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Comment les multinationales et El Gueddafi utilisent les rébellions touareg
Publié dans El Watan le 23 - 10 - 2009

Les habitants locaux, des Touaregs en majorité, se sentent totalement exclus du partage des richesses et abandonnés à une paupérisation criante. L'analphabétisme, l'absence de développement local, l'insécurité et la contrebande ont fait de cette région un no man's land où l'Etat a du mal à exercer son pouvoir. Seul le langage de la violence règne en maître, tout comme d'ailleurs le nord du Mali où les Touareg réclament, eux aussi, leur part des richesses de leur pays par les armes. Si la rébellion dans la région de Kidal, qui date des années 1990, a connu des moments de répit, celle du Niger reste dynamique dans la région minière du Nord et a même vu la multiplication des factions armées depuis le début des années 1990. Le Mouvement nigérien pour la justice (MNJ) en est la plus récente. Créé en 2007, le MNJ est accusé par le gouvernement de Niamey de recevoir des fonds non seulement d'El Gueddafi, mais aussi de la France, à travers son géant nucléaire Areva, qui exploite l'uranium dans les régions nord du Niger.
L'Etat français, grâce à un accord de défense avec la Côte-d'Ivoire, le Bénin et le Niger, oblige ces pays à l'informer sur tout ce qui concerne l'exploitation du pétrole, du gaz, de l'uranium ou d'autres matières premières stratégiques. Les trois pays sont également sommés de réserver la priorité à Paris pour l'exploitation des ressources de leur sous-sol, avec en contrepartie une dérisoire aide au développement. Avec la crise économique et les conditions sociales difficiles qui rongent les populations, Niamey a demandé une revalorisation de l'indemnisation symbolique fixée par la France. Mais quelque temps plus tard, son président, d'alors Hamani Diori, est destitué par un push. Il aura fallu attendre le début des années 1990 avec l'avènement de la démocratie et l'émergence d'une société civile active pour que le débat sur le partage des richesses ressurgisse. D'importantes manifestations sont de plus en plus organisées pour dénoncer les effets catastrophiques causés par l'industrie minière sur la région du nord.
La ruée vers l'uranium aiguise les appétits
En début 2000, le gouvernement ouvre le marché des mines à d'autres sociétés. La ruée vers l'uranium bouleverse les anciens monopoles. Dès 2007, Areva, dont les filiales Cominak et Somaïr gardent depuis les années 1970 la mainmise sur les gisements nigériens, voit arriver sur ses «territoires» des sociétés canadiennes, américaines, chinoises, sud-africaines et indiennes, auxquelles Niamey a octroyé plus de cent permis d'exploration. Areva promet d'investir près d'un milliard d'euros dans la région pour l'exploitation de l'uranium dont les prix se sont multipliés par dix sur le marché international. Durant cette période, un groupe d'hommes armés et équipés, selon certaines sources par Areva, en moyens de télécommunications rejoint le MNJ. Des informations publiées par la presse nigérienne font état d'un virement de 80 000 euros sur le compte du responsable de ce groupe. Les autorités l'accusent d'avoir été complice du «vol», via des factions rebelles, de véhicules tout-terrains et d'argent, lors d'une attaque sur le site minier d'Imouraren dans le nord du pays.
Une accusation qui coïncide avec le fait que le MNJ a exigé le départ de toutes les entreprises d'exploitation minière de la région, sauf… Areva, dont deux de ses responsables sont expulsés en début de l'année 2007. Armée par les Chinois et protégée par les Américains, Niamey se détache de plus en plus de l'emprise de la France. Mais pour accaparer le plus de richesses, chacune des puissances, présentes sur place, usera de tous les moyens pour intensifier les tensions entre l'Etat central et les populations autochtones, voire entre entreprises transnationales. Cependant, l'uranium nigérien, qui participe à hauteur de 40% à la production d'électricité en France, ne peut être aussi facilement abandonné. Le Niger arrive à renégocier le prix de l'uranium en augmentant son taux de revente au kilo, ce pays est devenu moins dépendant des impôts et également du soutien des populations rurales, surtout celles du Nord qui, elles, ne décolèrent pas. Niamey se permet donc le luxe de renvoyer aux calendes grecques l'application de l'accord de paix qu'il a pourtant signé en 1995 avec ses représentants.
El Gueddafi et son rêve expansionniste
Les richesses du nord du Niger sont également convoitées par le guide libyen, très attaché à la réalisation de ce rêve qu'il caresse depuis bien longtemps : le «Grand Sahara des Touareg», territoire comprenant le sud de l'Algérie et de la Libye et le nord du Mali et du Niger. Territoire pour lequel El Gueddafi s'est autoproclamé «leader des sultans touareg». Et c'est dans ce cadre qu'il a toujours réclamé une grande partie du territoire nigérien, riche en pétrole et uranium. Il n'hésite pas à mobiliser des fonds importants pour rallier à son projet non seulement les rebelles nigériens, mais également maliens auxquels il met à leur disposition des moyens, y compris des camps d'entraînement militaire. Cette assistance n'est pas fortuite. Tout comme la France, la Libye a besoin d'uranium pour faire tourner son futur réacteur nucléaire à usage civil, et c'est certainement chez son voisin qu'elle ira le chercher. Le «Grand Sahara», ce rêve cher à El Gueddafi n'est donc pas un simple caprice, puisque au Nord Mali, dans la région de Kidal, la compagnie minière australienne, Uranium Limited, (également présente au nord du Niger), a découvert un important gisement, pour un investissement de 610 000 euros.
Le plus important potentiel d'uranium se trouve dans la zone de Falea avec une estimation de 5000 t. A Kidal, au nord-est du Mali, l'exploitation couvrira une grande partie de l'Adrar des Iforas, la capitale des Touareg de la région. Pour ce qui est du potentiel du gisement de Samit, situé dans la région de Gao, il aurait été estimé à plus de 200 t. En plus de l'uranium, le nord du Mali recèle d'importants gisements aurifères qui ont atteint une production de 63 t en 2002 et qui le place le Mali comme troisième producteur d'or en Afrique. C'est au Nord également que Ag Bahanga a constitué sa faction armée, le Mouvement Nord Mali pour le changement, réclamant lui aussi une répartition équitable des richesses de la région. Il s'est démarqué de l'accord de paix d'Alger, signé en 2006, pour continuer sa lutte armée. Aidé militairement par ses bailleurs de fonds, comme la France mais aussi les Etats-Unis, Bamako mène une violente offensive contre les bases de Ag Bahanga, le poussant à prendre refuge chez El Gueddafi. Ce dernier va profiter pour le faire participer à son initiative de faire cesser la rébellion au Niger et au Mali. Néanmoins, l'action de Gueddafi va susciter de vives réactions de la part de nombreuses factions armées, qui rejettent l'offre de dépôt des armes. Tout comme le GSPC, la France, la Libye, la Chine, le Canada et les Etats-Unis, pour ne citer que ceux-là, ont tous intérêt à ce que la région ne retrouve pas une stabilité qui pourrait permettre aux pouvoirs centraux d'avoir une large manœuvre pour négocier en toute souveraineté le partage des revenus de sa richesse. Force est de constater qu'en dépit de tous les importants investissements annoncés à un rythme effréné ces dernières années, l'impact sur l'économie et le développement de la région reste lettre morte.


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