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Des déchets toxiques en libre circulation
Publié dans El Watan le 03 - 03 - 2012

Selon M. Guerra, directeur de l'hygiène et de la sécurité de cette entreprise, il s'agit uniquement des déchets de peintures équivalents à 5 containers pleins, qui, après avoir été transférés au centre d'enfouissement de Souk Ahras, où la direction de l'environnement a dit «niet» à ce propos, seront bientôt ré-acheminés vers leur endroit d'origine, c'est à dire l'Etrag. En effet, ces déchets de produits chimiques dangereux sont composés de diverses peintures et des cyanures de sodium et de potassium stockés depuis des années dans un entrepôt réservé à cet effet, au sein de l'Etrag (ex-Complexe- moteurs- tracteurs (CMT). Ce hangar, situé à proximité des magasins du BT 18, est construit en parpaings ; il y avait une clôture de grillage métallique sur lequel était accroché un panneau portant une tête de mort avec l'inscription : «Danger !».
La clôture de sécurité a ensuite été enlevée, juste à la veille de la visite protocolaire du ministre du secteur, pour lui présenter un site propre. Mais bien avant, soit en juillet 2011, le Centre d'enfouissement technique (CET) de Souk Ahras s'était proposé pour recevoir ces déchets à travers une convention signée entre les deux parties, au moment où les dirigeants de l'Etrag envisageaient la possibilité d'un espace viable pour l'éventuelle installation d'une fonderie moderne après que celle existante dans le BT 7 était devenue très vétuste, surtout à la suite de l'écroulement d'une partie de la toiture et donc de l'étanchéité, et ce, à quelques années seulement du marché conclu avec la médiation du cadre chargé de la sécurité de l'entreprise sus-citée. C'est alors, selon diverses sources ouvrières, y compris celles émanant d'agents de la prévention, que l'on procédera au chargement de milliers de fûts avec les deux produits toxiques (cyanures et peintures), en remplissant souvent les mêmes fûts destinés à l'enfouissement, pour libérer les lieux juste avant la venue des membres dirigeants de l'organisme en charge de la gestion des capitaux des entreprises publiques et économiques, en l'occurrence l'Equipag, afin de les convaincre du choix d'un tel site pour l'installation de la forge moderne.
Les chargements des fûts mobiliseront toute une flotte de camions de transport en commun du secteur privé et une quinzaine d'ouvriers manuels issus du recrutement dans le cadre des travaux d'utilité publique à haute intensité de main-d'œuvre (Tuphimo) et des autres formules d'emplois précaires et sans qualification, proposées par la direction de l'action sociale (DAS), l'Anem, etc.
Manipulation dangereuse de cyanures et autres peintures
Les ouvriers s'attelleront laborieusement à cette tâche, dont ils ignoraient la dangerosité sur leur santé et sur l'environnement. Des camions de transport en commun ont été dépêchés et chargés de fûts bourrés de produits chimiques toxiques devant être acheminés vers Souk Ahras. Après la «sale besogne», exécutée sans aucune protection, pas même de gants et encore moins de masques, les ouvriers commencent à sentir des démangeaisons au niveau de certaines parties du corps, notamment les membres supérieurs et inférieurs et le visage. Quand ils se présentent alors à l'infirmerie de l'usine, le médecin en poste fera une liste du personnel contaminé et donne l'ordre de les évacuer par ambulance au CHU de Constantine. Mais, ajoutent nos sources, les responsables de l'usine se sont opposés à l'avis médical de crainte que l'affaire ne soit ébruitée ; ils se contenteront de recommander aux ouvriers, – sous diverses intimidations -, des bains, douches et le changement des vêtements de travail. A ce propos, un ouvrier raconte : «On nous a forcés à procéder à l'enlèvement des fûts contenant les produits toxiques sans nous donner les moyens de protection individuels nécessaires à cet effet, pas même des gants et encore moins des masques.
Lorsque nous avons commencé à ressentir des démangeaisons, nous nous sommes présentés à l'infirmerie de l'usine pour d'éventuels soins urgents, le médecin en poste, une femme, a recommandé l'urgence de notre évacuation au centre CHU, mais les responsables ont refusé.» Pis encore, ajoute l'ouvrier qui fait montre d'une certaine naïveté par rapport aux dangers encourus, même s'il dit cela : «Nous avons risqué notre santé pour que l'on soit ainsi traités par les responsables qui usent d'intimidations sous prétexte de refus de travail, avant de nous proposer d'aller prendre des bains et des douches et de remplacer les vêtements de travail par d'autres neufs, avec la promesse que nous percevrons une prime de rendement de 30%, laquelle ne nous a pas été versée à ce jour.» Quant au médecin généraliste, Dr Y. Sana, elle démissionnera quelque temps après que son collègue, le Dr Boughambouz, eut subi des intimidations relatives aux mentions sur le registre de permanence médicale faisant état de cette contamination des ouvriers. Le personnel du centre médical avait alors observé un arrêt de travail de protestation ; mais le syndicat UGTA de l'entreprise, – contesté par ailleurs par le collectif des travailleurs pétitionnaires -, s'est contenté d'en aviser la direction générale de l'Etrag, sans pour autant s'impliquer dans cette affaire qui relève pourtant de ses attributions, celles de défendre les travailleurs. Cependant, tous les efforts entrepris pour libérer les lieux afin de bénéficier de la fonderie en question sont tombés à l'eau.
L'Equipag décide que ladite forge sera édifiée à la Snvi de Rouiba (Alger). Ainsi, les dégâts incommensurables d'une telle manipulation et de tels déplacements onéreux de produits hautement toxiques sont irréparables selon nos sources, qui révèlent que des pommiers plantés non loin de l'entrepôt de stockage ne produisent plus de fruits à cause des cyanures. Pour rappel, ces produits dangereux importés en boules de cristaux d'Allemagne sont destinés au traitement des surfaces de métaux, particulièrement des pignons de boîtes à vitesses des tracteurs. Ces pièces d'engrenage sont pré-chauffées au préalable dans un four de plus de 400 degrés avant leur immersion dans un bain de trempe, dit de nitruration, où sont fondus les cyanures. Une fois ces opérations réalisées, les pièces sont de nouveau immergées dans un bain de rinçage et de lavage, avant le contrôle qu'elles subiront au laboratoire, notamment pour vérifier la profondeur de la couche traitée et sa dureté sur l'échelle correspondant à la gamme d'usinage établie par les services des méthodes et des ordonnancements dans ce procès de production. Bref, mais c'était faire sans suspecter une quelconque découverte de ce délit, selon deux versions plausibles. La première : des éléments de la gendarmerie auraient trouvé quelques fûts jetés et/ou tombés sur les bas-côtés de la route, lors du trajet vers Souk Ahras probablement, selon nos sources, dans la wilaya de Guelma sur la route départementale reliant Aïn Abid à Tamlouka.
La seconde : une dénonciation de ces faits gravissimes dont le où les auteurs auraient alerté la direction de l'environnement de Constantine, qui faisait par ailleurs des tournées programmées et souvent inopinées sur le site. Celle-ci se serait saisie de cette affaire et aurait averti la direction du même secteur de la wilaya de Souk Ahras, où une enquête a été ouverte. La direction de l'environnement de Constantine, que nous avons vainement tentée de contacter à plusieurs reprises pour en savoir plus sur le sujet, aurait, dit-on, verbalisé l'Etrag pour ce délit et/ou crime commis contre la nature, et qui s'est déroulé durant plusieurs jours consacrés à l'enlèvement de milliers de fûts sans qu'elle ne s'en aperçoive.
C'est ainsi que la «restitution» des fûts toxiques est attendue incessamment. Interrogé sur le pourquoi du «rapatriement» des fûts, le DHS évoquera «la taxe onéreuse de 400 millions de centimes que devrait payer annuellement l'Etrag au CET en question, par le truchement de la direction de l'environnement de Souk Ahras». L'on parle d'un gros lot de plusieurs containers. Beaucoup de zones d'ombre entourent cette grave affaire dès lors que des CET existent bel et bien dans la wilaya de Constantine, précisément dans la commune d'Ibn Badis, ou encore la déchetterie de Aïn Smara ! Pourquoi le choix du CET de Souk Ahras ? Le DG de la direction de l'Etrag, qui nous aurait donné son avis sur cette catastrophe toxique, n'est plus en poste. Il a été limogé récemment, au même titre que d'autres chefs d'entreprise du secteur industriel à Constantine, sous l'impulsion du mouvement ouvrier et syndical anti-cadres retraités.
De graves incidences
Cependant, d'autres observateurs estiment qu'il s'agit de «représailles» opérées par Ouyahia à l'endroit des ces responsables limogés, d'obédience politico-idéologique connue au lendemain du clash du MSP de l'alliance gouvernementale. Le nouveau PDG, dont nous avons sollicité l'avis sur la question, se trouve non concerné par les faits qui se sont produits antérieurement à sa prise de fonction. Au moment de notre passage, le nouveau chef de l'Etrag était absent selon le DHS, et un autre cadre nous a reçus et fait visiter les lieux ; et durant la semaine dernière, il était préoccupé par une réunion marathonienne avec les partenaires sociaux, qui a duré deux jours, (mercredi et jeudi). Par ailleurs, il se trouve qu'à l'Etrag, les diverses installations de traitement et d'épuration des eaux usées contenant ces déchets toxiques, et la station de galvanisation ont été rétablies récemment. Leur fonctionnement ne serait pas régulier, dit-on, et par conséquent la pollution de l'environnement est inéluctable.
En outre, interrogé sur les risques sanitaires sur les personnes, le docteur Chebli, chef de la médecine du travail au niveau de l'établissement public hospitalier (EPH) Mohamed Boudiaf d'El Khroub, de surcroît lié par une convention avec l'Etrag, estime que «le simple fait d'inhaler la poussière et/ou la vapeur de cyanure fondu provoque à terme des difficultés respiratoires qui peuvent par l'effet d'accumulation, engendrer des arrêts cardio-vasculaires et des troubles neurologiques allant jusqu'à la paralysie». Concernant le cas des travailleurs traités dans le cadre de la médecine du travail, notre interlocuteur évoquera l'ignorance des gens. Ceux-ci, soutient-il, préfèrent les consultations médicales externes, plutôt que de passer par la médecine du travail spécialisée dans les risques liés aux produits chimiques. Quant aux ouvriers ayant manipulé ces produits, les conséquences sur leur santé apparaîtront plus tard, selon d'anciens travailleurs sortis à la retraite. «Déjà, ils souffrent de plusieurs maladies cardio-vasculaires, d'hypertension et de divers cancers», nous confie un ancien contremaître aux ateliers de traitements thermiques, M. Matougui, qui avait vécu en compagnie de ses camarades travailleurs des journées infernales au milieu des fours, mais avec aussi une certaine fierté d'avoir accompli des tâches ardues et hautement dangereuses pour que la production du tracteur Cirta retrouve sa place sur le marché du matériel agricole.
Depuis les multiples restructurations subies par l'entreprise avec les départs prématurés de ses personnels qualifiés et expérimentés, le manque de conscience professionnelle régnera en maître dans les lieux, ajoute l'ex-contremaître. Dans ce registre, la sécurité industrielle et la protection individuelle et collective des travailleurs sont quasi absentes des normes de travail. Cette absence trouve son origine dans la régression des politiques mises en œuvre dans le secteur industriel par les pouvoirs publics et aussi dans l'insouciance des risques qu'une certaine idéologie obscurantiste et rétrograde avait inculquée par l'endoctrinement des mécanos, leur faisant croire que la protection individuelle et collective est une «affaire divine !


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