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8 mars, une journée pour lire
Publié dans El Watan le 09 - 03 - 2006

Même si en Afrique une femme a été élue à la présidence d'une République, celle du Liberia, les femmes de l'Afrique du Nord à l'Afrique du Sud se battent toujours pour avoir une place active dans la société. Qu'en est-il du domaine de la littérature et quelle place les Algériennes occupent-elles dans le champ littéraire ? Si l'on regarde de près, les Algériennes ne sont pas nombreuses à s'imposer dans un milieu qui est tout de même occupé par les hommes comme le prouvent les statistiques. Toutefois, dans le milieu littéraire, le machisme n'est pas franchement de mise et nos écrivains hommes défendent la cause des femmes, non seulement dans leurs fictions mais aussi dans leurs prises de position. Seulement, ils créent des personnages féminins selon leur vision du monde. Un des romanciers les plus féministes est Rachid Boudjedra qui a su donner au personnage féminin toute la dimension qu'il mérite. Ses personnages comme Selma dans Le Démantèlement sont d'une force à la hauteur du talent de l'écrivain. Parmi les écrivains les plus récents, Boualem Sansal n'hésite pas à rentrer dans la peau d'une femme, comme le personnage principal de Harraga, pour raconter son histoire. En littérature algérienne, force est de constater qu'il n'y a qu'une dizaine de romancières qui se sont imposées. La plus connue et la plus prolifique est sans conteste Assia Djebar, qui a été élue à l'Académie Française en 2005, une reconnaissance méritée. Elle publie sans discontinuer depuis 1958, apportant aux lettres algériennes leurs lettres de noblesse.
De La soif aux Femmes d'Alger dans leurs appartements à La Femme sans sépulture, Assia Djebar a publié en fait 17 romans où elle aborde souvent le rapport de la femme à l'histoire et à sa société. Malika Mokkadem est également prolifique, du Siècle des sauterelles en 1992 à Mes Hommes en 2005, cette romancière publie à un rythme soutenu où l'écriture de l'intime prédomine, où la révolte gronde. Nina Bouraoui est celle qui brise les tabous et dont l'écriture parle de l'intime où le «je» prend toute sa place et où le lecteur est pris dans un charivari de mots et d'association d'idées qui le happe et ne le lâche pas tant les phrases s'enchaînent sans fin, ne lui laissant aucun répit. Taos Amrouche avec Si le grain ne meure avec des contes et proverbes berbères ainsi que des romans comme L'Amant imaginaire un titre qui défie les tabous dans un texte de bonne tenue. Aïcha Lemsine a écrit dans les années 1980 un superbe premier roman La Chrysalide et depuis Ordalies des Voix en 1983, elle a cessé de publier. Qu'est-elle devenue ? Maïssa Bey est sans conteste celle qui a su s'imposer ces dernières années avec une écriture volontariste, riche et d'une littéralité bien spécifique. Elle a commencé avec des nouvelles Au commencement était la mer. Elle est présente cette année avec un roman qui raconte des vies de femmes lors du dernier tremblement de terre dans Surtout ne te retourne pas, un roman dans lequel la romancière ne pleurniche pas sur la situation des femmes en Algérie, car elle les montre toujours en action, décrivant leur témérité et leur détermination à vouloir gérer leur vie comme elles l'entendent malgré le machisme ambiant. Leïla Marouane est une romancière qui a un talent de conteuse et son dernier roman publié en 2005 m'a beaucoup séduit, La jeune et la mère dérange comme a dérangé La répudiation de Boudjedra en 1969. Zineb Laouedj, Ghania Hammadou ou Hafsa Zinaï Koudil qui devrait reprendre la plume tant elle fut convaincante dans Sans voix.
Lors de la décennie noire, les femmes algériennes ont été celles qui ont le plus publié, qui ont réagi avec force et talent pour dénoncer l'intégrisme et l'intolérance, donnant de l'Algérie une image moderne, positive, une image de «femmes debout» pour reprendre le titre du livre entretien de Khalida Messaoudi. Ahlam Mosteghanemi qui vient de publier Le Chaos des sens, en 2006, est toujours présente pour parler justement des conditions de la femme en Algérie comme Fadéla M'rabet qui dénonce aussi dans un récit de vie les conditions des femmes maliennes par rapport à la polygamie par exemple.
D'autres encore, Zehira Houfani, Tassadit Yacine, Soumeya Amar Khodja, Leïla Aslaoui, Fériel Assima, Myriam Ben, Malika Allel, Hawa Djabali, Nadia Ghalem, Nina Hayat qui nous a quitté en 2005, Leïla Nekachtali, Ratiba Khemici avec Le Sang de la face publié en 2001, Yamina Mechakra bien sûr, Nadia Sebkhi, Zhor Zerari ou Latifa Benmansour publient également selon leur rythme pour pousser des cris de colère et parler d'elles-mêmes de l'intérieur. Les Algériennes qui prennent la plume expriment un mal-être dans une société parfois sclérosée mais une société qui avance dans le bon sens grâce à leur ténacité. Lorsque Hafasa Zinaï Koudil parle des sans-voix, elle démontre justement qu'elle a une voix, que les Algériennes sont audibles dans ce qui s'écrit sur l'Algérie. Les Algériennes nous parlent, les Algériennes écrivent leurs frustrations, leurs désespoirs. Heureusement, elles écrivent aussi sur leurs désirs, leurs espoirs. Elles nous parlent de leurs rêves et entrevoient une Algérie ouverte au monde donc nécessairement moderne. Leur écriture est aussi une écriture de la mémoire. Certaines commencent par le récit, d'autres plus téméraires, par l'autobiographie parfois déguisée dans une narration où le «je» est fortement présent, démontrant la volonté de s'affirmer, de dire qu'elles existent et qu'il faut compter avec elles.
Les Algériennes de l'écriture parlent avec force de la question identitaire, une question qui hante la société de ce pays pris entre des traditions étriquées et une modernité qui a parfois du mal à s'installer. Les femmes sont au centre de cette identité dans le sens où leur rôle est problématisé dans leurs œuvres de fiction. Cette littérature écrite par des femmes démontre la complexité des Algériennes des lettres, de leurs contradictions et de leur présence dans une société qu'elles veulent faire bouger. Ce qui est frappant et encourageant, c'est que les femmes algériennes sont celles qui s'expriment le plus en Afrique et dans le monde arabe, car elles savent ce qu'est l'horreur de l'enfermement et du mépris.
Elles ont eu un avant-goût de ce que pouvait être l'intégrisme et le fanatisme et donc elles se battent avec élégance contre tout système restrictif, coercitif comme le code de la famille qui les maintient dans un état de mineures à vie et pour cela elles ne veulent pas être infantilisées, muselées, d'où le foisonnement et l'énergie d'une production littéraire reconnue, à la hauteur de leurs attentes.


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