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Algérie africaine (ou pas ?)
Publié dans El Watan le 03 - 07 - 2009

« Kahlouch, Nigrou, Babay, esclave » : c'est devenu banal dans nos rues d'entendre les insultes racistes contre des Africains. « Même durant le premier Panaf de 1969, il y a eu des incidents racistes », se souvient un historien qui regrette le silence qui entoure le phénomène. El Watan Vendredi a invité à une table ronde des étudiants issus du Congo-Brazzaville pour un débat ouvert. Comment vivent-ils les différences de culture, les clichés, les insultes racistes ?
Willy : J'ai beaucoup voyagé en Algérie depuis 2003. L'Algérie est un pays comme les autres : il y a du bon et du mauvais. Même entre Noirs dans certains pays africains, la discrimination existe. Moi, je ne crois pas qu'il s'agit de racisme, mais plutôt de xénophobie. Les gens te détestent sans raison. Ils te sortent des jeux de mots, on te jette des pierres ! Mais le plus difficile reste les différences de culture, de comportement : chez nous, il est tout à fait normal de marcher bras dessus bras dessous avec une amie ou une cousine. Pas ici !
Audrée : L'adaptation, au début, est difficile comme dans tout pays étranger. Ce qui m'avait le plus frappé ici, c'est la discrimination entre les hommes et les femmes. Je me suis rendu compte qu'il y a plus de mixité dans mon pays. Ici, j'ai même peur de demander à un collègue garçon de m'expliquer un cours ! Mais je me suis adaptée. Mais ce que je trouve sympathique, c'est l'accueil, surtout de la part des filles.
Marius : Déjà, quand on arrive en Algérie, il y a un problème de communication. On s'imaginait un pays francophone, le plus grand pays francophone d'Afrique ! Mais ce n'est pas le cas. Et si par hasard on tombe sur un gars qui parle bien français, il peut te prendre en otage et traduire ce que te disent les autres Algériens à sa guise.
Hubert : En arrivant en Algérie, je pouvais m'attendre à des attitudes racistes, mais pas de cette ampleur ! On ne s'imaginait pas aussi les différences dans les modes de vie. Je discute de beaucoup de sujets avec des Algériens, notamment sur le mariage et ses coutumes. Et à un certain moment de la discussion, on me dit « non, ça, la religion ne le permet pas ! ». Autre chose : ici, la famille c'est le père, la mère, les oncles, etc. Chez nous, la famille c'est ta femme, toi et tes enfants. La différence de religion ne crée pas beaucoup de tensions. Mais quotidiennement, des amis algériens me proposent de changer de religion ! L'autre jour, un gars m'a empêché de faire le signe de la croix ! Mais si toi, chrétien, tu es accompagné par un Africain musulman, ça passe.
Marius : On ne demande jamais à un Chinois à Alger de quelle religion il est !
Mobo : Et puis, nos amis algériens nous disent : vous n'irez pas au paradis !
Marius : Même les enseignants universitaires commencent pas vous poser la question : êtes-vous chrétien ou musulman ? Comme si être Africain veut dire obligatoirement être musulman ! Mais si tu dis « salam alikom », c'est la clé ! Les gens t'acceptent tout de suite.
Hubert : A la plage, on s'amuse bien avec nos amis algériens… Mais dès qu'on retourne à la cité universitaire, on retombe dans le discours : « Attention, ça c'est haram ! »
Audrée : A Alger, c'est plus dur au niveau des insultes racistes. A l'intérieur du pays, à Tiaret par exemple, ou dans d'autres villes comme Oran, on subit moins d'injures. Au contraire, là les gens sont plus curieux et me posent des questions sur moi, mon pays, etc. On me lance des insultes — en arabe et en français pour que je comprenne — à cause de ma couleur, mais aussi parce que je suis une femme. Les mots, on les supporte, mais pas quand on me touche comme ça dans la rue ou les jets de pierres. Mes collègues étudiantes algériennes subissent elles aussi les injures dans la rue. Parfois, c'est pire que ce qu'on me lance à moi ! Alors, je suis devenue nerveuse : parfois je crie contre celui qui m'insulte et là il se tait.
Marius : Et quand les policiers te demandent tes papiers, ils te prennent par le bras : « Tes papiers ! » Tu es déjà coupable ! Une fois, je leur ai demandé s'ils étaient sûrs que tous les passants autour d'eux dans la rue étaient réelement des Algériens.
Mobo : Beaucoup d'Algériens ne sont pas curieux. Ils croient que l'Algérien est supérieur et que l'Africain est inférieur. Il faudrait leur faire comprendre qu'est-ce qu'un Africain !
Marius : J'étais à Oran, où à cause de certains Africains aventuriers qui ont des comportements anti-sociaux, ont nous confond avec eux. Alors, on est tous des trafiquants de drogue ou de faux billets. Regardez les petits enfants : il n'y a pas plus innocent. Mais je crois bien que les parents leur inculquent une mauvaise éducation : « Dis “nigrou” et on te protège ! » Parfois, on rencontre des filles cool, qui aiment discuter. Eh bien, dès qu'elles nous approchent, elles sont traitées de « putes » ! J'ai rencontré des Algériens qui viennent du Sud, ils subissent aussi beaucoup de discrimination.
Marius : Dans les achats et dans les taxis, on nous demande des prix exagérés. Alors, il vaut mieux que tu fasses tes courses avec un ami algérien !
Jo : Les matches, c'est un problème. Que l'équipe algérienne perde ou gagne, nous sommes agressés.
Marius : On nous appelle Kahlouch, Nigrou, Babay !
Hubert : Le regard hautain des gens dans la rue, on finit par l'effacer !
Marius : Le jour du match Algérie-Zambie, j'ai mis le maillot de l'équipe d'Algérie, une casquette aux couleurs algériennes et un drapeau à la main, et pourtant les gens dans la rue m'interpellaient « tu supportes l'Algérie, toi ?! Tu es sûr ?! Est-ce qu'ils savent que le Congo n'a pas de frontières communes avec la Zambie ? Que nous sommes francophones alors que les Zambiens sont anglophones. Mais ça, ici, ils ne le savent pas.
Hubert : On se retrouve ensemble parce qu'on est rejetés par les autres. Ça unifie ! Lorsqu'on organise des fêtes, on se retrouve à plusieurs nationalités. Le peu d'Algériens qui nous rejoignent ce sont les plus cool !
Jo : Quand je vais rentrer chez moi, que vais-je raconter à mes parents et amis ? Je n'ai connu que l'université et la cité U !
Marius : Les gens ne nous invitent pas aussi parce que leur orgueil les empêche de montrer leurs difficultés personnelles, par exemple leurs logements exigus.
Audrée : Parfois, des membres des familles algériennes qui m'invitent refusent notre présence dans la maison. Les Algériens ignorent beaucoup de choses, comme par exemple l'histoire de l'Afrique noire… Certains me demandent par quel moyen on est arrivés à Alger ? Moi je réponds : « en pirogue ! »
Jo : Il y a une coupure entre l'Afrique du Nord et l'Afrique noire. Ici, ils ne connaissent même pas les musiciens africains, sauf quelques stars.
Mobo : Il faut que les Algériens se rapprochent plus de nous. Les Européens font partie d'un autre continent. Est-ce qu'on explique aux élèves algériens qu'ils sont aussi Africains ? Jo : Moi, j'ai appris l'histoire de l'Algérie à l'école au Congo. Ici, même dans le programme du Panaf, on fait confusion entre les deux Congo !
Marius : Oui, c'est chez moi que j'ai étudié Saint Augustin, Albert Camus, Ibn Badis, les ressources naturelles de l'Algérie, sa géographie, ses frontières.
Marius : Les Algériens doivent rompre avec le colonialisme ! Il faut arrêter de penser que lorsqu'un étranger vient ici, c'est pour qu'il leur prenne leur pays !
Mobo : A cause de cette ignorance, on nous pose des questions bizarres du genre : « Vous avez des plages chez vous ? »
Jo : « Vous avez des maisons ? Un aéroport ? ». Alors là, moi je réponds : en fait, quand votre président vient, il descend de son avion à l'aide d'une corde vers un arbre, et nous on l'attend en bas ! Hubert : « Alors, pour les 15 jours de vacances, tu rentres chez toi ? ». Ils ne savent pas que notre « maison » est à 8000 kilomètres d'Alger !
Jo : Ce qui me choque moi, c'est qu'on parle de l'Algérie qui va accueillir des… « Africains » ! Comme si l'Algérie faisait partie d'un autre continent. Le premier Panafricain (en 1969) était une sorte de fête de famille. On fêtait les indépendances. On aimerait bien savoir autour de quoi s'articule cette deuxième édition. On y parlera des rébellions, de l'immigration ?


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