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Boutef-Acte III : Quel avenir pour les libertés ?
Films censurés, livres interdits, médias baillonnés
Publié dans El Watan le 06 - 04 - 2009

En mars 2004, le documentariste Malek Bensmaïl s'embarque caméra à l'épaule dans la campagne du candidat Ali Benflis. Il voulait filmer de l'intérieur une campagne électorale et celle de 2004, faut-il le concéder, offrait tous les ingrédients d'un « thriller politiqué » relevé.
Malek Bensmaïl avait sollicité les staff des deux candidats les plus en vue à l'époque, en l'occurrence Abdelaziz Bouteflika et Ali Benflis, pour les besoins de son film. Finalement, le documentaire sera centré entièrement sur la campagne de Ali Benflis, le staff de Bouteflika s'étant montré peu coopératif et cela donnera Le Grand jeu (2005). L'opus, dont nous avons réussi à nous débrouiller une copie à grand-peine grâce au concours de notre ami SAS (Sid-Ahmed Semiane), s'il est effectivement articulé, d'un point de vue « dramaturgique », autour du personnage de Ali Benflis, comme fil conducteur, est loin de se réduire à une œuvre de propagande au profit de l'ancien chef de gouvernement sous Bouteflika. Le film a le mérite de dépasser justement son prétexte et de s'imposer comme un document de sociologie politique à l'état brut, un matériau en or pour quiconque s'intéresserait à « l'anthropologie électorale » de l'Algérie. Il montre le pays profond, l'Algérie des parias et des déshérités, et les visages des électeurs, lassés de tout et burinés par la misère. On y voit aussi, pêle-mêle, les coulisses du pouvoir, l'anti-chambre des QG de campagne, les désirs, les délires et les fantasmes de grandeur de nos hommes politiques. Il met à nu les jeux d'alliance, les réseaux souterrains, le poids du tribalisme, du régionalisme, le tout en dressant un portrait saisissant de nos candidats, leur psychologie, leurs référants et leur background. Le film souligne, en filigrane, la difficulté incommensurable pour un candidat de l'opposition de se positionner contre le candidat du pouvoir, et ce, dans un pays où le président en exercice rafle toutes les allégeances, lui qui incarne à la fois l'image du père, du parrain et du patriarche, voire du prophète. Du messie. Le Grand Jeu chute sur le froid que jette ce soir pluvieux du 8 avril 2004 sur Alger avec le triomphe du pouvoir sur la démocratie par un score lourd de 83% pour Bouteflika contre seulement 7% pour son challenger le plus costaud. Le dernier plan se fige sur le visage déconfit d'un Benflis en proie à une dure désillusion face à la brutalité du système. Ce film, très instructif – on ne le dira pas assez – en termes de sociologie électorale (« un document unique sur les coulisses et les pratiques du pouvoir algérien » écrit Le Monde), connaîtra un sort malheureux, puisque les téléspectateurs Algériens n'auront point l'occasion de le voir.
Quand Boutef fait son cinéma
Le film de Malek Bensmaïl n'est malheureusement pas le seul à buter contre le mur de la censure dans notre pays. Qu'on se rappelle l'épisode du film documentaire de Jean-Pierre Lledo Algérie : histoires à ne pas dire (présenté dans un premier temps sous le titre : Ne restent dans l'oued que ses galets). Trois avant-premières de ce film ont été annulées et aux dernières nouvelles, le documentaire, sorti en 2007, ne bénéficie toujours pas d'un visa d'exploitation en Algérie. Le principal grief fait au film est de proposer une autre lecture des événements du 20 août 1955. Lledo y enquête aussi sur les circonstances de l'assassinat de cheikh Raymond, haute figure de la musique judéo-arabe, à Constantine, en posant la question de la responsabilité des militants du FLN dans la liquidation du chantre juif du malouf. Côté édition, l'affaire du livre de Mohamed Benchicou, Journal d'un homme libre, dont les épreuves ont été saisies vulgairement à l'imprimerie par la police, constitue un cas de violation caractérisé de la liberté de pensée et d'opinion. La même hystérie liberticide a frappé au Salon international du livre d'Alger où plusieurs ouvrages sont tombés sous le coup de la censure, y compris des œuvres de fiction à l'instar de Tuez-les tous de Salim Bachi ou encore Le Village de l'Allemand, le dernier roman de Boualem Sansal. Que d'œuvres cinématographiques, dramatiques, littéraires ou plastiques partent chaque année chercher de l'oxygène sur les chemins de l'exil pour fuir l'ostracisme d'un régime philistin, décidément allergique à la création et son souffle « anartiste ». Quand on voit une cinématographie aussi belle et exigeante que celle de Malek Bensmaïl, Lyès Salem, Abdenour Zahzah ou le lumineux Tarek Téguia (Roma wala n'touma ou encore Gabla, film ardemment encensé par la critique) et qui reste superbement ignorée en Algérie en raison du regard dérangeant qu'elle pose sur la société, il y a lieu de s'interroger si cette forme de censure qui consiste à étouffer les œuvres dans les bobines n'est pas la forme d'interdiction la plus perfide. Mais comme dans tous les secteurs de la vie nationale, le président Bouteflika a su étoffer sa cour d'une brochette de courtisans issus du milieu artistique et qui ont mis leur talent à chanter ses louanges. Mercredi dernier, à la salle El Mouggar, le gotha culturel se précipitait à l'avant-première du dernier film de Rachid Bouchareb, London River. Dans la salle, un spectateur de marque : Abdelaziz Bouteflika. Dans la foulée de la projection, un autre documentariste de renom, Malik Aït Aoudia, monte sur scène et se fend d'un hommage appuyé à la gloire de « Son Excellence ». Au JT de 20h, l'ENTV diffuse l'intégralité du discours de M. Aït Aoudia, long de plusieurs feuillets laudateurs. La commission Teguia (le procureur, pas le réalisateur) n'y trouvera évidemment rien à redire. Moralité : si Bouteflika n'aime pas les films qui fâchent, il n'est pas fâché avec le 7e art. Il suffit d'avoir le bon script...
Un gros mot nommé « liberté »
Dans les autres domaines de l'expression et de l'activité citoyenne, le tableau est encore plus sombre. Le champ médiatique est plus verrouillé que jamais et la prestation de l'ENTV durant cette campagne ne fait que conforter cette image d'une télévision totalement servile. L'état de la presse écrite n'est guère plus glorieux, Bouteflika ayant consacré son second mandat à mettre au pas la grande majorité des titres dits « indépendants ». Les plus tenaces croulent sous des pressions multiples, surtout en l'absence d'une dépénalisation du délit de presse : journalistes emprisonnés, procès en série, acharnement du fisc… Le champ politique est bien plus sinistre. L'agrément de nouveaux partis, de nouvelles associations, est un chemin de croix, reléguant les Algériens à des formes d'organisation « pré-politiques », le plus souvent de type « arouchia ». Les pressions exercées sur les syndicats achèvent de noircir le tableau. Et pour couronner le tout, l'état d'urgence est maintenu en dépit de la communication euphorique du régime sur le terrorisme. A cela, il faudrait ajouter l'interdiction aux Algériens d'occuper leur rue. Pas question de manifester, se tenir la main ou improviser un concert ou un spectacle de rue. Oui. La rue, qui reste le parlement suprême, est toujours un espace sensible aux yeux de Zerhouni. Que nous réserve le « président-candidat-déjà-élu » (pour emprunter une formule corrosive de Boualem Sansal) pour la « ouhda » 2009-2014 au chapitre des libertés individuelles et collectives ? Rien de rassurant faut-il craindre. Dernier fait en date : Sihem Bensedrine, la célèbre militante tunisienne des droits humains, a été refoulée ce samedi à l'aéroport d'Alger. Chawki Amari notait à juste titre dans une de ses chroniques caustiques parue dans El Watan du mardi 31 mars : « Ce gros mot devenu interdit par la force des choses est une nouvelle fois absent du débat. A commencer par le Président lui-même qui n'a jamais utilisé le terme ‘'liberté'' durant ses discours (…). Sa seule référence à la liberté a concerné les terroristes ».
Synopsis du film Le Grand Jeu
Printemps 2004 : Abdelaziz Bouteflika est réélu à la présidence de la République algérienne dès le premier tour des élections avec près de 85% des voix. Cette élection s'annonçait pourtant différente des précédentes : l'armée avait déclaré qu'elle resterait neutre, le FLN était majoritairement passé dans l'opposition et son secrétaire général, Ali Benflis, semblait en mesure d'inquiéter le président sortant en jouant la carte du renouveau et de la modernisation de la vie politique. Pour montrer comment fonctionne véritablement une campagne électorale dans son pays d'origine et pour mieux saisir la mécanique du pouvoir, Malek Bensmaïl a planté sa caméra au sein du QG de campagne de Ali Benflis, d'où il observe la bataille démocratique. Le Grand jeu constitue une première dans l'histoire du cinéma documentaire algérien, où jamais l'occasion de percer l'opacité du pouvoir n'a été donnée à des témoins indépendants. Centré sur la campagne électorale du candidat Benflis sans pour autant en faire l'éloge, le film dessine le portrait politique et social d'un pays qui peine à se débarrasser du poids de son histoire.
Source : http://malek.bensmail.free.fr/Legrandjeu


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