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Pitbulls : La nouvelle arme des gangs de quartiers
Publié dans El Watan le 22 - 05 - 2009

«Ces jeunes délinquants utilisent des chiens pour nous intimider et nous agresser. On les connaît, ce sont des voyous d'El Jazeera», racontent ses camarades. Depuis peu, des jeunes prennent comme chiens de compagnie pitbulls, rottweilers, bouledogues. De grandes bêtes d'au moins 50 cm pouvant peser jusqu'à plus de
50 kg pour les plus gros, généralement destinés à la garde et souvent dressés pour attaquer. «Je ne vous mens pas, j'ai acheté mon pitbull pour me protéger», nous déclare un de ces jeunes. Se protéger de qui ? Ou contre quoi ? Un tour dans ce milieu douteux, où drogues, psychotropes, alcool et prostitution s'entremêlent, nous renseigne sur l'ampleur du phénomène. Première destination : El Jazeera, un bidonville construit dans les années 1990, sur les décombres d'un ancien chantier de l'OPGI à El Djorf, dans la localité de Bab Ezzouar. Ce quartier, déjà connu pour être un fief du terrorisme aux côtés de l'ancien bidonville la Foire, est aujourd'hui voué à devenir le futur quartier d'affaires d'Alger, situé pas loin de l'aéroport. Nous y avons rencontré Dadi, Youcef, Krimou et Mastapha. Tous maîtres de chiens, ils ont entre 22 et 30 ans. Renvoyés de l'école en septième année moyenne pour «comportement agressif», aujourd'hui, ils se retrouvent obligés de voler et d'agresser les gens. «Nous n'avons aucune source de revenu ; nos parents sont illettrés et surtout pauvres», confie Mastapha. Ce jeune de 28 ans, chef de bande, emprisonné cinq fois, nous confie spontanément comme pour se valoriser : «J'ai cinq jugements.» Pour agression à arme blanche et détention de drogue. Lui et sa bande «agissent en toute impunité», nous raconte un habitant d'un immeuble près d'El Jazeera. «Aujourd'hui, comme nous risquons la prison pour port d'arme blanche, nous utilisons à la place des chiens», tente d'expliquer Mastapha. La nuit venue, ces délinquants «commencent à agresser ceux qui rentrent tard de leur travail, près des arrêts de bus», nous raconte le gérant d'un café situé à quelques pas des arrêts. Mastapha, en chef de gang, est très attentif à ce qui se passe au sein de sa meute et dans les quartiers limitrophes. Krimou vient demander de l'aide, car son jeune frère vient d'être agressé non loin de là, à la cité Sorecal, un autre quartier chaud de Bab Ezzouar. «Ndirou un complot…» Complot, un terme qui revient souvent dans ce milieu. Il désigne la constitution d'un gang et le fait de livrer bataille à un autre gang. Armés de haches, de couteaux, de sabres et de… rottweilers, ils embarquent dans la camionnette de Zoubir qu'ils louent à 1000 DA, direction Sorecal. Arrivés sur les lieux, il n'y a pas de combat à la mesure des gangs, de petites escarmouches arbitrées par Mohamed, un délinquant notoire connu à Sorecal, ancien compagnon de cellule de Mastapha. Retour à El Jazeera, «C'est l'heure de faire le marché (el kadyane).» Comprendre : s'approvisionner en alcool, zetla (drogues) et zerga (psychotropes). Pour les chiens, les jeunes achètent des restes chez le boucher d'à côté. «Lorsque la pêche est bonne, je lui achète deux ou trois kilos de viande bien fraîche, explique Mastafa. Sinon il se contente des intestins…» Changement de destination, vers l'autre camp Sorecal. Nous rencontrons Mahmoud, la trentaine, ex-délinquant : «J'étais moi-même un agresseur il y a moins d'une année. Je n'avais pas le choix, je vivais dans la misère et j'étais très influencé par les délinquants et les taulards. Aujourd'hui, j'ai retrouvé le droit chemin.» Avec amertume, il nous raconte comment il agressait avec son pitbull. «Je regrette le jour où j'ai attaqué une jeune étudiante qui me plaisait énormément, à l'époque, à qui j'ai pris le sac, le portable et les bijoux. Ce jour-là, j'étais sous l'effet des psychotropes, et je me souviens quand même de sa frayeur, j'ai cru qu'elle allait mourir.» Nous avons tenté de retrouver la jeune fille en question. Aux dernières nouvelles, sa famille a changé de quartier. «Je me souviens très bien de cette affaire, mais la famille de la victime n'a pas porté plainte, je pense qu'elle avait peur des représailles, nous confie un policier. Vous savez, il nous est difficile de faire face à ce phénomène, car nous n'avons aucune protection juridique, on ne peut même pas utiliser notre arme en cas de danger. Et puis sous quel chef d'inculpation allons-nous les arrêter ?» Pourtant, il existe bien un texte : l'article 441 bis du code pénal qui prévoit l'emprisonnement, allant de 10 jours à 2 mois de prison ferme, et une amende de 100 à 1000 DA, pour tout individu laissant errer un animal malfaisant ou dangereux et l'incitant à attaquer autrui. A l'origine de cette délinquance : la misère, bien sûr. Mais pas seulement. Les fréquentations des jeunes y sont pour beaucoup. Nabil, un jeune homme de 22 ans, fils d'un couple de médecins, fait partie de la bande de Mohamed de Sorecal. «J'ai acheté un rottweiler pour 12 000 DA, je fais comme tout le monde. Dès mon jeune âge, je n'avais dans le quartier que des délinquants comme copains. J'étais impressionné par leur courage et leur détermination à affronter les autres délinquants, par peur de mépris, j'ai été obligé de les suivre.»
Nabil va rejoindre son gang, car un complot se prépare. Cette fois-ci, entre la bande de Mohamed et celle de Salah, du quartier Pilem (PLM, Bourouba, banlieue d'Alger). La cause ? Un jeune homosexuel de 19 ans, le protégé de Salah, a été passé à tabac au niveau de l'autoroute. «Nous nous préparons à les accueillir, nous ne voulons pas de prostitués dans notre
territoire !», s'exclament les jeunes. Les chiens sont lâchés, cette fois, pour attiser la haine entre gangs. Mais d'autres fois, ils feront l'objet de combats interquartiers. La mise de départ : 10 000 DA. Et un titre à décrocher : celui du chikour, qui pourra s'afficher avec son animal sacré «chien le plus dangereux ».


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