoine mondial de l'humanité par l'Unesco 26 ans auparavant et dont on célèbre la journée nationale ce 23 février, n'a plus la force, comme ces habitants, d'"attendre et (de) croire à des solutions miracles" de restauration et de relance économique et touristique. Une perspective qui semble, aux yeux des riverains, s'"éloigner au fil des années", alors que le tissu urbain de la Casbah d'Alger continue à se dégrader inexorablement, faute d'interventions décisives sur une partie du bâti, fragilisé certes, mais encore debout. Malgré cette situation et l'effondrement de plus de 370 douiret (20% du parc immobilier) laissant des plateformes béantes dans la cité, l'activité de guide touristique commence à se développer. Mais là encore les structures de base ne suivent pas: bureau du tourisme, restaurants, cafés, boutiques de souvenirs, voire des toilettes publiques sont quasiment inexistants. Jugeant l'activité touristique quasiment absente, les experts de l'Unesco préconisent des activités culturelles et économiques "durables" allant de pair avec la "restauration urgente" du bâti et insistent sur le "maintien sur place" des habitants, seuls à même de redonner une âme à la Casbah d'Alger. En visite dans la vieille médina, les experts de l'Unesco -qui ont travaillé sur la réhabilitation de plusieurs centres historiques de ville du monde- ont vite fait de situer les défaillances: des faiblesses dans le plan de sauvegarde et une complexité administrative pénalisante qu'il faut "rapidement" corriger.