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Ils dirigeaient les maquis du GIA et de l'AIS : Des émirs à la une des médias
Publié dans El Watan le 21 - 09 - 2008

Si le gouvernement a été prompt à réagir aux « dérives » avérées ou supposées de certains titres de la presse nationale, coupables « sans le vouloir » de prêter le flanc, en bonnes « gazettes des maquis », à la propagande terroriste, il s'est néanmoins montré incapable de faire cesser les incursions répétées dans le débat public des ex-émirs et des dirigeants du FIS dissous. Pourtant interdits de déclaration publique, d'exercer une quelconque activité politique, Abassi Madani, Ali Benhadj et Rabah Kebir, les ex-chefs terroristes, multiplient les déclarations fracassantes et dangereuses et dont la presse, nationale et étrangère, s'en fait régulièrement l'écho.
Plus de doute chez les émirs de l'AIS et du GIA. Il existe bel et bien une vie après le maquis. Et pas des plus monotones. Politiquement recyclés, médiatiquement courtisés, les semeurs de la mort qu'étaient Kertali, Mezrag, Benaïcha, Layada, Hattab… n'auraient certainement pas rêvé meilleure reconversion. Dans le business, la politique, dans les médias, les seigneurs de guerre – repentis ou élargis – sont sur tous les fronts. Mardi 5 août. A la une du quotidien El Khabar, une interview presque surréaliste de Madani Mezrag.
L'ex-émir de l'armée islamique du salut, signataire en 1997 d'une trêve « unilatérale » avec l'armée algérienne, s'offre une tribune de premier choix. Le ton haut, le regard perçant, Mezrag se déchaîne. Le chef de guerre annonce pour la énième fois la « création prochaine » de son parti. « Nous pouvons organiser un congrès par n'importe quel moyen et à n'importe quel moment », lance-t-il défiant. Mezrag affirme se passer, si besoin est, de l'« autorisation » du ministre de l'Intérieur. Le président de la République, son chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, en prennent largement pour leur grade. Bouteflika ne peut s'attribuer, à ses dires, le mérite d'être « l'initiateur du projet de la réconciliation nationale, comme le prétend Ouyahia, qui déclare toujours que c'est Bouteflika qui en possède les droits d'auteur (…). Cela est faux et n'est qu'une surenchère ».
Onze ans après avoir avantageusement négocié sa reddition, Mezrag, le plus volubile des chefs terroristes en rupture de ban, est devenu une incontournable figure médiatique. Il organise des conférences de presse, donne des interviews aux médias nationaux et étrangers, participe à des meetings politiques (en présence même du chef de l'Etat), l'ex-émir, amnistié en 2000 avec 5000 autres terroristes, occupe fièrement le devant de la scène. S'il est le plus en vue, il n'est cependant pas le seul à profiter des largesses qu'offrent à l'heure de la réconciliation l'Etat et les médias. Ahmed Benaïcha, ex-émir AIS de l'Ouest, Mustapha Kertali, ex-émir de la phalange Errahmane qui sévissait à Larbâa, Ali Benhadjar, émir de la phalange El Wafa du GIA, stationné à Tamezguida, chef de la Ligue islamique pour la daâwa et le djihad (Lidd) en 1997, Abdelhak Layada, fondateur du Groupe islamique armé, et Hassan Hattab, fondateur du GSPC, « blanchis » sur pardon décrété, sont les nouveaux « clients » de nombreux journaux.
Les tueurs d'hier s'affichent, les traits décontractés, le discours arrogant, à la une des journaux. El Khabar, Echourouk Al Yaoumi, l'Expression… suivis par Annahar, leur offrent généreusement leurs colonnes, grillant la vieille politesse aux journaux étrangers, londoniens surtout, comme Al Shark Al Awsat, Al Qods Al Arabi, Al Hayat, à la chaîne Al Jazeera, réputés servir de « relais » médiatique à la guérilla islamiste algérienne.
Ouyahia et les gazettes des maquis
La promotion faite aux anciens terroristes s'est-elle transformée en cours de route en propagande au profit des terroristes en activité ? La presse a-t-elle de nouveau franchi le Rubicon ? Le gouvernement Ouyahia semble, lui, persuadé du franchissement de la « ligne rouge ». Ahmed Ouyahia nous le fait savoir d'un ton que la presse lui connaît si bien : celui de la menace soigneusement enveloppée. Tiré de sa torpeur estivale par une série d'attentats kamikazes du GSPC, Ahmed Ouyahia sort de ses gonds à l'ouverture de la session d'autonome de l'APN, le 2 septembre dernier. « La presse a tout intérêt, et ce n'est pas une menace, à reprendre raison et à ne pas servir de tribune à des gens qui n'épargnent personne », a-t-il dit.
Le procès fait à la presse, accusée cette fois-ci d'« intelligence avec l'ennemi », n'est pas nouveau en soi. Abderrachid Boukerzaza, ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement enfonce le clou mercredi 10 septembre. « Certains médias, déclarait le ministre, se font involontairement l'écho de la propagande terroriste ». Si le gouvernement a été prompt à réagir aux « dérives » avérées ou supposées de certains titres de la presse nationale, coupables « sans le vouloir » de prêter le flanc, en bonnes « gazettes des maquis », à la propagande terroriste, il s'est néanmoins montré incapable de faire cesser les incursions répétées dans le débat public des ex-émirs et des dirigeants du FIS dissous. Pourtant interdits de déclaration publique, d'exercer une quelconque activité politique, Abassi Madani, Ali Benhadj et Rabah Kebir, les ex-chefs terroristes, multiplient les déclarations fracassantes et dangereuses et dont la presse, nationale et étrangère, s'en fait régulièrement l'écho.
Esprit de réconciliation oblige, les pouvoirs publics s'abstiennent étrangement de rappeler à l'ordre Ali Benhadj, auteur d'un appel au meurtre lancé contre les deux diplomates algériens à Baghdad, détenus et exécutés par Zarkaoui fin juillet 2005. Abdelhak Layada, amnistié en 2006, déclarait dans un entretien publié par El Khabar le 17 août dernier : « Je n'appellerai jamais à l'arrêt des violences. » L'ancien « tôlier », fondateur du GIA en 1993, touché par la grâce présidentielle qui l'a absous de tous ses crimes, ne sera ni inquiété ni accusé de faire l'apologie du terrorisme. Tout comme il ne sera pas inquiété pour d'autres déclarations non moins graves et insidieuses. L'« intérêt journalistique » de ce type d'entretiens réside, selon Hamid Y., auteur des interviews de Layada et Mezrag, dans le fait qu'elles « collent » à l'actualité et qu'elles suscitent des « polémiques » et un débat public. Le général Khaled Nezzar et l'ancien ministre de la Communication, Abdelaziz Rehabi, ont été amenés à réagir aux déclarations des deux ex-émirs.
Mezrag… Layada, les « bons clients » des médias
« Ce n'est pas parce que Mezrag et Layada étaient des ex-chefs terroristes qu'on doit les bouder. Nous les sollicitons parce qu'ils étaient partie prenante dans la crise, et de ce fait, ils ont des choses à dire sur la dégradation de la situation sécuritaire. Il se trouve aussi que parmi nos lecteurs, beaucoup sont contents de savoir ce que pense Layada par exemple. » Le journaliste d'El Khabar, spécialisé dans l'information sécuritaire, trouve révoltant que le gouvernement accuse la presse d'accointance avec le terrorisme alors qu'il n'a pas hésité à utiliser politiquement Madani Mezrag et Layada lors de la campagne en faveur de la réconciliation nationale. Mais Ouyahia, rappelle-t-il, n'en est pas vraiment à sa première salve lâchée à l'endroit de la presse. « En 1997, dit-il, après le massacre de Bentalha, Ouyahia a fait, presque mot pour mot, la même déclaration sur la presse. La situation sécuritaire ne s'est pas améliorée pour autant ».
Larbi Zouak, le réacteur en chef du quotidien El Khabar, s'indigne que Ouyahia ose coller à la presse indépendante l'accusation de « soutien » au terrorisme. « La presse était aux premières lignes dans la lutte antiterroriste et a payé pour son engagement un lourd tribut. » L'accusation du chef du gouvernement viserait, selon lui, à amener l'ensemble de la presse à faire « l'impasse » sur les actes terroristes. « Vaine prétention à l'heure de la technologie internet et de la mondialisation de l'information. Ce qui nous est demandé, c'est d'ignorer les crimes de ces sanguinaires et de faire l'impasse sur ce qu'ils publient sur internet », affirme le red-chef. Depuis juin 1994 et en vertu d'un arrêté interministériel relatif au traitement de l'information, les médias nationaux « sont tenus » de ne reprendre que les communiqués officiels. Ceux du ministère de l'Intérieur. Nombre de titres de la presse nationale ont été suspendus, censurés ou interdits pour avoir enfreint cette « procédure ». Accusés d'« atteintes à la sûreté de l'Etat et à l'ordre public », ou de « diffusion d'informations tendancieuses faisant l'apologie du crime et de la subversion », des journaux comme Liberté, Le Matin, La Nation, El Watan, El Oumma… ont fait les frais entre 1993 et 1996 de suspensions répétées et de censure.
Malmenée et ridiculisée par les « sources officielles », la presse jette son dévolu sur les sources « alternatives », « anonymes » ou carrément « situées dans le camp ennemi ». Les communiqués du GSPC dit Al Qaïda au Maghreb diffusés sur des sites islamistes sont repris par nombre de journaux souvent avec une déconcertante légèreté. « Al Qaïda veut pulvériser le palais de la Présidence » titrait sensationnellement un confrère, quelques jours seulement après les sanglants attentats des Issers et de Bouira, en août dernier.
Le service « presse » du GSPC, une source d'information ?
Devant l'incapacité des services de l'Etat à jouer pleinement la carte de la transparence en matière d'information sécuritaire, objet de rétention excessive, la « cellule de communication du GSPC » s'est imposée comme une source d'information presque « incontournable ». Des informations faisant état de projets d'attentats visant l'ex-chef de gouvernement, Abdelaziz Belkdadem, et le palais de la Présidence, puisées à partir d'un communiqué du GSPC sont publiées sans état d'âme à la une des journaux. Le souci d'éviter la propagande « ennemie » s'efface brusquement devant la recherche du sensationnel. Les titres et sujets accrocheurs, Echourouk en a fait son dada. Ce quotidien, un des plus gros tirages de la presse nationale, 500 000 exemplaires, selon son rédacteur en chef, Mohamed Yakoubi, a réussi à imposer un « style » particulier dans le traitement de l'information sécuritaire. En plus des très à la mode interviews d'émirs – (le journal a interviewé Mezrag, Kertali, Benhedjar, Benaïcha, et diffusé également des tribunes de Hassan Hattab..., ndlr), Echourouk surprend et innove. La rédaction de ce quotidien est allée même jusqu'à tirer de l'anonymat la mère… d'Abdelmalek Droukdal, dit Abou Moussaab Abdelwadoud, chef du GSPC. Le quotidien Annahar copiera le procédé en mars dernier.
Un appel à libérer les otages autrichiens a été lancé par l'intermédiaire de ce journal par Fatima Hamadou, mère de Hamadou Abid, dit Abdelhamid Abou Zaïd, chef présumé du commando d'Al Qaïda au Maghreb islamique, qui avait revendiqué l'enlèvement le 22 février des deux touristes autrichiens en Tunisie. Les premiers attentats suicide du 11 avril 2007 à Alger donneront à Echourouk Al Youmi l'occasion de montrer la redoutable efficacité de sa méthode. Les familles des kamikazes du palais du Gouvernement et du commissariat de Bab Ezzouar sont projetées en une. Des reportages-fleuves, réalisés au quartier La Montagne d'où est issu un des kamikazes, quantité de détails sordides sont proposés aux lecteurs du quotidien à prédominance islamiste. « Nous nous disons que notre mission, c'est de tout savoir sur ces kamikazes et de tout rapporter à nos lecteurs. Pour ce faire, nous interrogeons pères et mères, amis, voisins… et ne négligeons aucun élément », affirme le responsable de la rédaction, Mohamed Yakoubi, qui déclare ne pas se sentir pour autant concerné par les accusations du chef du gouvernement.
« Nous, nous entretenons de très bons rapports avec le gouvernement et nous soutenons et la réconciliation nationale et la lutte antiterroriste », affirme Yacoubi. Echourouk « régulièrement menacé par Al Qaïda ne peut être accusé, selon lui, de soutien au terrorisme ». « La propagande et l'apologie du terrorisme, conclut-il, ce sont les autres. » Comprendre les journaux concurrents. Le pouvoir politique demeure, d'après Zoubir Souissi, ex-président du Conseil de l'éthique et de la déontologie, « le seul et véritable responsable de cette situation ». « Ouyahia, dit-il, un dangereux multirécidiviste, auteur de mesures liberticides contre la presse, n'a pas à se défausser de la sorte sur la presse… alors que c'est le pouvoir politique qui, sous le couvert de la réconciliation nationale, a élargi les terroristes. »


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