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L'affaire Merah a eu un impact sur le racisme antimusulman
Publié dans El Watan le 29 - 03 - 2013

– Le débat sur le voile reprend en France. On déclare que 84% des Français sont contre le port du voile dans les lieux où l'on s'occupe d'enfants. Comment l'expliquez-vous ?

Il semblerait que oui. Le sondage réalisé par un institut reconnu pour le compte d'un grand journal régional français est clair. Le voile est, depuis des années maintenant, un point de crispation. Il est assimilé par une partie des Français à un instrument d'asservissement de la femme. Pour d'autres, dont certains politiques et intellectuels, le foulard est un symptôme des revendications identitaires de musulmans jugés «intégristes». On est à la fois dans une approche caricaturale et fantasmagorique des choses.

– Dans votre livre Petit précis de l'islamophobie ordinaire, vous croquez avec beaucoup d'humour la vision du Français, pour qui l'islam n'est pas une religion, mais un problème.

Tout à fait. J'ai cherché à raconter, avec humour et ironie, les clichés liés à l'islam et aux musulmans de France. Il règne une telle atmosphère de méfiance et d'ignorance à l'égard de la deuxième religion de France qu'il me paraissait nécessaire d'en parler. En janvier dernier déjà, un sondage montrait que 74% des Français jugent la religion musulmane «intolérante». Régulièrement, les médias publient ce type d'étude qui, à mon sens, propage l'idée que l'islam n'est soluble ni dans la démocratie ni dans la République.

– D'un autre côté, vous racontez l'histoire de musulmans dont les préjugés sont un quotidien.

Le Petit précis propose des anecdotes du vécu. C'est ce qui m'a intéressée. Montrer comment les préjugés à l'égard de l'islam s'expriment dans une société ouverte comme la France. Si certaines dénotent une véritable islamophobie, elles n'en relèvent pas toutes. Mais à force de pics ou de remarques parfois anodines, on contribue à mettre en place un climat délétère dans l'Hexagone.

– Vous revenez également sur l'épisode ultra-médiatisé de Mohamed Merah. Pourquoi ?

Ce drame a eu des effets collatéraux sur la perception de l'islam en France. Dans son rapport annuel publié la semaine dernière, la Commission nationale consultative des droits de l'homme s'inquiète de la montée du racisme (+23%) en France en 2012 avec une mention spéciale pour l'islamophobie si je puis dire… Et l'affaire Merah a, selon la CNCDH, eu un impact sur le racisme antimusulman. Or, je maintiens que les musulmans n'ont pas à s'excuser pour les actes d'un criminel. Et les remarques que certains proches musulmans ont dû encaisser après les tueries de Toulouse sont tout bonnement inacceptables !

– Finalement, l'islam est dans tous les débats médiatiques. Pourtant l'ignorance est grandissante.

Oui, absolument ! C'est le message de mon ouvrage. On peut critiquer l'islam. On peut critiquer les agissements de certains musulmans. A condition de la faire en connaissance de cause. La religion musulmane comme les autres sont de véritables disciplines, voire des sciences. On ne peut se contenter de l'image que les médias traditionnels en donnent. Il faut se documenter, lire, analyser. Mais en même temps, 69% des Français suivent l'actualité avec la télévision et 45% d'entre eux s'y réfèrent pour comprendre un sujet de fond. Est-ce possible d'aller en profondeur avec ce média ? Je ne le pense pas…

– Quelle est la part de responsabilité des musulmans, envers une société dite laïque, qui les rejette ? L'islamophobie en France fausse-t-elle la laïcité qu'elle prône ?

Je pense que peu de personnes savent de quoi elles parlent. Qui a lu le texte de 1905 ? Et celui de 2004 ? Pas grand monde. Emile Poulat, sociologue des religions, le résume très bien dans l'un de ses récents ouvrages, Scruter la loi de 1905. «Ceux qui lisent la loi de 1905 dépassent rarement l'art.2.» Il ajoute de manière très juste : «Quelle récolte peut-on attendre d'un débat d'idées dans un désert de connaissances ? Il n'y suffit pas de quelques oasis…» Tout est dit.

– Pensez-vous que des intellectuels comme Sifaoui, Ramadan, Chebel…desservent l'islam ?

Je pense que ceux qui ont droit de cité dans les médias français ne sont pas les plus représentatifs. Il y a, par exemple, une véritable interrogation quant à l'imam Chalghoumi. Il fait, certes, la tournée des médias, mais sa légitimité est fortement remise en question par une frange de la population. Les musulmans, selon moi, et je ne parle pas en leur nom, mais d'après ce que je vois, refusent de montrer patte blanche. Ils ont le sentiment que l'opinion leur demande sans cesse de prouver leur bonne foi républicaine.

– Les musulmans de France représentent près de 4 millions. Se retrouvent-ils dans les symboles de la République ?

Je pense que oui, à condition que les symboles de la République soient à la hauteur des valeurs qu'ils sont censés représenter.

– Doit-on, aujourd'hui, en France réinventer la laïcité ?

En tout cas, ceux qui s'insurgent contre le jugement rendu par la Cour de cassation à propos de la crèche Baby Loup (Yvelines) poussent pour faire modifier la loi de 2004 sur les signes ostensibles de la religion. On assiste à une véritable levée de boucliers quand on parle de ce sujet. Mon sentiment est que le voile porte des enjeux bien plus importants qu'il n'y paraît. La tentation d'opter pour une approche manichéenne des choses est réelle. La laïcité devrait dépasser ce genre de caricature. D'autant que les musulmans de France, dans leur grande majorité, respectent les règles de la République. Pour autant, ils refusent de devenir des boucs émissaires.


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