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Négociations - cessez-le-feu-indépendance...
55e Anniversaire du 1er Novembre 1954
Publié dans El Watan le 31 - 03 - 2009

A l'appel du 1er Novembre 1954, le colonialisme a répondu par la canonnière, sa méthode de dialogue politique favorite, instaurée depuis le débarquement de Sidi Fredj, le matin du lundi 14 juin 1830. « La rébellion algérienne ne peut trouver qu'une forme terminale : la guerre ! », menaçait, le 16 novembre depuis Batna, François Mitterrand, farouchement rétif à toute idée d'indépendance de l'Algérie. « L'Algérie c'est la France ! », déclamait-il à partir de la capitale des Aurès qui s'embrasaient, alors qu'il était jeune ministre de l'Intérieur de 38 ans, dans le gouvernement socialiste de Mendès France.
A la marche « naturelle » de l'histoire, il répondait ainsi par le pas martial de ses troupes qui venaient de subir une cuisante défaite à Diên Biên Phù que leur ont infligée les bô dôi vietnamiens du prof d'histoire devenu général : Vo Nguyen Giap. La France coloniale allait une nouvelle fois s'envaser dans un long conflit dramatique qui aura eu raison de la quatrième République établie en 1946. Une guerre qui douchera d'une lumière crue une armée qui, quelques années plus tard, étalera à la face du monde ses dangereuses aventures putschistes qui ont fait vaciller la cinquième République instaurée avec le retour du général de Gaulle aux affaires, après une éclipse d'une douzaine d'années. Juste après le déclenchement de l'insurrection nationale, tout en privilégiant la répression totale, dans la hâte, les gouvernants coloniaux préparaient une batterie de réformettes. Le tandem Mollet-Lacoste se lancera dans une série de mesures destinées à injecter une quantité « raisonnable » d'autochtones dans les appareils subalternes de l'Etat. Tout comme ils s'engageront dans la reconfiguration de la carte administrative de la colonie avec le rajout de pas moins de neuf préfectures aux trois existantes jusqu'alors.
En ayant toujours à l'esprit la crainte de bousculer le confort politique et économique des potentats qui régnaient sans partage sur l'Algérie, Paris s'efforçait de donner des gages bellement dérisoires à la « rébellion » pour l'amener à d'accommodants sentiments et pourquoi pas éventuellement autour d'une table de négociations. Il fallait sauver les meubles et en cas de solution extrême, c'est-à-dire d'aboutissement de la revendication essentielle, faire en sorte de préserver les intérêts supérieurs de la France. Bref, sinon une Algérie totalement française, à tout le moins une Algérie qui ne sera pas anti-française. Mais en attendant, il fallait mener « la guerre » de Mitterrand … et « il faut gagner la guerre », renchérissait le président du Conseil, Guy Mollet (31 janvier 1956 - 27 mai 1957), tandis que son ministre résident en Algérie, Robert Lacoste (9 février 1956-13 juin 1957), mettait les bouchées doubles pour rattraper plus d'un siècle d'iniquités par des plans en catastrophe, en balançant quelques os à ronger dans la banlieue des centres de décision à des béni oui-oui. Déjà, en 1947, l'Etat français, tuteur du destin colonial de l'Algérie, avait fredonné la même ritournelle, peut-être, pour se donner bonne conscience après les effroyables massacres de mai 1945.
Les penseurs parisiens de la colonisation, parce que les penseurs de la colonisation siégeaient à Paris au fond des fauteuils de velours amarante des Assemblées et à l'Elysée, même s'ils recevaient les ordres des colons capricieux de Boufarik, avaient concocté un salmigondis politico-administratif maquillé en statut devant présider à un meilleur destin pour les Algériens. Intraitables comme toujours, les maîtres du pays avaient opposé une violente fin de non-recevoir aux timides propositions métropolitaines. Attitude qui en son temps avait choqué jusqu'aux « nationalistes » minimalistes qu'on qualifiait de « modérés », partisans de « l'assimilation » et/ou de « l'intégration ». C'est à peu de choses près la même soupe, mais refroidie qui sera resservie un peu moins d'une dizaine d'années après. Autrement dit, dans l'esprit de la colonisation, le problème des Algériens se réduisait à une question de représentation et de participation à la gestion des affaires publiques. Il aura fallu attendre des années de guerre et des centaines de milliers de morts pour que les occupants envisagent enfin le problème, tout le problème, sous l'angle de l'exercice de la souveraineté.
Il est vrai que certaines tendances du mouvement national avaient revendiqué une meilleure cartographie politique, si elle n'était pas plus juste mais au moins plus approchante de la réalité du champ ethnosociologique de l'Algérie. Mais ceci n'était pas la revendication de toutes les tendances, loin s'en faut. Les indépendantistes, majoritairesdans l'opinion, même silencieuse, pour la simple raison qu'elle n'avait pas accès aux canaux nécessaires pour qu'elle puisse s'exprimer, avaient dès la création de l'Etoile Nord-Africaine (ENA) annoncé la couleur. Le leitmotiv demeurera le même jusqu'à la satisfaction de la revendication en 1962. Car le soulèvement ne visait pas, comme cela est souvent écrit par des historiens outre- Méditerranée, à réduire les inégalités entre les communautés, ou alors l'abolition des extravagants privilèges de la minorité européenne. La colonisation aussi était convaincue qu'en envoyant plus d'enfants dans les écoles et en redécoupant la carte administrative ou en supprimant les communes mixtes, elle allait remettre la colonisation tranquille sur rails. C'est la raison pour laquelle la menuiserie politique coloniale s'est ingéniée à fabriquer ce qu'elle a appelé la loi-cadre pour favoriser l'émergence de nouvelles forces avec lesquelles le dialogue – du moins le croyait-elle – serait possible. Changer les lois et métamorphoser du coup la société, donc introduire des données politiques plus favorables à une négociation à l'intérieur d'une logique colonialiste. Isoler les « extrémistes indépendantistes » du FLN. D'où les « promotions Lacoste », d'où le rêve d'une troisième force.
En un mot comme en mille, le soulèvement généralisé initié et pris en charge par les novembristes visait la restauration de l'Etat algérien sous une forme moderne et résolument républicaine – confirmée par la plate-forme de la Soummam – et non une quelconque redistribution des pouvoirs entre communautés ou un agencement social plus ou moins égalitaire, conforme aux lois telles qu'édictées par Paris. Ce que de Gaulle qui croyait avoir compris, n'a pas compris du tout au tout, quand il disait qu'« il y avait en Algérie qu'une seule catégorie de population : des Français à part entière » ce n'est pas le « à part entière » qui faisait défaut jusque-là, ou qui sonnait mal, mais le mot « Français » qui était de trop et qui n'était pas à sa place. Il rabâchait plus d'un demi-siècle après son antécesseur Jules Ferry, le vieux refrain grotesque : « nos ancêtres les Gaulois ! » Un des mérites des fondateurs du FLN et de ceux qui lui ont donné de la chair politique, notamment Abane Ramdane et Mohamed Larbi Ben M'Hidi, est d'avoir, par avance, contré le projet colonialiste qui cherchait un interlocuteur plus docile et moins disant que lui. En effet, l'ouverture du Front à toutes les tendances et sensibilités patriotiques, depuis les Oulémas jusqu'aux communistes en passant par les libéraux, ont fait du soulèvement de Novembre une véritable révolution nationale, même si certains militants de gauche (en particulier des communistes) récusent ce terme qu'ils trouvent impropre.
Faute de contradicteur malléable et manipulable à merci, susceptible d'accepter ses conditions, la France a imposé une guerre totale à l'Algérie et à son peuple, tout comme cette guerre s'imposait aux Européens d'Algérie, ou Français d'Algérie, comme ils se désignaient eux-mêmes. Car les « Européens », pas tous heureusement, ne se disaient pas Algériens et ce n'est que sur la fin avec le slogan gaulliste de 1960, « Algérie algérienne » que certains, catalogués eux aussi de « libéraux » par la presse, ont commencé à se revendiquer comme tels. Dans la mesure où ils ne perdaient pas leurs privilèges et leur identité de rechange, une sorte de double casquette, l'épithète n'était pas gênante. Faute de trouver un vis-à-vis manœuvrable, sinon soumis, la France redevenue gaulliste va intensifier la guerre. Ce faisant, les stratèges élyséens se persuadaient qu'ils allaient finir par faire admettre par la force des armes et par quelques ameublements socioéconomiques l'inéluctabilité de la domination et partant, au passage, redonner confiance à l'armée dont la bannière était sérieusement amochée. En ce qui concerne ce dernier aspect, l'étirement de la durée du conflit ne faisait qu'enliser les politiques et les militaires, lesquels se commettaient les uns les autres dans la fange des crimes de guerre. La cinquième République instaurée le 4 octobre 1958, aussitôt établie était déjà éclaboussée par ce conflit aussi violent (le plus violent de l'histoire de la décolonisation) qu'interminable. Que restait-il de l'image du pays d'Anatole France, d'Hugo, de Rimbaud, de Voltaire et Rousseau ? La France de Massu, Salan, Trinquier, Le Pen, Ortiz, Lagaillarde…et des centaines d'autres tortionnaires patentés.
Pour de Gaulle qui cultivait des rêves de grandeur européenne et seulement après avoir donné à la guerre toutes ses chances destructrices et offert son pesant d'atrocités, dans les opérations militaires les plus meurtrières qui aient été effectuées depuis novembre 1954, l'heure était venue de trouver une issue qui ne soit pas encore plus déshonorante pour lui et son pays que ne l'était sa situation en général. Ce n'est qu'après avoir désespérément cherché une troisième force pour emprunter une « troisième voie » que les colonialistes ont admis la représentativité indiscutable du Front de Libération Nationale. Ce n'est qu'après avoir tenté de diviser le pays et son peuple, par des plans de partage fantaisistes et illusoires, comme cela avait été le cas pour le Vietnam en 1954, que la France coloniale renonçait enfin à sa politique de guerre totale en Algérie. C'est contraint et forcé par la détermination du peuple algérien et des dirigeants de sa Révolution à atteindre l'objectif qu'ils s'étaient promis que le colonialisme s'est assis pour la première fois à une table de négociations. Cela a donné lieu à Evian, mais il est faux de croire ou de prétendre que les Accords qui on abouti au cessez-le-feu du 19 mars 1962, ont mis fin aux massacres. Car c'est là que l'OAS, une des pires organisations terroristes XXe siècle est rentrée en scène. Il fallait la vaincre aussi. Elle a été vaincue. A Alger et dans les grandes villes du pays s'était écrite une page héroïque de l'histoire moderne de l'Algérie.


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