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L'Amérique, c'est ici, à condition que...
Publié dans El Watan le 25 - 10 - 2009

Ce que les Algériens et les peuples des autres pays de ce que l'on appelle communément le « Tiers-Monde », « pays sous-développés », « pays en développement », « pays émergents »... oublient c'est que l'Amérique est ici, chez eux. A condition bien sûr que :
a- Les peuples de ces régions changent leur façon de regarder leur pays ;
b- les gouvernants de ces pays changent leur manière de considérer leurs peuples ; c- les régimes politiques aux pouvoir dans ces pays révisent leur manière de manager leurs pays. Si ces trois conditions sont remplies, on peut dire, sans risque de se tromper, que l'Amérique — ce pays dont tout le monde rêve et où tout le monde veut vivre — se trouve dans chacun des pays des régions citées. Est-ce que les peuples et les gouvernants de ces régions pourront, un jour, se mettre d'accord pour ne plus simplement être victimes de l'« American Dream », mais travailler dur pour réaliser que l'Amérique existe chez eux ? C'est là, la question à laquelle nous tenterons d'apporter quelques éléments de réponse. Pour répondre à cette question, il faut au préalable répondre aux trois questions (a), (b), et (c) ci-dessus évoquées :
Les peuples sont-ils prêts à changer leur manière de regarder leur pays ?
Le monde, comme chacun le sait, est divisé en deux groupes de pays : un premier groupe de pays dits « développés » et un second groupe appelé diversement « pays du Tiers-Monde », « pays sous-développés », « pays en développement », « pays émergeants », « pays en voie d'industrialisation », et la liste n'est pas fermée. La partie du monde où se trouve l'Algérie est bien sûr classée dans le second groupe. Et une fois que cette étiquette est collée au dos de ces pays, ces derniers se l'approprient et la réclament même. A partir de ce moment, un pessimisme se développe chez les peuples et les gouvernants de ces pays, pessimisme qui atteint son paroxysme lorsqu'ils considèrent qu'ils sont dans l'incapacité de rejoindre le premier peloton des pays développés. Le raisonnement souvent développé est simple : puisque les pays du premier monde avancent toujours plus vite que ceux du second peloton, rien ne sert d'essayer de rattraper les premiers, c'est un exercice d'avance voué à l'échec. Pourtant, lorsqu'on analyse la situation et les conditions prévalant dans le deuxième groupe de pays, on se rend compte qu'ils ont tout ce qu'il faut pour rejoindre le premier groupe : des ressources naturelles nombreuses et variées, des ressources financières dépassant parfois celles des pays du premier groupe et des ressources humaines immenses.
Le problème est que les peuples et les gouvernants du deuxième groupe ne regardent pas à l'intérieur d'eux-mêmes mais plutôt à l'extérieur, prenant le chemin le plus facile pour se laisser « guider » par les pays du premier groupe. Les peuples et les gouvernants des pays du deuxième groupe se mettent alors à « dévaloriser » leurs ressources naturelles, préférant importer des produits venant des pays du premier groupe, plutôt que de valoriser leurs ressources naturelles en créant une dynamique interne de production interne. Il en est de même des ressources financières internes qui sont souvent « déconsidérées » et où une préférence nette pour la devise étrangère domine. La monnaie nationale se met alors à fuir les pays du deuxième groupe, et les monnaies dites « fortes » des pays du premier groupe sont recherchées pour leur valeur considérée comme « supérieure ».
Enfin, et ce n'est pas rien, non seulement les ressources humaines nationales du deuxième groupe ne reçoivent aucune considération, mais, au contraire, sont « encouragées » à s'exporter vers une poignée d'« Amériques ». On se retrouve ainsi face à un paradoxe : les pays du deuxième groupe investissent des sommes gigantesques pour former des milliers voire des millions de leurs citoyens, qui, une fois formés et testés, vont servir et enrichir les pays du premier groupe. Tant que cette manière de regarder les trois catégories de ressources n'est pas révisée, les pays du second groupe continueront toujours à être la charrue guidée par les bœufs des pays du premier groupe.
Les gouvernants sont-ils prêts à changer leur manière de considérer leurs peuples ?
Les gouvernants des pays du deuxième peloton considèrent généralement leurs peuples comme des sujets et non comme des citoyens à part entière. le raisonnement est ici aussi simple : puisque les peuples ne sont pas assez éduqués et matures, il faut les « guider » en leur imposant un mode de vie bien déterminé. Ce dernier passe souvent par une concentration du pouvoir entre les mains d'un groupe de personnes qui s'arrogent le titre de « leaders ». le résultat est que pour toutes les décisions devant en principe être prise sau niveau local, c'est plutôt le pouvoir central qui les prend, souvent sans connaître la réalité sur le terrain. Pour légitimer cette manière de faire, les gouvernants créent souvent des institutions dites « démocratiques et consultatives » qui, sur le terrain, ne sont que de simples boîtes aux lettres et qui n'ont de démocratique que le nom. On constate alors, dans les pays du second groupe, que la grande majorité de la population a un comportement passif, attendant que les décisions viennent des supposées « élites » au pouvoir, qui se retrouvent asphyxiées par la quantité et la complexité des problèmes à résoudre. Dans les pays du deuxième groupe, la démocratie est comprise comme une dictature de la majorité par la minorité au pouvoir.
Se développent alors des attitudes de laisser-aller, laisser-faire qui s'accompagnent d'un appauvrissement matériel et mental de la majorité silencieuse et un enrichissement matériel et mental de la minorité des gouvernants aux différents échelons de la pyramide du pouvoir. Tant que cet état de choses persiste et tant que la minorité continue d'imposer sa manière de faire et de voir à la grande majorité, les pays du deuxième groupe ne pourront jamais se hisser au niveau des pays du premier groupe. Malheureusement, la réalité, après plusieurs décennies dites de « développement », est que non seulement la tendance ne se renverse pas mais plutôt prend le chemin de l'aggravation, c'est-à-dire que la majorité silencieuse a tendance à s'élargir et à devenir de plus en plus passive et la minorité gouvernante de plus en plus agressive, aboutissant à creuser le fossé entre les deux groupes. Il est donc temps que les pays du deuxième groupe instaurent des pratiques réellement démocratiques au sein desquelles les citoyens sont consultés chaque fois qu'une décision les regardant doit être prise. Vont-ils le faire ? C'est là le second challenge auquel sont affrontés ces pays du second groupe.
Les gouvernants sont-ils prêts à changer leur manière de « manager » leur pays ?
Lorsque l'on aborde la sphère de l'économie, on constate que les choses ne sont pas différentes de celles qui prévalent dans la sphère politique. En dépit des réformes en série qui ont commencé dans les années 80 et qui se poursuivent encore aujourd'hui dans les domaines économique et financier, les économies des pays du deuxième groupe sont toujours gérées à partir d'en-haut. Notamment la dichotomie entre le secteur public et le secteur privé qui se renforce de jour en jour, et les deux secteurs, loin d'être complémentaires comme dans les pays du premier groupe, sont plutôt des ennemis où l'un essaie d'abattre l'autre. les décisions aussi bien macroéconomiques que micro-économiques sont souvent prises sans études préalables et sans calculs. Par ailleurs, ces décisions sont souvent inspirées par les gouvernants des pays du premier groupe ou encore les institutions financières dites « internationales », telles que le FMI et la Banque Mondiale.
Le résultat est que les économies nationales des pays du deuxième groupe sont souvent incohérentes au plan interne - chaque secteur d'activité agit comme n'ayant aucune relation avec les autres secteurs - et souvent orientées vers l'extérieur, c'est-à-dire vers le renforcement du développement des pays du premier groupe. La dépendance économique et financière des pays du deuxième groupe vis-à-vis des pays du premier groupe ne cesse de s'aggraver, creusant un « gap » de plus en plus grand entre les économies des deux groupes. A l'intérieur, une « underground economy » (dite « économie informelle ») se développe de plus en plus avec son lot de contre-systèmes (fraude fiscale, fuite des capitaux, non-respect des normes, etc.).
Au plan externe, les importations remplacent de plus en plus la production nationale et cela y compris dans la sphère des biens de consommation. les exportations se résument à un ou quelques produits ayant souvent la nature de matières premières vendues à l'état brut. le résultat est que la balance commerciale des pays du deuxième groupe est souvent déficitaire, les importations engloutissant des sommes de plus en plus grandes de capitaux et les exportations générant très peu de rentrées de devises. Les pays du deuxième groupe sont alors poussés à être des « consommateurs passifs et permanents » de produits de toutes sortes, venant des pays du premier groupe. La question ici encore est la suivante : les gouvernants des pays du deuxième groupe sont-ils prêts à renverser ces tendances négatives ? A voir les tendances actuelles, il y a des doutes que cela soit possible. Pour que ce renversement de tendances soit possible, il faut un management plus rationnel et plus efficient des différentes facettes de l'économie des pays du deuxième groupe.
Cependant, qui dit bon « management » (ou bonne gouvernance) dit transparence et l'instauration d'un système de « checks and balances », ce qui n'est pas prêt de se voir encore dans les pays du deuxième groupe. Au vu de l'analyse et des tendances précédentes dans les pays du deuxième groupe, il apparaît que les gouvernants de ces derniers ne sont pas encore prêts à attraper le taureau par les cornes et à revoir leur copie en reconsidérant leur façon de regarder leur pays - ce qui suppose un plus grand compter sur leurs ressources naturelles, humaines et financières. Cela passe aussi par une plus grande transparence, un meilleur partage des responsabilités entre le pouvoir central et les citoyens. Enfin, et ce n'est pas le moindre, cela demande que les méthodes actuelles de « management » basées sur le tâtonnement et la « politique des pompiers » (parer au plus urgent) soient abandonnées en faveur d'un management basé sur le calcul économique, la planification et la recherche de l'efficience. Ce n'est qu'à ces conditions que les pays du second groupe cesseront de rêver à une « Amérique » qu'ils ont déjà chez eux sans le savoir.
L'auteur est Professeur d'économie et de marketing Master of African Literature


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