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Don quichotte, ce mythe qui est né il y a quatre cents ans
Un chef-d'œuvre inégalé de Cervants
Publié dans El Watan le 17 - 02 - 2005

Nous n'aimons pas les commémorations. Ritualisé un jour, le souvenir s'attend au naufrage des lendemains de fête. Aujourd'hui pourtant, la tentation est grande de saluer la naissance de Don Quichotte en janvier 1605.
Voilà quatre cents ans, un chevalier est sorti désarmé de sa Castille natale pour conquérir le cœur et l'esprit des hommes. Du plus profond de l'Espagne qui se réclamait d'une identité étroitement nationaliste à base d'épuration inquisitoriale, ethnique et religieuse, un vieil Espagnol, sec et fantasque, amaigri et jauni par les années, a piqué des deux sa non moins vieille et maigre Rossinante, et il s'en est allé loin de chez lui. Le rythme était lent, ralenti par le vide de l'action et de l'histoire, mais l'aventure inédite et inégalée, la destinée internationale. Comme pour toute aventure de cette envergure, il fallait s'attendre à un souci majeur : la grande œuvre, l'œuvre universelle, finit par perdre sa dimension mythique quand elle passe par le filtre de la conscience collective. De Don Juan, il ne reste aujourd'hui que l'image d'un coureur de jupons, et de Don Quichotte, nous n'avons retenu que les combats contre les moulins à vents. Le temps simplifie et vulgarise, incitant à la paresse qu'il convient parfois de secouer, à défaut de commémorer. Combien de coureurs de jupons aujourd'hui ? Combien de combats contre des moulins à vent. Contrairement aux apparences, il y a moins de gestes que d'individus. Beaucoup de gens, peu de gestes, dit Milan Kundera. Quel sens donner au geste, unique fondateur du mythe de Don Quichotte ? Peut-il avoir un sens dans un pays sans moulin à vent ? Si oui, le mythe mérite d'être réactualisé. La première partie de Don Quichotte paraît dans l'indifférence générale jusqu'au moment où un trait de génie traverse l'esprit de Cervantès qui s'avise, en bon soldat, de jeter sur le marché un buscapié, une de ces petites fusées qu'on lance devant pour éclairer la marche. Le pamphlet anonyme projette la pleine lumière sur un personnage qui n'a rien d'un héros, qui n'a rien à voir avec les chevaliers traditionnels dont les romans étaient prisés par les contemporains de Cervantès. Grâce à cette ruse, le héros impossible investit le terrain du réel, il prend de la consistance et s'assure une gloire littéraire qui en fera un mythe. Soudain l'évidence : Don Quichotte est bien un roman de chevalerie, un vrai, mais à l'envers, sur le mode du burlesque et de la dérision.
Un chevalier ni preux ni beau
Le chevalier Don Quichotte n'est ni preux ni beau. Il erre sans but dans un monde qui lui est étranger, alors qu'il y a vécu, après y être né. Dans sa tête, des fumées, des fables, des amours idéales, des héros chevaleresques. Hors temps, hors champ, Don Quichotte reste un hidalgo, un de ces gentilshommes appelés Hijos de algo, c'est-à-dire fils de quelque chose. Ce « quelque chose » a noms de justice et d'honneur, de loyauté et de liberté, le tout codifié par un Moyen Age révolu. Et Don Quichotte s'en tiendra là. Il le sent bien, le vent nouveau qui fait tourner les ailes des moulins castillans, mais ce vent-là est mauvais qui sème la mauvaise graine, la graminacée qui pousse comme le chiendent, retourne les vestes, plaque masques et perruques sur les girouettes au gré du bon courant d'air. Don Quichotte refuse d'être autre chose que le fils de son père, de l'âge qui l'a fait, lui, noble et bon, incapable de traiter son valet comme un valet, et qui s'étonne quand il entend le mot « forçats ». Forçats ? Comment le roi peut-il faire force à personne ? Comment être l'enfant d'une histoire qui nous a dépassés, largués ? Autant devenir le fils de quelque chose, de ses idées : le père de Don Quichotte. Cervantès avait tout ce qu'il fallait pour incarner un héros de sa véritable histoire. Victorieux à la bataille de Lépante qui assure une victoire contre les Turcs, il en gardera des séquelles irréversibles, une main gauche estropiée à vie et une fierté inébranlable. Prisonnier des Turcs à Alger, de 1575 à 1580, il n'aura pas à rougir de cette expérience humiliante. Tous les témoignages s'accordent à dire qu'il eut, durant ses années de captivité et de tentatives de fuite, un courage et une générosité exemplaires. Un véritable hidalgo rivé à son code d'honneur et de vertu. L'hidalgo rentre chez lui, après cinq années d'absence et réalise le changement. La concentration d'un Etat monarchique, des vérités étatisées par l'inquisition, une politique de la puissance qui favorise l'esprit courtisan et solliciteur. Amère et indéniable réalité qui déchire le cœur en même temps que s'ouvrent les yeux. Impuissant, réduit à la détresse du gueux - non pas mendiant ! Jamais ! - Cervantès plonge dans son imagination et s'y maintient en état d'apnée, décalé, l'âme blessée et indépendante. Revenu chez lui, Cervantès trouve un monde qui est une prison où toute incommodité a son siège, où le bruit sinistre fait sa demeure. Dans ce monde de la déréliction, quel geste possible pour un homme ? Le geste valeureux et sot. La lance insensée d'un noble chevalier, maigre et sec, contre le vide d'un vent sinistre, comme une tête qui fonce droit dans le mur d'une prison incommode. Geste sot et valeureux qui dit définitivement non à la canaille, car « faire du bien à la canaille c'est jeter de l'eau à la mer ». Un seul geste pour nous tous. Unique et salvateur. Commémorons le buscapié et son effet foudroyant. Le mythe chaque jour revient à nos oreilles avec le bruit sinistre de l'arrogance servile.


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