Le village agricole socialiste (VAS) de Chaâbet El Ameur à quelque 40 km à l'est de Boumerdès, demeure encore en chantier, bien que son existence remonte à près de trente ans. En effet, des constructions à peine entamées, d'autres semi-finies sont en ruines, d'autres encore entièrement reconstruites par leurs acquéreurs représentent le décor qui saute aux yeux de tout visiteur. Il est situé à 4 km de la municipalité surplombant légèrement une bonne partie de la RN 68. Il tire son nom « Dix blancs » d'un lieu sis loin de là, habité durant la colonisation par dix pères blancs, si l'on se réfère à une version locale. Certains affirment qu'il s'appelait auparavant « Adhghagh amellal » (pierre blanche). Il compte actuellement près de 300 familles. En matière d'infrastructures, on a dénombré des édifices qui devaient servir de bureau de poste, de mairie, de maison de jeunes, de souk el fellah, tous en ruines, réalisés à 30%, mais ils font l'objet d'un délaissement avant même l'achèvement des travaux. Livrés ainsi au gré du temps, on a tenté même de les squatter pour en faire usage d'habitation si ce n'était l'intervention des services municipaux alertés par les riverains. Quant aux habitations proprement dites, leur vente a débuté en 1987. Elles étaient cédées à un prix variant entre 30 000 DA et 100 000 DA, selon le taux de leur réalisation, mais à l'heure actuelle, le coût de chacune a atteint les 2 millions de dinars, voire plus. Une aire de jeux située au centre de ce bourg a été occupée illicitement par les riverains qui s'adonnent à l'élargissement de leurs logis. On a dénombré également une école primaire comprenant trois salles de cours, qui abrite des travaux de construction de trois autres locaux pour remédier à la surcharge des classes. A quelques pas de là, une unité de soins sans médecin, alors qu' il avait été promis à la population par l'APC sortante. Les artères de ce village attendent toujours d'être revêtues. Excepté une partie de la voie principale, le reste se transforme en bourbier à la moindre chute de pluie. Pour ce qui est de l'alimentation en eau potable qui commence à se faire sentir en cette période, un villageois déclare : « Notre village est alimenté deux fois par semaine mais d'une manière irrégulière. » En outre, la population attend désespérément l'arrivée du gaz de ville à l'instar du chef-lieu communal et d'autres localités rurales. « Les responsables locaux ont laissé entendre que notre village est programmé pour bénéficier de ce combustible précieux mais pour l'instant nous ne voyons rien venir », ajoute notre même interlocuteur.