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Azeddine gaci. Recteur de la mosquée de Villeurbane (France) : « L'Islam tient compte du contexte »
Publié dans El Watan le 30 - 08 - 2009

L'Islam tient compte tout simplement du contexte dans lequel vivent les musulmans, comme en France par exemple, sans jamais remettre en cause les fondements de cette religion. Dans cet entretien, le docteur Azeddine Gaci, enseignant chercheur à l'Ecole supérieure de chimie physique électronique (Escpe) de Lyon et recteur de la mosquée de Villeurbanne (France), estime que « la fetwa ne peut pas s'exporter. »
Pourquoi aujourd'hui l'Islam est vécu différemment d'un pays à un autre ?
L'Islam ne peut pas se vivre de la même manière dans tous les pays, qu'ils soient ou non musulmans. Les réalités sociales, économiques et politiques de l'Algérie n'ont rien à voir avec celles de la France, par exemple, ni celles de l'Arabie Saoudite ou du Pakistan. Ce qui a d'ailleurs permis à l'Islam de se propager rapidement dans le monde, c'est sa capacité à s'adapter aux cultures, aux us et coutumes locaux. Il faut apprendre à faire, dans le Coran, la distinction entre les lois fondamentales (Al-thawâbit) qui ne dépendent ni de l'espace ni du temps dans lesquels évoluent les musulmans et les lois circonstancielles (el-moutarayirât) qui, elles, vont dépendre de l'espace, du temps (ou de l'époque), de l'état d'esprit du musulman et des us et coutumes du pays dans lequel vit le musulman.
Donc, les fetwas doivent suivre ce référentiel ?
Absolument, les muftis doivent tenir compte de ces quatre paramètres pour formuler un édit religieux (fetwa) et de ce fait la fetwa ne peut pas s'exporter. C'est dans ce sens qu'en France, on appelle à construire un « Islam de France » ou « un Islam d'Europe », c'est-à-dire un Islam qui tient compte tout simplement du contexte dans lequel vivent les musulmans de France sans jamais remettre en cause les fondements de notre religion. Les musulmans en Algérie sont certes d'obédience malékite, mais les spécificités des coutumes locales diffèrent dans certaines régions. On y décèle quand même quelques différences dans la pratique de l'Islam entre le Nord et le Sud par exemple sans que cela, encore une fois, ne remette en cause les fondements de notre religion.
On assiste à une ferveur religieuse lors du mois de Ramadhan. Quel sens lui donnez-vous ?
Le mois de Ramadhan est une occasion qui est donnée à chacun d'entre nous pour diagnostiquer son état et apprendre à vivre dans la proximité du Tout-Puissant. Atteindre ce mois est un bienfait immense qui nous vient de Dieu, comme le disait le Prophète à ses compagnons : « Celui qui est privé du bien que renferme le mois de Ramadhan est privé d'un bien considérable. » (hadith). Beaucoup de musulmans, notamment en Algérie, reviennent à Dieu pendant ce mois béni. Ils se remettent à faire la prière et assistent aux prières nocturnes des tarawih.
Les gens aiment surtout l'ambiance familiale…
Bien évidemment. Ce « mois de Dieu », comme le qualifie le Prophète, permet aux musulmans de vivre en l'espace de trente jours ce à quoi ils aspirent toute l'année. C'est aussi l'occasion de se remettre en question, donner un sens à sa vie et mettre Dieu au centre de sa vie en ce mois de miséricorde. C'est enfin une occasion de se rapprocher des siens, de ses proches et de resserrer les liens familiaux. Le musulman est particulièrement sensible en ce mois pour ceux qui souffrent, ceux dont les visages sont marqués par les difficultés de la vie et plus généralement ceux qui, à cause de leurs histoires personnelles et/ou collectives, sont dans le besoin.
Les adeptes d'autres religions se sentent concernés ?
Pas seulement dans les pays musulmans. La France par exemple compte environ six millions de musulmans avec une majorité d'origine algérienne. Plus de 70% d'entre eux observent scrupuleusement le jeûne du mois de Ramadan selon des statiques réalisées par des médias français. Les non-musulmans et notamment les chrétiens sont toujours très admiratifs à la pratique de ce quatrième pilier de l'Islam. Chaque année, au début de chaque mois de Ramadhan, je reçois des messages très sympathiques de la part de responsables catholiques qui me disent vivre avec les musulmans ces moments de partage, de solidarité, de convivialité et d'intense spiritualité que permet de vivre le jeûne de ce mois de piété. Ils sont nombreux en France, les musulmans qui convient souvent leurs voisins non-musulmans à rompre avec eux le jeûne du Ramadhan. C'est ainsi qu'ils apprennent à se comprendre et à communiquer pour mieux se connaître et s'estimer. Le mois de Ramadhan est aussi en France une occasion pour organiser des rencontres interreligieuses où les différents porteurs de foi et de spiritualité apprennent à vivre, justement, tranquillement et paisiblement ensemble.
Le retour vers les religions est-il lié à l'environnement agressif dans lequel vit l'humanité actuellement ?
Sans aucun doute. Les événements tragiques du 11 septembre 2001 par exemple ont poussé un grand nombre de musulmans à se poser beaucoup de questions. Ceci les a naturellement conduits à revisiter leur histoire, à relire les textes fondateurs de l'Islam : le Coran et la tradition du Prophète, à les approfondir, à ne pas se contenter de rester à la surface de ces textes mais comprendre leurs finalités. Ils ont alors découvert que l'Islam était avant tout une religion du cœur et une spiritualité approfondie et sans cesse renouvelée.
Mais subsiste-t-il toujours des préjugés sur les musulmans ?
Effectivement. C'est pourquoi les musulmans eux-mêmes ont pris conscience que lorsqu'elle est bien comprise, la religion musulmane est un cadeau, un trésor, une richesse et une paix intérieure. Une religion qui défend des valeurs comme l'amour, la fidélité, le respect, la miséricorde, la fraternité, la vérité, la bienfaisance. Une religion qui permet aux musulmans de vivre librement, sans contraintes, les uns avec les autres et non les uns contre les autres comme le voudraient tous les prêcheurs de la haine, les entrepreneurs de la violence et les professionnels de la peur. Mais lorsqu'elle est mal comprise, ses adeptes peuvent s'exprimer dans la volonté de puissance, de pouvoir sans partage, d'exploitation, de violence dans ce monde où différentes traditions se mêlent et vivent.


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