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«C'est l'écriture des noms qui cause le plus de dégâts»
Publié dans El Watan le 08 - 09 - 2012

– Pensez-vous que la question de l'identité ne sera pas encore résolue tant que les patronymes donnés durant la période coloniale n'auront pas été révisés par l'ensemble des Algériens ?

Effectivement, si on interroge l'identité algérienne à partir des données onomastiques (ou noms propres), la question de la formation des noms de famille (ou patronymes) dans notre pays est inévitable : soit nous voyons l'état civil comme un simple service administratif, soit on a une entrée multidimensionnelle et on le verra comme étant le dépositaire de la généalogie d'une société, dont «la filiation est établie depuis la plus haute Antiquité» (Dixit Lacheraf). Forcément, l'on évoquera un système de nomination traditionnel au travers des noms de lieux, de tribus, de personnes, de saints, etc. à leur lignage et à leur lointaine généalogie, séculaire, voire plusieurs fois millénaire, pour montrer en fin de parcours la gravité du déficit identitaire contenu dans les noms de famille, conséquences inconscientes et dévastatrices, opérées par la pensée coloniale française. L'autre génocide, culturel, dont on parle très peu.
Deux faits méritent d'être soulignés. Premièrement, la nomination dans cette région du monde, l'Algérie et/ou le Maghreb (l'Algérie est une unité politique, le Maghreb est une unité anthropologique) restitue une totalité irréductible de données de fonds sociologiques, démographiques, symboliques et linguistiques structurant une société dans la pluralité de son patrimoine historique et de ses parcours identitaires et culturels (libyque, berbère, punique, latine, arabe, espagnole, turque, française, etc.), de ses croyances religieuses et mystiques (païenne, juive, chrétienne, musulmane), de ses dimensions africaines aussi.
L'observation, sur la très longue durée, de ces faits de culture, au travers de ses noms propres, témoins fidèles et irrécusables, nous apprend à nuancer les certitudes et les «constantes» (thawabet) : l'amazighité, l'arabité, l'islamité sont et restent des composantes de l'identité nationale, l'Algérianité est une centralité, «trame des solidarités historiques» (Loi d'orientation sur l'éducation, 2008). Deuxièmement, le patronyme : la tradition onomastique algérienne, de souche berbère ou arabe, était différente du système français, patrilinéaire et matrilinéaire (touareg) pour la première, plus complète et systématique pour la deuxième, sous la forme : ism, alam, kunya, laqab, nisba. Prenons un exemple : ‘Abd al Rahmân Abou Zayd Walî al Dîn Ibn Khaldoûn al Tûnsî. Ici, deux approches sont développées dans les études, notamment celles de Yermeche et Parxymies, et à l'ouvrage collectif sous notre direction Des noms et des noms. Etat civil et anthroponymie en Algérie (Crasc, 2005).
Il y a celles et ceux (Soufi, Yermeche, Benramdane, Cheriguen, Benkada…) qui considèrent que le système de nomination traditionnel était archaïque, non économique et que la loi de 1882 (état civil) a introduit une certaine rationalité dans le système de nomination par l'imposition du patronyme : «rationalité coloniale», «syndrome nominal» «fracture du nom», «catégorie de la modernité civile», «processus redénominatif». Il est vrai que l'identification des personnes est beaucoup plus aisée avec le patronyme, dénomination dès lors commune et juridiquement invariable à toute une famille et sa filiation.
C'est, cependant, moins la validité intrinsèque de ce nouveau système de nomination qu'il faut analyser que les conditions historiques et administratives de son imposition, unique dans l'histoire ancienne et moderne de l'humanité. Le seul à avoir travaillé à un double niveau de la conscience dans un objectif de dislocation identitaire.
En France, le patronyme a connu une évolution historique «naturelle» d'une durée de dix siècles pour s'imposer comme catégorie de nomination. En Algérie, la constitution de l'état civil (était) et (devait) être «une œuvre de dénationalisation» (Ageron), c'est-à-dire «franciser plus résolument les patronymes indigènes pour favoriser les mariages mixtes». Il a été réalisé «en 13 ans à peine !»
– A l'heure actuelle, le changement de nom de famille doit être approuvé par la Présidence, et ce, pour les noms jugés obscènes et humiliants seulement. Pensez-vous que les modalités de changement de nom de famille doivent être facilités davantage (n'importe quelle personne désirant changer de nom peut le demander sans justificatif) ?

Des mesures ont été prises dès l'indépendance avec la suppression de l'innommable SNP (sans nom patronymique).
Ces demandes s'expliquent si on observe le corpus des noms dont souffrent beaucoup de nos concitoyens : Tahane, Kelb, Beghal, Ferkh, Khamadj, Zebiba, Chaddy, Rassenadja…
Mais la partie invisible de l'iceberg, c'est l'écriture des noms qui cause le plus de dégâts.
Des centaines de milliers de requêtes sont déposées chaque mois au niveau des daïras et tribunaux algériens. La «francisation coloniale», en touchant à la forme des noms, a atteint le signifié : ainsi, Farid devait devenir Alfred, Kaci/ Cassis, Naïma/Noémie, Adjemi/Eugene, Lahcen/Lancel, Slimane/Simon, Toumi/Thomas… (Quemeneur, 1963).
Il n'est pas étonnant que Belhoussine ait plus de 100 écritures en Algérie. Avec la numérisation (12 S), la mondialisation et son corollaire, la normalisation, en caractères latins, tolérant la circulation des biens et les personnes et interdisant la mobilité orthographique de leurs noms, la problématique a pris une dimension exponentielle. Il y a incompatibilité de gestion entre le refoulé historique et la modernité civile.
– Présentement, combien de noms de famille existent en Algérie?

Le seul répertoire (13 000 noms) que nous ayons entre les mains est celui établi en 1868 sous la direction de De Slane et Gabeau. Cependant, beaucoup de jeunes chercheurs (magistérants et doctorants) travaillent sur l'onomastique. Une unité de recherche au Crasc sur les systèmes de dénomination en Algérie (Rasyd) vient d'être agréée par le Mesrs (ministère de l'Enseignement supérieur) en 2012. C'est dire l'ampleur du travail à réaliser et le degré de (non) implication des institutions nationales dans la recherche onomastique.


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