Comment les femmes espagnoles ont-elles profité de la transition démocratique pour arracher leurs droits, à la fin du franquisme ? Nous avons fait la transition démocratique, nous n'en n'avons pas profité, c'est nous qui l'avons faite, avec les hommes. Comme pour les Algériennes qui ont lutté pour la libération de leur pays et qui ont vu leur position dans la société prendre du recul, les Espagnoles ont-elles aussi subi une discrimination mais elles ont lutté pour se libérer. Nous avons lutté pour être des protagonistes, notamment à travers un instrument comme la discrimination positive en instaurant le système des quotas au Parlement. Et c'est comme cela que nous avons la parité au Parlement et que nous pouvons changer les lois. Croyez-vous que ce système des quotas pour imposer la présence de la femme dans les institutions est ce qu'il y a de mieux pour permettre aux capacités féminines d'émerger ? Nous pensons que c'est une procédure intéressante et qu'il n'y a pas d'autre choix. Il n'y a qu'à voir dans les pays nordiques, grâce aux quotas et à la discrimination positive, les femmes ont pu accéder au Parlement et en nombre important. Certes, on peut essayer d'autres systèmes, mais l'expérience démontre que dans les pays où le système des quotas est utilisé, les femmes ont pu avoir droit à la parité. Et là où il n'y a pas de quotas, les femmes sont en recul. Mais ce système ne peut se concevoir sans la démocratie... Bien sûr. C'est une lutte que les femmes doivent mener avec les hommes. La lutte des femmes ne peut se concevoir sans la démocratie. Il n'y a pas de pays autoritaires avec une présence paritaire des femmes. C'est impossible. Seule la démocratie peut donner leur place aux femmes. Il faut que les hommes et les femmes gagnent des espaces de liberté pour pouvoir partager le pouvoir, changer la société et améliorer la situation des personnes qui ont des difficultés. Si vous avez un conseil à donner aux femmes du Sud, notamment les Algériennes, lequel serait-il ? Il faut s'engager et pas seulement dans le mouvement associatif mais dans les partis politiques. Je pense surtout aux femmes leaders qui peuvent avoir une influence, un poids dans le mouvement associatif, et qui, me semble-t-il, doivent s'engager dans les partis politiques et lutter pour avoir aussi un poids dans la sphère politique et dans les pouvoirs de décision. Au Parlement surtout. Je pense que les femmes, ici, doivent s'engager pour la démocratie au sein des partis qui luttent pour élargir le champ démocratique.