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Michèle Manceaux, entre identité et convictions
Chronique d'un secret révélé
Publié dans El Watan le 24 - 02 - 2005

michèle Manceaux est journaliste et écrivain. Elle a écrit en 2003 un ouvrage bouleversant de vérité Histoire d'un adjectif sur sa personnalité la plus profonde, sa judaïté qui a été refoulée à cause de l'histoire et de ses tragédies.
Elle parle de sa judaïté retrouvée en parallèle avec ses positions idéologiques, politiques et humaines envers le peuple palestinien et c'est ce qui est original et passionnant, démontrant ainsi l'existence d'une diversité de voix. Michèle Manceaux a décidé, un 31 août 2001, de déclarer publiquement dans le journal Le Monde qu'elle était en réalité juive, presque comme un « coming out ». Cela paraît surprenant comme démarche vis-à-vis de sa propre identité, la plus intime. Son ouvrage donne les clefs pour comprendre une telle démarche et décrit un cheminement psychologique souvent douloureux. Survivante de la Seconde Guerre mondiale et de la Shoah, la mère de Michèle Manceaux a décidé que sa fille serait chrétienne pour la protéger à vie, dans le cas où il y aurait d'autres Shoahs. Jusqu'à sa mort, la mère de Michèle Manceaux exhortait sa fille à ne jamais révéler sa judaïté tant elle avait peur. Ainsi donc, Michèle Manceaux s'est fondue dans la société catholique française pour ne pas être cataloguée comme juive. Communion, mariage à l'église, rébellion contre le système, affirmation de soi par l'écriture, entrée dans le monde du journalisme, une vie française, disons classique. Seulement, il y avait ce secret, lourd, culpabilisant, celui d'être juive et de le dissimuler. Il y avait le doute, les questionnements, le rapport au monde et le rapport à soi-même. Qu'est-ce qu'être juif ? Une histoire remuante qui met en avant les ravages que peut provoquer l'histoire, que peut provoquer l'intolérance des hommes, que peut provoquer la négation de l'autre en tant qu'être humain. Une fois l'acceptation de son moi le plus profond déclaré au monde, restait le rapport de Michèle Manceaux avec l'Etat d'Israël qu'elle questionne, mais cette fois au-delà du communautarisme et du religieux. Son honnêteté intellectuelle, sa position équitable à partir d'un vécu douloureux la pousse à poser une question brûlante d'actualité : est-ce que les juifs qui ont tant souffert à cause de rejets continuels en Europe, ont le droit de réitérer, de reproduire ce dont ils ont souffert vis-à-vis des Palestiniens ? Est-ce que les juifs ont le droit de déposséder le peuple palestinien de ses terres ancestrales ? Comment peut-on faire subir à un peuple ce que l'on condamne de manière régulière par le biais de commémorations ? Comment Israël peut-elle tuer des enfants avec ses tanks ? Toutes ces questions sont posées de manière claire, sans ambiguïté. Pour Michèle Manceaux, Israël devrait vivre en harmonie avec le peuple palestinien, seule solution pour la paix de l'Etat d'Israël. L'existence d'Israël n'est pas remise en cause, c'est la politique sioniste d'Israël qui l'est et ainsi Michèle Manceaux s'inscrit dans la lignée de femmes courageuses qui ont exprimé leurs idées politiques sur la question comme Ania Francos à qui elle rend hommage : « Ania Francos, morte trop jeune alors qu'elle s'était déjà tant battue contre les colonisateurs de toutes sortes, en Algérie, en Afrique du Sud, au Proche-Orient... Ania Francos, jeune fille juive née dans une famille décimée par les nazis, aura passé sa vie à défendre les humiliés », les Palestiniens. Histoire d'un adjectif est à la fois une introspection et une expression politique. Michèle Manceaux rappelle qu'elle avait lutté pour l'indépendance de l'Algérie lorsqu'elle était journaliste à L'Express, une autre explication de son rejet des colons israéliens. Elle condamne avec autant de conviction les attaques des kamikazes palestiniens contre les civils, mais rapporte avec pertinence le témoignage d'une mère israëlienne dont la fille a été tuée lors d'un attentat. S'adressant au Premier ministre Netanyahu, cette mère lui dit : « Israël élève des terroristes. La mort de ma fille est la conséquence directe de l'humiliation infligée aux Palestiniens, nous avons inventé ces kamikazes. Ils se sacrifient car nous avons rendu leur vie sans valeur à leurs propres yeux. » Afin de montrer qu'elle n'est pas la seule juive à penser de la sorte, à condamner la politique belliqueuse d'Israël, Michèle Manceaux donne la parole à d'autres juifs qui expriment leurs désaccords avec « un fondamentalisme juif qui pervertit la démocratie ». Michèle Manceaux représente une majorité silencieuse de juifs français qui n'approuvent pas le mal fait au peuple palestinien, sémite lui aussi. Un moment fort dans le livre est sa rencontre avec la déléguée générale des Palestiniens en France, Leila Chahid, dont elle dit : « A travers une femme, je viens de rencontrer un peuple. » Michèle Manceaux rapporte une idée fondamentale exprimée par Leila Chahid : « Dans chaque processus de décolonisation, il y a toujours des deux côtés des fanatiques qui veulent faire exploser le processus de paix. Nous existons, nous sommes reconnus par les Israéliens et par le monde entier. Nous avons, qu'on le veuille ou non, déjà commencé à construire un Etat. Nous pouvons nous allier avec les Israëliens qui veulent la paix. Ils sont nombreux. Il faudrait surtout que la communauté internationale assume ses responsabilités. » Michèle Manceaux souscrit à cette position et contribue par ce livre à un dialogue équilibré entre Israéliens et Palestiniens.
Michèle Manceaux, Histoire d'un adjectif Paris : Stock, 2003.


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