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Elle a été la vedette du Panaf de 1969 : Makeba la grande absente
Publié dans El Watan le 05 - 07 - 2009

Elle ne sera malheureusement pas là, à Alger, pour ce Panaf'. Elle est partie à 76 ans de la clinique de Castel Volturno (Naples, Italie), le 9 novembre 2008, terrassée par une crise cardiaque.
Aurait-elle aimé s'éteindre en Afrique du Sud et plus précisément à Johannesburg où elle est venue au monde un certain 4 mars 1932 ? Assurément, Miriam Makeba avait dans le sang son pays pour lequel elle s'est battue comme une lionne et a souffert les pires affres de l'exil pendant 31 années. Ensuite venait l'Afrique toute l'Afrique. Ceux qui ont un peu de mémoire se remémorent avec ô combien de plaisir sa chanson qui retentissait comme un cri de ralliement : Afrique, Afrika… qui lui valut par la suite le truculent surnom de « Mama Afrika ». Aurait-elle aimé venir à Alger à 77 ans pour chanter une autre fois en cette terre d'Afrique pour laquelle elle s'était tant sacrifiée ? Peut-être, à moins que le triste état actuel des libertés en Algérie ne l'aurait dissuadée, elle qui voua son existence à défendre la dignité des hommes. A Naples où elle est morte, Makéba, en militante infatigable des causes justes, montait sur scène pour se solidariser avec l'écrivain Roberto Saviano, l'auteur de Gomorra, menacé de mort par la Camorra (la mafia napolitaine).
De son vrai nom Zenzile Makeba Qgwashu Nguvama, elle était parfois appelée Zenzi, diminutif, d'Uzenzile dont la signification est un véritable programme de vie : « Tu ne dois t'en prendre qu'à toi-même. » Cette maxime l'a-t-elle guidée tout au long de son existence ? Assurément, surtout en ce qui concerne son combat pour les libertés ! A Alger durant le Festival panafricain de 1969, dont elle a été sans conteste la vedette, elle a encore soulevé l'enthousiasme des foules en chantant la liberté. Mama Afrika a fait défaillir plus d'un en chantant - en arabe s'il vous plaît - Ana hourra fi el Djazaïr (je suis libre en Algérie) alors qu'elle ne connaissait que dalle à cette langue. Miriam, véritable phénomène de scène, avait toujours le feu au corps : rares étaient les moments où ses chansons n'étaient pas accompagnées de pas de danse endiablés. Mohamed Lamari qui chanta avec elle à Alger en connaît un bout sur ce chapitre.
Il est vrai que Miriam Makéba avait la rage de convaincre. Elle avait beaucoup de raisons pour cela : son pays, déjà sous domination d'une minorité coloniale, sombra alors qu'elle n'avait que 15 ans sous ce qui sera, avec le colonialisme et le fascisme, le pire des régimes socio-politiques qu'ait eu à connaître l'humanité, il s'agit de l'apartheid. Personnellement, elle avait encore plus de raisons de vouloir en finir avec le régime sud-africain de l'époque. Elle commence terriblement sa vie en prison : elle n'avait que quelques jours lorsque sa mère est condamnée à six mois ferme parce qu'elle faisait le commerce de bière qu'elle produisait clandestinement, afin de faire vivre les siens. Les malheurs se suivant, Zenzi perd son père à l'âge de cinq ans et jusqu'à la vingtaine passée, la vie dans une Afrique du Sud sous le joug de l'apartheid va la faire baver. A 20 ans, Makéba a déjà une grande responsabilité, puisqu'elle est mère d'une petite fille, Bongi.
Pour subvenir à ses besoins, à ceux de son enfant et de sa propre mère, elle est contrainte à prendre tout travail qui se présentait, laveuse de voiture ou bonne d'enfants. C'est à ce moment qu'elle découvre ses talents de chanteuse. En 1952, son destin vient à sa rencontre sous la forme d'un groupe musical, les Cuban Brothers, puis rapidement, elle passe à un autre, les Manhattan Brothers dont elle devient l'une des choristes. Ce groupe lui ouvre le chemin vers les Etats-Unis : la chanteuse y prend de l'assurance et en 1956, servie par une voix mélodieuse et puissante ainsi que par un jeu de scène dont ont le secret les Africains, Makéba est révélée au monde par le fameux Pata Pata. Le succès planétaire ne lui tourne pas la tête, celle qui sera plus tard Mama Africa demeure fidèle à ses convictions politiques et à ses combats. Elle n'hésite pas à jouer dans le film anti-apartheid Come Back, Africa du réalisateur américain Lionel Rogosin. C'était en 1959. Le régime raciste la bannira et même lorsque sa mère décède en 1960, elle ne put rentrer pour son enterrement. Son exil ne prendra fin, 31 ans plus tard en 1990, qu'avec la libération de Nelson Mandela.
Toute sa vie ne sera alors qu'une succession de combats ; elle chante dans la plupart des langues sud-africaines, mais aussi dans d'autres langues, prononce des discours anti-apartheid, s'engage en tant qu'artiste pour la libération des peuples, notamment africains, et participe aux manifestations prônant la paix, la tolérance et les justes causes, comme il en fut lors de son ultime concert à Naples. Elle ne craint pas l'adversité ni les conséquences parfois difficiles occasionnées par ses engagements. A Alger, en 1969, elle fait du Panaf' une tribune pour la libération de cette partie de l'Afrique encore sous domination coloniale. Elle s'engage aussi aux côtés des Noirs américains mobilisés autours des droits civiques et épouse Stokely Carmichael, chef des Black Panthers. Cette union et son rapprochement de ce mouvement politique provoquent contre elle la réprobation des dirigeants de l'Etat américain. De nouveau, c'est l'exil. Elle est accueillie en Guinée où elle obtient citoyenneté et nationalité.
Portée aux nues en 1966, à la suite du fameux Grammy Award qui primait son disque An evening with Harry Belafonte and Miriam Makeba qui faisait d'elle la première Sud-Africaine à obtenir cette récompense, elle va subir une véritable mise au placard en Occident pour la punir de son soutien aux Black Panthers. De nouveau, la vie redevient difficile et Makéba a de nouveau des ennuis d'argent mais ne renonce pas pour autant à ses principes. Cela durera jusqu'en 1987, année où de nouveau elle renoue avec le succès. Elle vivait alors en Belgique. Un chanteur américain de talent, Paul Simon, lui tend la main. La collaboration entre les deux vedettes se traduit par un album à succès, c'est le très connu Graceland. A cause probablement aussi de l'âge, elle est moins active et surtout moins productive ; ce n'est qu'en 2000 qu'arrive son nouvel album Homeland. En 2005, elle décide de mettre fin à sa carrière mais n'a pu résister à l'appel du devoir et remonta à 76 ans sur scène pour manifester son soutien à l'écrivain italien antimafia.


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