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De nombreux maghrébins sont installés depuis des années à Cagliari (Italie) : Les Sardes découvrent la culture arabe
Publié dans El Watan le 28 - 09 - 2008

Quelques minutes nous séparent du moment d'el iftar. Mohcen, un jeune restaurateur tunisien, n'observe pas le jeûne et en ce mois de Ramadhan, ses clients sont exclusivement Italiens. Les Maghrébins qui fréquentent cette charmante gargote située rue Alagon, au centre de Cagliari, préfèrent, en cette période sacrée, dîner chez eux. Une dame, la trentaine, fait son entrée dans le local, fuyant la soudaine pluie qui s'est abattue sur le quartier.
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Elle commande un plat de couscous à emporter. Mohcen lui propose ses meilleurs mets, mais elle répond, catégorique : « Je veux un couscous au riz et que la sauce soit sans viande. » Le restaurateur, médusé, fixe de ses petits yeux noirs les yeux verts de la cliente et lui explique avec toute la diplomatie dont les Tunisiens ont le secret : « Signorina, les Italiennes me demandent toujours le couscous végétarien au riz, pour garder la ligne. Mais moi, je ne prépare pas cette chose car ce ne serait tout simplement plus du couscous. » La dame hésite un moment entre le couscous à l'agneau et celui au poisson et opte enfin pour la viande. Paola, 46 ans, est agent immobilier. Pour elle, les Maghrébins sont « de braves personnes qui ne posent aucun problème ». Elle affirme raffoler de tout ce qui appartient à la culture arabe et déguste bien volontiers leur cuisine. « J'ai plus de mal à m'entendre avec mes propres concitoyens », laisse-t-elle tomber, souriante, avant de quitter le Rimel, nom de la gargote.
Mohcen n'est pas au bout de ses peines. La prochaine cliente a, elle aussi, une question insolite. Dans son tailleur élégant et avec sa coiffure impeccable, elle semble une apparition incongrue devant le comptoir bondé de pots de crème de pois chiches et de menthe, au-dessus duquel pend une grande pancarte portant l'inscription : « Ici, on ne sert que de la viande hallal. » Ne l'ayant sans doute pas lue, elle demande au patron : « Votre shawarma, elle est préparée avec de la viande de porc, n'est-ce pas ? » Une telle question posée à Milan ou à Turin devant un cuisinier musulman passerait pour une grave provocation xénophobe. Mais Mohcen en a entendu d'autres. Stoïque et souriant, il demande : « Signora, on ne cuisine pas de porc chez moi.
Alors vous la voulez au veau ou à la dinde, votre shawarma ? » Plus loin, un autre restaurateur, propriétaire du seul restaurant arabe élégant de la ville, La Kasbah, se rappelle encore ses débuts difficiles. « Ce n'est que récemment que les Sardes ont commencé à apprécier notre cuisine. Lorsque j'ai ouvert mon premier fast-food arabe en 1994, les clients y entraient par curiosité, regardaient la shawarma, le kebab et sortaient sans rien commander. Aujourd'hui, je sers 90 couverts par repas et les tables ne désemplissent jamais. Cela change les Sardes des cuisine chinoise et mexicaine. » Ouahid est très fier de son restaurant, qui a pignon sur rue, Piazza Yenne. Il emploie une dizaine de personnes, entre Sardes et Tunisiens, qui préparent et servent d'appétissantes pizzas aux merguez ou à la chakchouka baptisées « chehili », « sarab » ou « rose des sables »...
Des noms exotiques pour les Cagliaritains et pleins de nostalgie pour les Maghrébins qui vivent dans cette ville côtière. A quelques pâtés de maisons de là, Antonella, 34 ans, tient une boutique d'habillement. Elle nous confirme, elle aussi, que les Cagliaritains « ne se sentent pas menacés par les immigrés algériens ». Elle nous dit qu'elle s'entend très bien avec sa voisine, une Pakistanaise qui vend des tapis orientaux. « Ces gens ne cherchent qu'à trouver du travail et à s'insérer dans notre société », affirme-t-elle, convaincue.
Malaise des anciens immigrés
Mais les immigrés maghrébins installés dans la ville depuis des années, voire des décennies, sont, eux, irrités par les arrivées incessantes de harraga. « Ils donnent une mauvaise image de notre pays et créent des problèmes aux autorités qui tentent de nous aider à fonder des associations et à nous intégrer », nous explique Abdallah Baraka, le plus ancien immigré algérien de Sardaigne, comme il aime à se définir. Il nous raconte avoir tenté d'aider les premiers arrivés, qui étaient, assure-t-il, « plus corrects ». Il n'est pas tendre non plus avec les rares femmes qui ont débarqué sur l'île, en août dernier. « L'une d'elles m'a apostrophé dans la rue. J'avoue qu'elle m'a fait si mauvaise impression que j'ai pris mes jambes à mon cou », raconte-t-il.
Un autre Maghrébin, conseiller comunal à Cagliari, Radhouan Ben Amara, ne comprend pas les proportions prises par le phénomène de la harga. « Pourquoi ces jeunes quittent-ils un pays magnifique comme l'Algérie ? Ils ne voient qu'une image virtuelle de l'Italie à la télévision. Ils viennent ici où ils trouvent une société xénophobe et raciste. Les Italiens, bien qu'ayant été de grands immigrants, n'ont rien compris. Désormais, ils voient en l'autre l'ennemi. Surtout les Arabes et les musulmans. » Militant dans les files du Parti des communistes italiens, ce Tunisien, professeur de littérature à l'université de Cagliari, voyage à travers le monde pour donner des conférences. Il affirme être préoccupé par l'attitude du gouvernement italien envers l'immigration. Selon lui, les harraga n'ont aucun avenir sur l'île. « Ces clandestins viennent ici à l'aventure. Ceux qui réussissent à échapper à la vigilance de la police, vont en Sicile, le ventre mou de l'Italie, et de là ils embarquent pour la France, souvent en Corse, une île toute proche. »
Il faut dire que les seuls secteurs où des immigrés d'origine maghrébine trouvent du travail sont ceux de la pêche (les Tunisiens) ou du commerce (marchands ambulants marocains). Redhouan raconte avoir rencontré, il y a quelques mois, quatre Algériens qui s'étaient échappés du centre d'Elmas ; ils vaguaient sans but. Il croit d'ailleurs qu'ils ont été appréhendés juste après. « Les immigrés maghrébins, qu'ils soient en situation légale ou pas, ne bénéficient d'aucune assistance de leurs gouvernements respectifs ou de leurs représentations diplomatiques », dénonce le conseiller municipal. Il revient sur le sort dramatique des deux jeunes Annabis sans papiers, Khaled Bendjeddou (22 ans) et Malek Ghiloubi (32 ans) accusés et condamnés pour l'assassinat d'une vieille clocharde cagliaritaine (lire El Watan du 28 octobre 2007). « Les deux jeunes amis s'étaient affectionnés à elle, ils lui faisaient ses courses. Arrêtés, ils pourrissent en prison sans qu'aucune preuve contre eux n'ait été établie. Un Algérien ne massacre pas une vieille de la sorte », commente Redhouan.
Les deux jeunes Algériens ont été défendus par un avocat nommé d'office par le tribunal de Cagliari. Sans doute que la vérité, seuls la pauvre victime et les deux condamnés la détiennent. Les Algériens de Cagliari déplorent que depuis cet épisode, même les associations caritatives, comme la Caritas où les deux harraga bénéficiaient de repas gratuits, « ne veulent plus entendre parler d'aider des Algériens. Ils nous voient désormais comme le diable en personne », nous explique Abdallah. Le conseiller Ben Amara estime que l'intolérance envers les immigrés commence à se propager également sur l'île, comme l'atteste, selon lui, le cas du jeune marchand ambulant sénégalais violemment battu, il y a quelques semaines, par le gérant d'un bar sarde qui reprochait à l'immigré africain de vendre des livres sur le trottoir longeant son établissement.
La Mosquée, seul lieu de rencontre
Après le f'tour, les musulmans vivant à Cagliari se rendent à la mosquée du centre-ville où Algériens, Sénégalais et Pakistanais, après avoir rompu le jeûne qui chez lui, qui sur place en dégustant des dattes et du lait, s'apprêtent à accomplir la prière des tarawih. Les Marocains fréquentent une autre mosquée, à la périphérie de Cagliari. La mosquée de Via del Collegio, un très coquet quartier de la capitale sarde, se trouve au rez-de-chaussée d'un immeuble à l'architecture typique de Cagliari, avec une grande influence espagnole. La propriétaire loue également des appartements, aux étages supérieurs, aux ouvriers sénégalais qui vivent en communauté, sans leurs familles. Les Pakistanais, eux, optent généralement pour le regroupement familial.
Naïm, un Pakistanais de 36 ans, nous explique qu'il interdit à son épouse de fréquenter la mosquée, « bien qu'elle porte un nikab qui ne laisse pas voir un seul de ses cheveux ». Brahim, un Oranais de Naples de passage à Cagliari, nous explique que Naïm n'arrive pas à trouver du travail depuis des mois. « Il se présente aux entretiens d'embauche tel que vous le voyez, vêtu de sa gandoura, avec sa longue barbe inculte », lance-t-il, compatissant pour son ami. En bas, dans l'église du quartier retentissent les cloches annonçant la prière des vêpres, alors qu'à la mosquée, les fidèles attendent l'arrivée de l'imam.
Brahim nous explique qu'il y a moins de prieurs, ce soir, car l'imam permanent, un Marocain, a dû se rendre à Tanger au chevet de sa mère malade. C'est un jeune Palestinien qui guide la prière des fidèles, en ce 19e jour de Ramadhan. Brahim reprendra demain le ferry pour Naples. Après trois mois passés ici, il n'a rien trouvé. Résigné, il décide de retourner dans sa ville d'adoption, Caserte, où il peut toujours compter sur ses amis algériens.


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