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Insalubrité, altercations et diktat
Tôt le matin aux abattoirs des Annasser
Publié dans El Watan le 02 - 09 - 2009

Aux abattoirs du Ruisseau, situés à la rue des Fusillés à Hussein Dey, un carrousel de fourgonnettes dépourvues de système de réfrigération enjambent le tracé du tramway.
Postés à la porte d'entrée, les deux vigiles, en tenue noire frappée du sigle Egesap, ne trouvent rien à redire. Pourtant, ce sont ces mêmes véhicules de fortune qui, quelques heures plus tard, ressortiront de l'abattoir alourdis par le poids de la viande à destination des marchés et autres boucheries de la capitale. Il faut dire que les lieux sont repoussants à plus d'un titre. A l'intérieur des deux salles d'abattage, des carcasses d'ovins et de bovins trônent, accrochées à des esses.
Des têtes sanguinolentes et des amas d'abats jonchent le sol au milieu de rejets fécaux des bêtes abattues. Dans les rigoles, des eaux noirâtres stagnent, survolées par des essaims de mouches. Tapissé d'une épaisse couche de graisse, le sol ressemble à un circuit de patinage par certains endroits. Des salissures, mélangées à du sang coagulé, rappelle le « massacre » de la nuit. Une odeur exécrable monte aux narines. Décor morbide à même d'assommer la plus coriace des personnes. Mais, pour les habitués des lieux, il ne s'agit que de scènes et d'exhalaisons somme toute anodines. Dans ces lieux,maquignons, adjudicateurs, sacrificateurs, chevillards, bouchers et vendeurs à la sauvette, se côtoient depuis des lustres. « Cela fait plusieurs années que je viens ici m'approvisionner. Cette odeur fait partie de moi », ironise Salim, un jeune chevillard. Un avis que ne partage pas Mohamed, maquignon de son état. « Même s'il existe des employés chargés de l'entretien et du nettoyage des salles d'abattage, les lieux sont d'une insalubrité incroyable. Idem pour les salles où se vendent les abats. Les responsables de l'abattoir devraient mettre un peu d'effort pour lui donner un peu de clinquant », souhaite-t-il. Un simple tour d'horizon renseigne, on ne peut plus clair, sur l'absence des conditions minimales d'hygiène. Le clou du mauvais spectacle, des têtes d'ovins et de bovins et les abats sont transportés sans souci à coups de brouettes rouillées et crasseuses. « Vous vous rendez compte. Des pièces d'abats et de foie côtoient presque les détritus des animaux. A voir ce spectacle affligeant, je n'ai aucune envie de consommer de la viande. Je devrais me reconvertir en végétarien », a estimé aâmi Ali, un retraité d'une société nationale. Les employés de l'abattoir, chargés de l'entretien, s'estiment dépassés. « On n'est pas assez nombreux », a souligné l'un d'entre eux. Sentence qui ne convainc presque personne.
Pressions et ordre établi
Adossés aux murs, assis à même le sol, des maquignons et des bouchers-grossistes, prennent leur mal en patience en attendant l'ouverture des deux salles d'abattage. « Il est presque 7h et les portes sont encore fermées. Ce n'est pas normal », lance, courroucé, un maquignon. De l'intérieur, une voix rauque lui bredouille, qu'il faudrait encore attendre un peu, le temps que les vétérinaires inspectent les carcasses. « Toujours la même chanson. Ma vie est une interminable attente », fulmine-t-il. L'abattage a pris fin, place maintenant aux équipes de vétérinaires d'intervenir. Mains gantées et gestes habiles, l'un deux plonge ses deux mains à l'intérieur d'une carcasse avant de passer vers une autre. Derrière les portes grillagées, aâmi Ali reste interloqué devant la célérité de ces tours d'inspection. « Est-ce que vraiment, les contrôles sont rigoureux ? », lance-t-il à l'endroit d'un employé. Et à ce dernier de le rassurer : « Les bêtes subissent des contrôles des plus sérieux. La bête désignée à passer sous la lame subit la veille un contrôle anté-mortem. Elle ne devrait pas s'alimenter. Une fois dépecée, tôt le matin, elle passe un autre contrôle post-mortem avant d'être estampillée valable à la consommation. » Ici, les vétérinaires travaillent dans des conditions peu ragoûtantes. Tout juste s'ils portent une blouse à peine immaculée. « Nous courons des risques de transmission de maladies tout comme nous ne disposons pas d'équipement de sécurité », déplore un vétérinaire sous couvert d'anonymat. Parfois, ils font l'objet de pressions ou de tentatives d'agression de la part des propriétaires de bêtes. « On subit des pressions ou des tentatives d'agression de la part de propriétaires des bêtes, particulièrement lorsque nous intervenons pour la saisie de la carcasse pour des raisons évidentes de maladie. Nous comprenons le comportement des maquignons lorsque la bête coûte des millions de dinars, mais nous refusons certains agissements. On ne peut pas quand même pousser la bêtise et permettre de fourguer une marchandise qui présente des risques sur la santé du consommateur », ajoute-t-il. Certains maquignons interrogés sur le sujet s'en défendent. « On ne peut pas s'immiscer dans le travail des vétérinaires. Certes, il existe des altercations. Mais des agressions caractérisées, pas que je sache », glisse Mohamed, un vieux maquignon. Entre-temps, le négoce commence. Chacun jette un coup d'œil scrutateur sur sa marchandise avant de passer à la « pesée ». Des liasses de billets circulent. Les transactions sont conclues en deux temps trois mouvements. Les prix de gros de la viande ovine sont de 810 DA. Ceux de la viande bovine dépassent les 1000 DA. « C'est trop cher », proteste Salim, le jeune chevillard. Ses protestations ne trouveront pas d'écho. Il sera obligé de payer rubis sur l'ongle, un peu plus cher que d'habitude. Et le mois de Ramadhan, période propice aux gains faciles, ne déroge pas cette année à la règle. « C'est devenu un rite immuable. Les prix augmentent à la veille de chaque mois sacré. C'est la faute aux maquignons qui ne trouvent aucun scrupule à augmenter leur marge de bénéfice », accuse Salim. En réalité, plusieurs intervenants : maquignons, rabatteurs et chevillards y mettent de leur « cupidité » pour faire monter les « enchères ». Dans ce cas de figure, les bouchers grossistes, dernier maillon de la chaîne, se retrouvent dans l'obligation de corser les prix. « Il arrive parfois où la carcasse est cédée à quatre reprises. De ce fait, les prix quadruplent et dépassent tout entendement. Et c'est le consommateur au final qui paye les pots cassés. Tout cela est un diktat. On devrait donner un coup de pied dans cette fourmilière », juge-t-il. Certains parlent même de gros bonnets qui tissent leurs réseaux pour jouer aux manipulateurs et maintenir sans concession, un ordre établi.
Délocalisation
Etalé sur 24 000 m2, le site de construction coloniale est composé de 3 salles d'abattage de 3250 m2, des écuries de 3764 m2 d'une capacité de 300 bovins et de 6000 ovins et un hangar frigorifique. On y trouve également des ateliers de désossage et de transformation, un autre pour la vente de cuir, des salles de boyauderie et de lavage des panses. Depuis plusieurs années, autour de cet établissement, des restaurants assuraient par ailleurs un service bon marché pour les familiers des lieux et même pour les ouvriers des chantiers environnants. Ce n'est plus le cas, puisque depuis le lancement du projet du tramway, des pelleteuses ont réduit ces restaurants en un amas de pierres. Le peu de bâtisses restantes sont fermées. Le tracé du tramway est passé à quelques mètres de l'abattoir. Tout le monde parle d'une délocalisation, mais personne ne sait quand. Les différents intervenants autour de cet abattoir sont partagés, inquiets pour certains et confiants pour les autres. « On ne sait pas exactement où irions-nous. J'ose espérer que ça ne sera pas loin de la capitale. On est tellement habitué à ce lieu que nous nous imaginons mal dans un autre espace », estime Mohamed. Adepte du futur abattoir, Salah, un boucher algérois, souligne : « Je suis certain que la nouvelle structure sera mieux aménagée et moderne. Je suis déjà impatient ». Sous la coupe de l'Epic Egesap, un établissement qui gère également les abattoirs d'El Harrach et de Rouiba, au même titre que 9 autres abattoirs communaux, l'abattoir de Ruisseau, devrait être délocalisé vers Birtouta, apprend-on sur place. D'ailleurs, les autorités de wilaya ont lancé depuis fin 2008 un avis d'appel d'offres pour la réalisation d'une étude. Depuis, le projet semble traîner la patte.


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