Belkacem Sahli réitère son intention de prendre part aux présidentielles du 7 septembre    Recensement de l'agriculture à Mostaganem Réunion de préparation avant le jour «J»    La révolution des nouvelles technologies de l'information au sein d'un monde super-médiatisé et le rôle du journaliste et de l'intellectuel    «Pour des produits adaptés aux besoins des citoyens»    Répression Comment le système judiciaire esclavagiste américain renfloue les caisses des oligarques    « Ils menacent d'envahir Rafah, nous leur promettons l'échec et la défaite »    Une manifestation à Paris prônant la fin de l'agression israélienne    Ligue 1 Mobilis : Les présidents de clubs souhaitent un aménagement équilibré du calendrier    Abdelhak Benchikha de retour, et des interrogations    Coupe d'Algérie 2023-2024 : les résultats complets des finales    «Je suis une femme de terrain pas des réseaux sociaux»    Déplacements périodiques et inspection des projets    Enfin un toit pour 4.122 familles    Le Zimbabwe accueillera le premier Forum de l'ONU    La Lune, ses influences, son pouvoir magique…    "Médias algériens: Réalité et Perspectives", thème d'une Conférence du RND    Décès du journaliste Abdelhalim Atik : la Direction générale de la communication à la Présidence de la République présente ses condoléances    Protection civile : la coopération avec la Tunisie " doit être appliquée davantage sur le terrain "    Batimatec 2024 : inauguration de la 26ème édition avec plus de 900 exposants    Le Premier ministre s'entretient avec le vice-président du Conseil présidentiel libyen    Sommet de l'OCI: le Premier ministre rencontre le président de la Commission de l'UA    Le président de l'Assemblée nationale congolaise en visite officielle en Algérie à partir de dimanche    Oualid présente à Londres les efforts de l'Algérie pour renforcer l'écosystème des start-up et appuyer l'investissement étranger    L'ANR appelle à une forte participation aux présidentielles du 7 septembre prochain    Allocution du président de la République au 15e Sommet de l'OCI    Le sommet de l'OCI félicite l'Algérie pour l'inauguration de Djamaâ El-Djazaïr    Krikou met en exergue la place importante de la femme au sein du projet institutionnel du Président de la République    La Gendarmerie nationale met en garde contre le phénomène de l'arnaque et de l'escroquerie sur internet    Mois du patrimoine: le 9e Festival national de la création féminine célèbre les costumes et les bijoux algériens authentiques    Natation/Championnats d'Afrique Open: l'Algérie décroche six nouvelles médailles, dont trois en or    Sétif: une pléiade d'artistes et de réalisateurs à l'ouverture des Journées internationales du cinéma    Le wali honore la presse locale    A Monsieur le président de la République    Recueillement à la mémoire des martyrs de l'attentat terroriste de l'OAS du 2 mai 1962    Grand prix de cyclisme de la ville d'Oran : Nassim Saïdi remporte la 28e édition    AG Ordinaire du Comité olympique et sportif algérien : adoption des bilans et amendement des statuts    La protesta estudiantine occidentale face aux lobbies sionistes.    Megaprojet de ferme d'Adrar : « elmal ou Etfer3ine »    ALORS, MESSIEURS LES DIRIGEANTS OCCIDENTAUX : NE POUVEZ-VOUS TOUJOURS PAS VOIR LES SIGNES ANNONCIATEURS DUN GENOCIDE A GAZA ?    Témoignage. Printemps Amazigh. Avril 80    Le Président Tebboune va-t-il briguer un second mandat ?    L'imagination au pouvoir.    Le diktat des autodidactes    Prise de Position : Solidarité avec l'entraîneur Belmadi malgré l'échec    Ils revendiquent la régularisation de la Pension complémentaire de retraite: Sit-in des mutualistes de la Sonatrach devant le siège Aval    Coupe d'afrique des nations - Equipe Nationale : L'Angola en ligne de mire    Suite à la rumeur faisant état de 5 décès pour manque d'oxygène: L'EHU dément et installe une cellule de crise    Pôle urbain Ahmed Zabana: Ouverture prochaine d'une classe pour enfants trisomiques    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



De nombreux maghrébins sont installés depuis des années à Cagliari (Italie) : Les Sardes découvrent la culture arabe
Publié dans El Watan le 28 - 09 - 2008

Quelques minutes nous séparent du moment d'el iftar. Mohcen, un jeune restaurateur tunisien, n'observe pas le jeûne et en ce mois de Ramadhan, ses clients sont exclusivement Italiens. Les Maghrébins qui fréquentent cette charmante gargote située rue Alagon, au centre de Cagliari, préfèrent, en cette période sacrée, dîner chez eux. Une dame, la trentaine, fait son entrée dans le local, fuyant la soudaine pluie qui s'est abattue sur le quartier.
Cagliari (Sardaigne) : De notre envoyée spéciale
Elle commande un plat de couscous à emporter. Mohcen lui propose ses meilleurs mets, mais elle répond, catégorique : « Je veux un couscous au riz et que la sauce soit sans viande. » Le restaurateur, médusé, fixe de ses petits yeux noirs les yeux verts de la cliente et lui explique avec toute la diplomatie dont les Tunisiens ont le secret : « Signorina, les Italiennes me demandent toujours le couscous végétarien au riz, pour garder la ligne. Mais moi, je ne prépare pas cette chose car ce ne serait tout simplement plus du couscous. » La dame hésite un moment entre le couscous à l'agneau et celui au poisson et opte enfin pour la viande. Paola, 46 ans, est agent immobilier. Pour elle, les Maghrébins sont « de braves personnes qui ne posent aucun problème ». Elle affirme raffoler de tout ce qui appartient à la culture arabe et déguste bien volontiers leur cuisine. « J'ai plus de mal à m'entendre avec mes propres concitoyens », laisse-t-elle tomber, souriante, avant de quitter le Rimel, nom de la gargote.
Mohcen n'est pas au bout de ses peines. La prochaine cliente a, elle aussi, une question insolite. Dans son tailleur élégant et avec sa coiffure impeccable, elle semble une apparition incongrue devant le comptoir bondé de pots de crème de pois chiches et de menthe, au-dessus duquel pend une grande pancarte portant l'inscription : « Ici, on ne sert que de la viande hallal. » Ne l'ayant sans doute pas lue, elle demande au patron : « Votre shawarma, elle est préparée avec de la viande de porc, n'est-ce pas ? » Une telle question posée à Milan ou à Turin devant un cuisinier musulman passerait pour une grave provocation xénophobe. Mais Mohcen en a entendu d'autres. Stoïque et souriant, il demande : « Signora, on ne cuisine pas de porc chez moi.
Alors vous la voulez au veau ou à la dinde, votre shawarma ? » Plus loin, un autre restaurateur, propriétaire du seul restaurant arabe élégant de la ville, La Kasbah, se rappelle encore ses débuts difficiles. « Ce n'est que récemment que les Sardes ont commencé à apprécier notre cuisine. Lorsque j'ai ouvert mon premier fast-food arabe en 1994, les clients y entraient par curiosité, regardaient la shawarma, le kebab et sortaient sans rien commander. Aujourd'hui, je sers 90 couverts par repas et les tables ne désemplissent jamais. Cela change les Sardes des cuisine chinoise et mexicaine. » Ouahid est très fier de son restaurant, qui a pignon sur rue, Piazza Yenne. Il emploie une dizaine de personnes, entre Sardes et Tunisiens, qui préparent et servent d'appétissantes pizzas aux merguez ou à la chakchouka baptisées « chehili », « sarab » ou « rose des sables »...
Des noms exotiques pour les Cagliaritains et pleins de nostalgie pour les Maghrébins qui vivent dans cette ville côtière. A quelques pâtés de maisons de là, Antonella, 34 ans, tient une boutique d'habillement. Elle nous confirme, elle aussi, que les Cagliaritains « ne se sentent pas menacés par les immigrés algériens ». Elle nous dit qu'elle s'entend très bien avec sa voisine, une Pakistanaise qui vend des tapis orientaux. « Ces gens ne cherchent qu'à trouver du travail et à s'insérer dans notre société », affirme-t-elle, convaincue.
Malaise des anciens immigrés
Mais les immigrés maghrébins installés dans la ville depuis des années, voire des décennies, sont, eux, irrités par les arrivées incessantes de harraga. « Ils donnent une mauvaise image de notre pays et créent des problèmes aux autorités qui tentent de nous aider à fonder des associations et à nous intégrer », nous explique Abdallah Baraka, le plus ancien immigré algérien de Sardaigne, comme il aime à se définir. Il nous raconte avoir tenté d'aider les premiers arrivés, qui étaient, assure-t-il, « plus corrects ». Il n'est pas tendre non plus avec les rares femmes qui ont débarqué sur l'île, en août dernier. « L'une d'elles m'a apostrophé dans la rue. J'avoue qu'elle m'a fait si mauvaise impression que j'ai pris mes jambes à mon cou », raconte-t-il.
Un autre Maghrébin, conseiller comunal à Cagliari, Radhouan Ben Amara, ne comprend pas les proportions prises par le phénomène de la harga. « Pourquoi ces jeunes quittent-ils un pays magnifique comme l'Algérie ? Ils ne voient qu'une image virtuelle de l'Italie à la télévision. Ils viennent ici où ils trouvent une société xénophobe et raciste. Les Italiens, bien qu'ayant été de grands immigrants, n'ont rien compris. Désormais, ils voient en l'autre l'ennemi. Surtout les Arabes et les musulmans. » Militant dans les files du Parti des communistes italiens, ce Tunisien, professeur de littérature à l'université de Cagliari, voyage à travers le monde pour donner des conférences. Il affirme être préoccupé par l'attitude du gouvernement italien envers l'immigration. Selon lui, les harraga n'ont aucun avenir sur l'île. « Ces clandestins viennent ici à l'aventure. Ceux qui réussissent à échapper à la vigilance de la police, vont en Sicile, le ventre mou de l'Italie, et de là ils embarquent pour la France, souvent en Corse, une île toute proche. »
Il faut dire que les seuls secteurs où des immigrés d'origine maghrébine trouvent du travail sont ceux de la pêche (les Tunisiens) ou du commerce (marchands ambulants marocains). Redhouan raconte avoir rencontré, il y a quelques mois, quatre Algériens qui s'étaient échappés du centre d'Elmas ; ils vaguaient sans but. Il croit d'ailleurs qu'ils ont été appréhendés juste après. « Les immigrés maghrébins, qu'ils soient en situation légale ou pas, ne bénéficient d'aucune assistance de leurs gouvernements respectifs ou de leurs représentations diplomatiques », dénonce le conseiller municipal. Il revient sur le sort dramatique des deux jeunes Annabis sans papiers, Khaled Bendjeddou (22 ans) et Malek Ghiloubi (32 ans) accusés et condamnés pour l'assassinat d'une vieille clocharde cagliaritaine (lire El Watan du 28 octobre 2007). « Les deux jeunes amis s'étaient affectionnés à elle, ils lui faisaient ses courses. Arrêtés, ils pourrissent en prison sans qu'aucune preuve contre eux n'ait été établie. Un Algérien ne massacre pas une vieille de la sorte », commente Redhouan.
Les deux jeunes Algériens ont été défendus par un avocat nommé d'office par le tribunal de Cagliari. Sans doute que la vérité, seuls la pauvre victime et les deux condamnés la détiennent. Les Algériens de Cagliari déplorent que depuis cet épisode, même les associations caritatives, comme la Caritas où les deux harraga bénéficiaient de repas gratuits, « ne veulent plus entendre parler d'aider des Algériens. Ils nous voient désormais comme le diable en personne », nous explique Abdallah. Le conseiller Ben Amara estime que l'intolérance envers les immigrés commence à se propager également sur l'île, comme l'atteste, selon lui, le cas du jeune marchand ambulant sénégalais violemment battu, il y a quelques semaines, par le gérant d'un bar sarde qui reprochait à l'immigré africain de vendre des livres sur le trottoir longeant son établissement.
La Mosquée, seul lieu de rencontre
Après le f'tour, les musulmans vivant à Cagliari se rendent à la mosquée du centre-ville où Algériens, Sénégalais et Pakistanais, après avoir rompu le jeûne qui chez lui, qui sur place en dégustant des dattes et du lait, s'apprêtent à accomplir la prière des tarawih. Les Marocains fréquentent une autre mosquée, à la périphérie de Cagliari. La mosquée de Via del Collegio, un très coquet quartier de la capitale sarde, se trouve au rez-de-chaussée d'un immeuble à l'architecture typique de Cagliari, avec une grande influence espagnole. La propriétaire loue également des appartements, aux étages supérieurs, aux ouvriers sénégalais qui vivent en communauté, sans leurs familles. Les Pakistanais, eux, optent généralement pour le regroupement familial.
Naïm, un Pakistanais de 36 ans, nous explique qu'il interdit à son épouse de fréquenter la mosquée, « bien qu'elle porte un nikab qui ne laisse pas voir un seul de ses cheveux ». Brahim, un Oranais de Naples de passage à Cagliari, nous explique que Naïm n'arrive pas à trouver du travail depuis des mois. « Il se présente aux entretiens d'embauche tel que vous le voyez, vêtu de sa gandoura, avec sa longue barbe inculte », lance-t-il, compatissant pour son ami. En bas, dans l'église du quartier retentissent les cloches annonçant la prière des vêpres, alors qu'à la mosquée, les fidèles attendent l'arrivée de l'imam.
Brahim nous explique qu'il y a moins de prieurs, ce soir, car l'imam permanent, un Marocain, a dû se rendre à Tanger au chevet de sa mère malade. C'est un jeune Palestinien qui guide la prière des fidèles, en ce 19e jour de Ramadhan. Brahim reprendra demain le ferry pour Naples. Après trois mois passés ici, il n'a rien trouvé. Résigné, il décide de retourner dans sa ville d'adoption, Caserte, où il peut toujours compter sur ses amis algériens.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.