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Ramer à contre-courant
Publication. Nage dans ta mer, premier album de HIC
Publié dans El Watan le 23 - 09 - 2009

Le dessin est parlant : un jeune Algérien, assis sur un baril qui laisse échapper du pétrole, rame, pieds nus, vers une destination inconnue, une casquette verte visée sur la tête. La mer est bleu gris et le soleil est blanc. Le jeune fait partie de la communauté, de plus en plus large, des harraga. Ceux qui chaque jour ridiculisent un système politico-policier en faillite totale.
Il quitte un pays riche avec l'espoir de vivre mieux ailleurs. C'est la couverture du premier album de Hicham Baba Ahmed (HIC), caricaturiste, Nage dans ta mer qui vient de paraître aux éditions Dalimen. « Dans Nage dans ta mer, le personnage revient sans arrêt. Il est le symbole de notre désarroi. Il est notre double téméraire. Celui qui ose affronter les vagues quand nous, nous osons à peine affronter nos rêves », écrit Sid Ahmed Semiane (SAS), dans la préface de l'album. Les rêves ? Une Algérie prospère dirigée par les jeunes ? Possible. Mais les harraga, dans l'Algérie de Bouteflika et de sa para dynastie, n'affrontent pas que les vagues. Ils tournent le dos à la lâcheté, à l'indigence et à la sénilité. L'Algérie, selon HIC, pourrait être champion du monde de l'aviron en raison de ces jeunes migrants qui rament si bien et qui fuient une terre devenue hostile. « Dans le pays des hommes qui nagent dans leur mer, Hicham ne fait pas figure d'exception. Il n'échappe pas à cette règle. Il est lui aussi un harraga, même s'il ne quitte pas sa bulle. Il rame chaque jour pour traverser ses propres frontières », écrit encore SAS.
HIC stigmatise la condamnation des harragas à des peines de prison et souligne, dans ses nombreux dessins que la répression, même en haute mer, ne sert à rien. Hic se retient parfois, mais il se lâche souvent, convaincu que dire est mieux que se taire. On ne le dira jamais assez, l'arbitraire se nourrit du silence, comme la dictature se nourrit d'argent et de sang. Allez, Bouteflika et la présidence à vie : le prétexte, la célébration du yennayer, nouvel an berbère, un portrait du locataire d'El Mouradia avec en bas les dates : 1999-2958 ! Autre exemple : le pétrole à plus de 120 dollars, une porte au-dessus de laquelle est écrit, Algérie, à côté, un mendiant s'écrie : « Tiens ! Une inondation ». En bas de la porte, des liasses de billets coulent vers un avaloir. Pas de besoin de commentaires. Chérif Rahmani lance la saison touristique 2008 : une foule d'Algériens qui courent à toute vitesse vers une destination, la Tunisie. La presse aujourd'hui ? Un lecteur étonné découvre qu'il existe tout de même... un article au milieu d'un flot de publicité. L'université algérienne ? Un homme avec un cartable rempli de diplômes s'apprête à se suicider devant une mouette surprise. La marginalisation des diplômés en Algérie a-t-elle fait un jour débat ?
Hic ne rate pas l'UGTA, ex-syndicat unique. « Le patron des travailleurs réélu sans surprise » : Sidi Saïd, patron éternel de la centrale syndicale, se prélasse sur un hamac et ajoute : « ... Et sans efforts ». L'UGTA, qui avale chaque année les millions de l'argent public, est un petit goulag qui siège à... la Maison du peuple. HIC n'omet pas d'évoquer la pauvreté : un père de famille marche avec un couffin qui brûle, un SDF qui meurt de froid, la pomme de terre vendue en pharmacie, la courbe en hausse de la consommation des drogues dures en Algérie, une femme à l'œil au beurre noir lance : « Les Algériens célèbrent la Saint-Valentin à leur... manière ». Le dessin sur la violence conjugale est sans appel : deux femmes battues montrent dans une pancarte « le mari idéal », un homme sans pieds et sans bras ! HIC ne manque pas l'actualité internationale. Ses personnages préférés sont : Fidèle Castro, Barack Obama, Nicolas Sarkozy... A la fin de l'album, HIC a réservé un petit espace à ceux « qui ne liront jamais ce recueil ».
Un hommage à Melouah, Hamid Kechad, Redouane Osmane, Bachir Rezzoug, Mahmoud Darwich, Youssef Chahine, Yves Saint-Laurent et Joseph Barbera, le père de Tom et Jerry. Mais qui est HIC ? « Né au XXe siècle à Icosium, près de 2000 ans après le départ des romains et bien avant la victoire de l'Algérie contre l'Allemagne par deux buts à 1. Hic dessinateur naufragé au Matin qui a échoué au Soir », est-il écrit, noir sur blanc, sur la couverture de l'album, en bas d'un autoportrait de l'artiste, avec sa célèbre casquette et sa cigarette. L'éditeur, dans un texte bref, relève que le florilège de dessins proposé dans l'album illustre « tout l'écart entre un métier et une vocation ». Ingénieur en aménagement du territoire, HIC aurait pu suivre une autre carrière professionnelle. Il a choisi une autre voie qui lui permet de ramer à contre-courant avec humour, courage et finesse. A contre-courant ? C'est sans doute la meilleure direction...
Nage dans ta mer, paru aux éditions Dalimen, 196 pages


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