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Un maire au pied du mur
Publié dans El Watan le 26 - 07 - 2008

Le maire de Rouiba ne se fait pas trop d'illusion sur ses prérogatives réelles.
Derrière son beau bureau orné de l'emblème national des deux côtés et du portrait du Président accroché au-dessus de sa tête, l'homme paraît plutôt maître à bord. Et pourtant…« Moi, premier magistrat de la commune… mais non… ! Savez-vous que je suis incapable d'acheter même une petite camionnette de démoustication ? Le fournisseur m'a demandé un chèque, mais le trésorier de la commune ne veut rien savoir, estimant que ce moyen de payement est interdit. Il m'a conseillé d'adresser une demande de dérogation à l'administration du Trésor pour une éventuelle dérogation. Cela fait plus de deux mois et je n'ai pas encore reçu l'autorisation d'acheter ce véhicule alors que la saison estivale tire à sa fin et les moustiques avec… ». Merzouk Lakrouz est visiblement dégoûté de découvrir le vrai pouvoir d'un maire, bien qu'il ait été DEC juste après les fameuses APC FIS. « Mir ou Rabi Kbir », c'était hier, c'était au temps « béni » du FLN par le peuple et souvent contre lui…
A présent, il ne souhaite qu'une chose : finir, au mieux si possible, son mandat à la tête de Rouiba et remettre les clés de son bureau. Notre P/APC n'en peut plus de subir les blocages et les pressions de l'administration. « Ici, le vrai patron c'est le wali délégué, pas moi. Figurez-vous qu'il rejette même des délibérations adoptées à la majorité par notre assemblée et qui plus est concernent directement le bien-être de nos concitoyens. » Des projets avortés bien plus importants que la petite camionnette, notre maire en cite à la pelle. Gazonnage d'un stade, réalisation d'une piscine olympique, réhabilitation du jardin public, construction d'un centre culturel multifonctionnel…« Le budget 2008 nous a été rejeté parce que nous avions inscrit le projet de revêtement du stade 20 Août en gazon. Ça nous a coûté trois mois de retard… vous vous rendez compte ! » Et de s'écrier : « Pourquoi, alors, on pérore sur l'importance de la jeunesse tandis qu'on me refuse de recruter 40 chômeurs pour servir d'agents de nettoiement des artères de la ville ! Cela fait quatre mois depuis que j'ai saisi la wilaya pour me donner le OK, en vain. » Et dire que l'APC s'est engagée à les prendre en charge dans le budget communal. « Si j'étais un élu FLN ou RND, les choses auraient sans doute tourné autrement, seulement voilà… »
Par le peuple et pour… l'administration
Ce maire FFS, le seul dans toute la wilaya d'Alger, vit sa condition comme un intrus. Son fauteuil il le doit à la population qui était sortie dans la rue le soir du vote pour mettre en garde les « fraudeurs ». Mais c'était mal parti pour lui. Dès sa prise de fonction, on lui signifie que son siège était éjectable. Pressions, intimidations, menaces, tentatives de « travailler » son SG…Merzouk Lakrouz dit avoir eu affaire à diverses formes de manœuvres de déstabilisation. « J'ai compris que les "vautours" et "la mafia locale" ne voulaient pas qu'une commune qui pèse 91 milliards de centimes revienne à un maire d'un parti d'opposition. Rouiba aiguise les appétits et ils savaient qu'avec moi, ils allaient perdre leur bifsteack ! », lâche-t-il, fier. Pour autant, les projets tournent au ralenti par le fait d'une administration tatillonne qui, d'après lui, « fait tout pour me discréditer aux yeux des citoyens ». M. Lakrouz brosse un tableau caricatural des vrais « pouvoirs » d'un maire en Algérie. Il n'a strictement aucune influence ni sur le commissaire de police, ni sur le chef de la brigade de gendarmerie, ni sur le trésorier communal et encore moins sur la gestion de la distribution des logements passée aux main du wali délégué. « Premier magistrat de la commune, mais je ne lis même pas le BRQ (Bulletin de renseignement quotidien), voyez un peu mon pseudo pouvoir.
Je suis juste bon à recevoir les "chikayate" (requêtes) des citoyens qui frisent parfois le manque de respect, tant la patience des gens a ses limites. » Et notre maire dit comprendre parfaitement la réaction de ceux qui réclament la concrétisation des promesses de campagne. « J'ai beau leur expliquer que je n'ai pas le pouvoir de distribuer les logements, ils ne veulent rien savoir », affirme-t-il. Pour eux, l'équation est simple : « On t'a élu suivant tes engagements, débrouille-toi alors de les honorer. » Merzouk Lakrouz qui traîne encore les séquelles de la campagne électorale – ses cordes vocales ayant lâché ! – se lance un défi : faire aboutir les nombreux projets inscrits « vaille que vaille ». « Ce sera mon baroud d'honneur vis-à-vis des citoyens de ma commune qui me connaissent bien. »Une question lui tient particulièrement à cœur : le règlement du contentieux de deux lotissements (Cadat et Haouch Rouiba) qui traîne depuis… 1991 avec à la clé une multitude d'attributaires, selon les accointances du P/APC du moment. Pour le logement, le maire se montre impuissant, renvoyant la balle au wali délégué. « Il ne m'a même pas associé en tant que membre de la commission à l'examen des recours introduits après l'affichage de la liste des bénéficiaires des 80 logements… A croire que c'est lui l'élu, pas moi. »Merzouk Lakrouz maudit presque le fait que sa commune soit aussi riche pour rien… Au moins une quinzaine de projets restent en instance à cause des appels d'offres souvent infructueux. Motif ? Le code des marchés publics oblige les P/APC à passer leurs publicités par le canal exclusif de l'Anep qui les publie dans de petits journaux « que même leurs propriétaires ne lisent peut-être pas… », ironise le maire.
En désespoir de cause, il recourt au système « D » qui consiste à appeler des responsables d'entreprises à venir soumissionner pour un projet. « Chez nous, c'est encore le règne de l'oralité à l'ère des nouvelles technologies de l'information », explique le maire de Rouiba, déçu. Ces « règles » de gestion prouvent, d'après lui, que le P/APC en Algérie est dépouillé de ses prérogatives et que les décisions sont prises ailleurs que dans le bureau du maire. Et au-delà du retard « énorme » accusé dans ces faux problèmes, l'édile de Rouiba déplore que le trésorier de la commune fasse fuir les entreprises qui ont du mal à encaisser leur argent. « Que voulez-vous que je fasse quand un patron vient dans mon bureau et réclame son argent, alors que, moi, j'ai signé le bon de commande mais le trésorier rechigne à le débloquer. Non, franchement, c'est intenable de se savoir presque inutile derrière ce bureau », fit-il dépité. Merzouk Lakrouz n'ira pas ce matin à la coupole du 5 Juillet pour assister à la réunion des P/APC avec le président de la République, boycottée par son parti ; mais il aurait aimé lui dire ceci : « Rendez-nous le pouvoir local M. le Président ! »


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