Les journalistes auront vécu la conférence de presse la plus «déjantée et agréable» de leur carrière avec la grande chanteuse algérienne, Fella Ababsa, la fille de son père (compositeur et interprète célèbre pour sa chanson Hiziya de Benguitoun), alias Fella El Djazaïria, actuellement, appelée aussi «Seltanet el tarab» et nommée récemment ambassadrice de l'art arabe (safirat el fen el arabi). C'est que Fella El Djazaïria, venue promouvoir son nouvel opus, intitulé Chawala, est un personnage. Entière, signe astrologique du taureau, spontanée et qui n'a pas la langue (de bois) dans la poche. Car elle est frontale, directe, percutante et a surtout le sens de la répartie. Et pour cause. Fella El Djazaïria a réussi à transformer la conférence de presse en une rencontre festive, hilarante et anticonventionnelle. Elle drainera des artistes venus l'encourager, tels que l'instrumentiste surdoué Mohamed Rouane, Hassiba Amrouche, Salim Chaoui, l'actrice Nesrine Serghini, Lina Borsali, Noureddine Saoudi, directeur de l'Opéra d'Alger, ou encore Abdelaziz Benzina. Il y avait un je-ne-sais-quoi de fébrile dans l'air. Le génial Toufik Boumellah aux manettes Elle se défendra contre ses détracteurs (lyncheurs socio-médiatiques), elle chantera des extraits de l'album Chawala (quoi), elle en poussera un même en hindi, chinois et anglais, elle imitera la jeune chanteuse Marita Hallani sur le titre Haya W'hadi en forçant le trait, elle rendra hommage à ses deux sœurs, le Dr Aïda et la chanteuse Naïma Ababsa qui n'est plus à présenter et, du coup, arrachera quelques larmes à l'assistance. C'était un moment émouvant et surtout cet amour et autre affection filiale indescriptible. Il fallait voir ces trois filles du grand Abdelhamid Ababsa se tombant dans les bras, un moment fort. Après une absence discographique d'une dizaine d'années, Fella El Djazaïria a amorcé un come-back tonitruant. Un retour aux sources, celles du terroir algérien. Un retour vers la musique raï. Elle met entre parenthèses un peu ce côté rédhibitoire et cette propension au style dit «tarab» oriental et panarabe. Elle voulait un nouvel album sonnant raï. Et pour ce faire, elle s'est rendue dans la ville par excellence du style raï, le vrai. Elle voulait cette authenticité, cet univers et ce cachet d'El Bahia, Oran. Aussi, Fella El Djazaïria s'est-elle entourée du talentueux compositeur et arrangeur, le faiseur de rois et reines (remember Cheba Djenet), Toufik Boumelah, du parolier Houari Baba, et du jeune producteur qui ne cesse de monter Nadir Guendouli des éditions Sirocco Records (Algérie) et Blue Sound Diffusion (France). L'album est rehaussé par la présence de Bilal, avec trois featurings (contributions). La chanson-titre Chawala, Ikhsa Alik et Baraket, figurant sur les huit titres de l'album. Les cinq autres sont Reviens-moi, une ballade sentimentale, Habibi, un raï live-studio technoïde, Khabri Chaâ (style wahrani) et Paparazzi-oui, tout comme Lady Gaga – une autre réussite de l'album Chawala. Un titre très recherché et laborieux. Toufik Boumellah oblige ! «Bilal», une continuation des maîtres Le thème récurrent du lynchage-fetwa-gossip, dont Fella El Djazaïria a été l'objet. Donc, c'est une chanson autobiographique et personnelle. Et elle balance pas mal dans ce titre. Le titre qui boucle l'album Chawala est El Aârsane (les mariés), une chanson nuptiale et festive dans la même veine que Aâriss, ou Aâroussa de Cheba Djenet. Commentant son nouvel album Chawala, Fella El Djazaïria dira : «Chawala est un album raï. J'ai conçu cet album pour ne pas vous énerver.» «Elle (Fella) ne chante que du charqui (oriental)» (rires dans la salle). «Donc, pour faire plaisir à mon public, à vous… Et voilà, je vous chante du raï (rires). Je remercie mon producteur, Nadir Guendouli (des éditions Sirocco Records), mon frère. Je suis heureuse de le connaître. Je suis chanceuse. Nous avons réalisé cet album en équipe. Et plus précisément à El Bahia, Oran. Je me suis rendue chez notre «Einstein de la musique», le génial Toufik Boumelah. Il m'a agréablement surprise. Et ce, avec le concours du parolier Houari Baba et le tout est couronné par la contribution non pas du cheb, mais du cheilkh Bilal. Je le remercie. Bilal, Hasni, Khaled sont la continuation de nos maîtres du raï. J'étais très contente de faire ces duos et de travailler avec un grand artiste, Bilal…» Nadir Guendouli, le producteur de l'album Chawala étayera : «Par rapport à la direction artistique, Fella voulait un album 100% algérien, pour ne pas dire raï. Le genre raï, c'est algérien. Et depuis toujours, elle me parlait de l'arrangeur et compositeur Toufik Boumellah, qui se trouve être un partenaire de nos éditions. Sincèrement, il a fait et fait encore de belles choses. C'est un faiseur de tubes. Fella a été très intelligente de solliciter Toufik Boumellah. Ainsi, l'album s'est ‘‘nourri'' et enrichi… Avec Bilal. Musicalement parlant, cela a marché…» La chanson éponyme Chawala sera clipée bientôt en Tunisie avec la contribution du ministère du Tourisme tunisien qui s'est proposé comme sponsor. Car on estime que Fella Djazaïria appartient aussi au Maghreb.