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Camille Sari. Economiste : «Il n'y a pas de place pour deux ou trois fabricants»
Publié dans El Watan le 15 - 10 - 2012

-On estime que l'arrêt du crédit à la consommation a encouragé le blanchiment d'argent via le marché automobile, puisque même sans aides bancaires, les ventes n'ont jamais baissé. Qu'en pensez-vous ?
D'abord, il faut savoir que même à l'époque où il y avait des problèmes de devises avec le baril de pétrole au plus bas et la crise économique dans les années 1980 et alors que l'Etat ne développait pas les transports en commun, les gens achetaient des voiture. Certes, ce n'était pas donné à tout le monde, mais avec l'opulence financière, il y a eu l'arrivée des concessionnaires. Or, quand il y a beaucoup de liquidités sur le marché, tous les moyens sont bons pour le blanchiment d'argent. L'immobilier et la construction sont des moyens privilégiés en matière de blanchiment mais pour les voitures aussi, car si vous achetez une grosse cylindrée pour l'équivalent de 100 000 euros, et même si vous la revendez avec une décote, vous êtes toujours gagnant et vous pourrez toujours déposer le montant à la banque. Quant au crédit à la consommation, moi je suis pour, mais il ne faudrait pas qu'il avantage les importations.
Sachez que l'Algérie est passée de 9 milliards de dollars d'importation au milieu des années 2000 à presque 60 milliards de dollars, sans compter l'informel. Tout cela aggrave le déficit de la balance commerciale. Or, l'opulence financière ne va pas durer longtemps et les réserves peuvent s'écrouler en 4 ou 5 ans, car rien n'est acquis avec le pétrole. Cela dit, encourager les importations de véhicules, je comprends que ça puisse servir certains intérêts et je ne pense pas qu'un importateur fasse fortune dans la production. Car, qui dit production, dit investissement, dit aussi création d'emplois.
-Certains économistes disent que pour encourager l'industrie automobile en Algérie, il faudrait commencer par contingenter les importations. Qu'en pensez-vous ?
Je rejoins ce point de vue, car même si l'Algérie n'a pas une production au niveau national, il faut freiner ces importations. Quand on parle du marché de l'automobile, on voit une évolution ; avant il y avait les voitures européennes, mais maintenant il y a les voitures chinoises. Dans le cadre de mon travail, j'ai eu à visiter la ville de Shanshan (nord-est de la Chine) où sont produits les véhicules chinois SAW, je peux vous dire que les coûts sont très bas. Les Chinois, cela fait 30 ans qu'ils travaillent sur ces véhicules. Au départ, c'était en coopération avec Volkswagen. Ils ont une histoire qu'aucun pays au Maghreb ne pourra rattraper en moins de 20 ans. Les Chinois sont passés par la camelote, le bas de gamme, la quincaillerie. Par la suite, ils ont été formés par les Allemands et maintenant ils fabriquent leur propre voiture.Leurs usines avoisinent les 100 000 salariés et donc quand ils fabriquent, ce n'est pas uniquement pour leur marché local.
-Selon certaines informations relayées par la presse nationale et française, Renault exigerait pour s'installer en Algérie qu'il n'y ait pas d'autres investissements étrangers dans le domaine pendant 5 ans. Une telle exigence est-elle légitime ?
D'un point de vue purement économique, et sur le plan de la rentabilité, c'est légitime. Entre ce que nous voulons et la réalité il y a un écart. Le marché ne peut pas connaître plusieurs constructeurs en même temps. Le marché algérien peut être important, mais au final ce ne sont que 36 millions d'habitants. Il n'a pas atteint le seuil critique. C'est également le cas en France. Regardez Renault, ils ont des problèmes et n'arrivent pas à se maintenir face à l'effondrement du marché espagnol. Même un marché européen n'est pas assez costaud pour eux pour une raison simple. Dès qu'il y a une crise, les gens achètent évidemment moins de voitures. En Afrique, les voitures ont jusqu'à 20 ans d'âge, alors qu'en Europe, l'idée répandue est de garder sa voiture 3 ou 4 ans. Mais avec la crise économique en Europe, on ne change plus aussi facilement. Il faut que nous soyons pragmatiques. Ces entreprises doivent répondre à des critères de rentabilité.
-A côté de Renault, il y a le projet de Volkswagen en coopération avec les Qataris. Pensez-vous que le gouvernement donnera la priorité à l'un de ces projets au détriment de l'autre ?
Le gouvernement doit faire un choix entre le projet Renault ou celui avec les Qataris. A moins qu'il y ait des perspectives massives de vente de voitures en Afrique ou la réexportation vers l'Europe, mais j'en doute, il n'y aura pas de place pour deux ou trois fabricants, sachant qu'il y a aussi Renault au Maroc.De plus, le marché automobile, il faut bien le souligner, est en chute et mondialement en crise. Le PDG de Peugeot au Salon de l'automobile de Paris a affirmé qu'il y aura des licenciements chez ses concurrents, tout en sachant qu'il y en a déjà eu chez lui. Cela veut dire que le marché est en train de s'effondrer parce que c'est la crise économique et les gens achètent moins de voitures neuves. Un constructeur devra fabriquer pour le marché algérien et pour être rentable il faudra exporter, mais si on est deux fabricants, où allons nous exporter ? A moins que les Qataris aient une idée de subvention, mais je ne le pense pas.
-D'un point de vue réaliste et objectif, imaginez-vous une usine de construction automobile lancée en Algérie incessamment ?
Sincèrement, je ne pense que ce sera pour tout de suite. Le marché algérien en tant que marché de consommateurs est plus intéressant pour les constructeurs sur le plan des ventes parce que le pouvoir d'achat est plus élevé. Mais, en termes de production, pour les raisons que l'on connaît et qui sont liées aux difficultés d'entreprendre et à la faible productivité, il y a un problème qui se pose, celui de la rentabilité. Si toutefois ces problèmes étaient réglés, se posera celui de la concurrence. Renault sait très bien que même s'il fabrique en Algérie, il sera concurrencé par les voitures chinoises et il ne pourra jamais s'aligner dessus parce que ce n'est pas le même créneau.
Mais je sais qu'il y a des Algériens qui préfèrent les marques françaises pour des questions de standing. Certains Japonais préfèrent les voitures européennes pour faire étalage de leur richesse, par exemple. Mais encore une fois, le marché algérien reste un marché limité. Ce qui aurait été significatif et intéressant, c'est d'aller vers l'intégration maghrébine pour atteindre le seuil critique. Vous ne pourrez pas fabriquer pour le marché algérien seul, ou le tunisien seul ou le marocain seul. C'est un leurre que de penser qu'un fabricant va produire uniquement pour le marché local. Un marché significatif s'adresserait à une population plus large, peut-être de 100 millions d'habitants. Je suis pour qu'il y ait un jour une vraie industrie automobile mais maghrébine, voire même étendue à l'Egypte.


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