Il s'agit bien entendu de l'apprentissage de la langue amazighe dans les écoles d'El Tarf, car l'amazighité de la région ne fait aucun doute au vu des innombrables vestiges antiques, libyques, puniques et numides disséminés sur tout le territoire de la wilaya. L'apprentissage de tamazight va commencer symboliquement par trois écoles primaires, dont le choix est laissé au directeur de l'éducation, a annoncé Si El Hachemi Assad, président du Haut Commissariat à l'amazighité (HCA), lors d'un point de presse, en présence du wali d'El Tarf. Ceci, à la fois pour suivre les consignes données par la ministre de l'Education nationale et pour poursuivre la conduite que s'est tracée le HCA pour étendre l'enseignement de cette langue vivante, rappellera souvent Si El Hachemi Assad, aux 48 wilayas du pays. C'est la première visite du genre d'un président du HCA depuis sa création en 1995, date à laquelle tamazight a été introduite dans l'enseignement, qui rappellera quelques épisodes du parcours de cette institution sous tutelle de la présidence de la République. «Il y a avait à cette époque une poignée d'enseignants, venus pour la plupart des associations culturelles, qui ont malgré tout pris en charge 37 000 élèves dans 16 wilayas. Aujourd'hui, dans 38 wilayas, et bientôt 48, il y a 2757 enseignants pour 343 725 élèves». Il faut également signaler les 1257 apprenants adultes dans les sections IQRA, association algérienne d'alphabétisation de 25 wilayas. Le président du HCA développera longuement la stratégie de son institution, qui consiste en gros a étendre la connaissance et l'apprentissage de tamazight progressivement, avec pragmatisme et sans précipitation, sereinement et sûrement, loin des contingences politiques et idéologiques. Les progrès sont palpables et indéniables et c'est l'éveil et la prise de conscience de la société qui a fait avancer les choses, même si le président du HCA cite seulement le président Bouteflika comme acteur fondamental, alors que Liamine Zeroual est, si l'on peut dire, à l'origine des premiers textes, comme précisément ceux de la création du HCA. Avec le wali d'El Tarf, le président du HCA a convenu de la tenue, l'année prochaine, d'une rencontre académique sur l'amazighité à El Tarf, comme également d'engager dans cette langue une campagne de sensibilisation sur le Parc national d'El Kala. Avec, pour commencer, mettre tamazight sur les éléments de signalisation du PNEK qui, d'ailleurs, sont tous récents. A El Tarf, Algerie Télécom a refait les frontons de ses agences avec bien en vue l'enseigne en tifinagh. En effet, expliquera Si El Hachemi Assad, le choix de la polygraphie a été laissé de transcrire le tamazight en tifinagh, en arabe et en caractères latins. Du travail en vue pour l'académie algérienne de la langue amazigh, dont le projet a récemment été adopté par le Conseil des ministres et dont la création est prévue pour la rentrée. Le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique a d'ores et déjà pris les dispositions pour recevoir les CV des candidats. Et en parlant d'université, M. Assad indiquera que pour cette année, 300 postes budgétaires nouveaux sont destinés aux enseignants de tamazight auxquels il faut ajouter 50 autres de l'Ecole nationale supérieure. Il faut, bien entendu, trouver ces enseignants, et selon M. Assad, cela ne manque pas. Il y a actuellement 6246 licenciés en tamazight, 3005 masters, 110 magisters et 5 docteurs d'Etat. A l'université d'El Tarf, le projet d'un centre d'enseignement intensif des langues (CEIL) pour le tamazight va probablement prendre forme cette année, avec l'affectation d'enseignants dans le cadre d'une convention HCA-université, a encore indiqué le président du HCA.