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A la rencontre des algériens de l'ouest canadien
Publié dans El Watan le 31 - 08 - 2013

En route pour Calgary à la rencontre des Algériens de l'Alberta. En route au sens propre ! On doit parcourir les 4000 km qui séparent Montréal de Calgary en voiture. Go west young men ! En Alberta, près de 1400 Algériens sont immatriculés auprès de l'ambassade d'Algérie au Canada. Donc, il ne faut pas trop espérer trouver des boutiques ou des restaurants algériens comme à Montréal où vivent la majorité des 100 000 Algériens du pays de l'Erable. Aventure pour aventure, le parcours se fera en covoiturage avec Sylvain et Julien, deux Québécois de Montréal et Magog. Sylvain, la cinquantaine, est un travailleur autonome dans la construction. Il laisse tout pour aller tenter sa chance en Alberta, la province qui connaît un boom pétrolier depuis 2005. Julien, 27 ans, est un homme à tout faire et un amoureux de la randonnée et du snowboard. Il s'en va dans l'ouest pour explorer les Rocheuses canadiennes et la vallée de l'Okanagan, près de Vancouver.
On quitte Montréal un samedi matin. Il est 8h20 quand Julien, au volant, lance : «C'est parti !»
En Subaru Outback année 2004, il faudra quatre jours de route pour atteindre Calgary – pas de conduite la nuit, par mesure de sécurité. On atteint rapidement la frontière du Québec vers 9h30. Bienvenue en Ontario ! Les drapeaux canadiens commencent à s'affirmer. Le Québec et son séparatisme sont derrière. Au pays de Naomi Klein, le «no logo» ne semble pas avoir d'impact sur les bords de la route. Des panneaux publicitaires le long du chemin : de la réclame à la campagne de sensibilisation sur les dangers de l'alcool au volant et aux avis de recherche d'enfants disparus… et, cerise sur le gâteau, des messages de Jesus du genre «born again» !
Les paysages commencent à devenir intéressants (lacs et rivières). Les criques donnent des frissons et rappellent la côte algérienne. Soudain, une pancarte : «SVP ne donnez pas à manger aux ours»…

La 3G dans une réserve indienne
A 19h30, on atteint Blind River, 3600 habitants, où vit Michelle, la cousine de Sylvain qu'il n'a pas vue depuis 25 ans… Ici se trouve Thessalon, la plus petite réserve indienne du Canada. Thessalon First Nation : 20 familles, une quarantaine de maisons et environ 200 habitants.
On passe la nuit chez Michelle, non sans vider la voiture de toute trace de nourriture à cause des ours qui rôdent la nuit. Au matin, juste le temps de vérifier les emails et essayer de mettre à jour les profils facebook. Bien qu'on soit dans «le bois», on a accès à internet grâce à la 3G du iPhone de Michelle qu'on utilse comme hotspot.
Sur le chemin de notre prochaine escale, Thuder Bay, à un peu plus de 900 km à l'ouest, tous les terrains de camping, hôtels, motels, restaurants ou autres lieux de pause mettent en avant la disponibilité de l'internet pour attirer une clientèle de plus en plus techno-dépendante. En soirée, on apprend que le ministre algérien des TIC a annoncé le lancement de l'appel d'offres pour la 3G le 1er août…Il était temps !
La route vers Thunder Bay (la baie du Tonnerre) se fait dans les montagnes et le long de lacs et de rivières dont les villages avoisinants portent des noms qui rappellent la toponymie des villages algériens (river et oued !).
On passe devant un secteur qui semble avoir été reboisé. Sylvain se rappelle du milieu des années 1970, quand il était étudiant et qu'il plantait des arbres lors d'opérations de reboisement pendant les vacances… Comme en Algérie, mais lui il était payé, pas comme les étudiants algériens qui le faisaient bénévolement sous le contrôle de l'UNJA et du FLN…
19h40. Arrivée au camping Koa de Thunder Bay. Au compteur de la voiture, 1869 km. Il reste 2200 km pour Calgary.

Dure journée pour les pouceux (auto-stoppeurs)
Direction Manitoba ! Derniers moments à Thunder Bay. La nuit, la température est tombée à 10 degrés. Pas d'ours ou d'animal sauvage en vue. La pleine lune et le bruit des trains qui passent pas très loin font penser aux gens de Lac-Mégantic, une petite ville située à 250 km à l'est de Montréal. Ses habitants ont vécu une nuit d'horreur quand un train transportant du pétrole a explosé en plein centre-ville au début du mois. 50 morts et autant de maisons et de commerces détruits.
8h20. Cap sur Winnipeg dans la province du Manitoba. 900 km à faire. On quitte Thunder Bay sous un orage et une pluie battante. Quoi de plus normal pour cette «baie du Tonnerre» ! «Difficile journée pour les pouceux», lance Julien. Pouceux pour autostoppeurs en québécois. Et c'est vrai que l'averse dissuaderait le plus téméraire d'entre eux. On en a croisés en cours de route. Généralement, ils sont deux, avec une petite pancarte sur laquelle ils ont écrit au feutre noir «west»…
Le vieux téléphone Nexus One (Videotron) de Sylvain rend l'âme. On essaie de le «réanimer». Rien à faire, il est fini. Sylvain n'étant pas techno-dépendant, il n'en est pas malade pour autant. Sa pensée positive quotidienne doit y être pour quelque chose. Fuseau horaire. Quelque temps après Thunder Bay, on entre dans le Central Time. On quite l'East Time. On repère les Tim Hortons (une chaîne de cafés canadienne qui existe même dans la base militaire de Kandahar (Afghanistan) parce qu'ils offrent le wifi ! A 15h, on atteint la frontière entre l'Ontario et la Manitoba. Finie la montagne, bonjour la descente vers les prairies, cette région du Canada où le pick-up est roi. On atteint Winnipeg, la capitale du Manitoba. On se perd dans les rues de la ville. Le GPS a du mal à réagir. Au bout de 45 minutes, on s'extirpe des entrailles de Winnipeg. On tombe sur un panneau vantant l'arrivée de la 4G au Manitoba – de quoi se rappeler Moussa Benhamadi, ministre algérien des TIC !
Direction Brandon, à 300 km, qu'on atteint vers 20h. Le terrain de camping est meilleur que celui de Thunder Bay. La raison ? Le wifi partout ! La route est directe. Il ne s'y passe rien. Les champs se succèdent. Des usines de transformation de grains. La nuit s'est passée sans encombre. A 9h, direction Calgary. On arrive à la frontière entre le Manitoba et le Saskatchewan à 10h15. La traversée de la province du Manitoba est un jeu d'enfant par rapport à celle de l'Ontario, qui nous a pris deux jours et demi.

Tornades
Dans The Winnipeg Free Press, un article rend compte de la visite, la veille, du Premier ministre du Manitoba, Greg Selinger, dans une réserve indienne à Sioux Valley (les Dakota Nation), pour s'enquérir des dommages causés par une tornade survenue la semaine précédente. Une maison a été complètement rasée et d'autres endommagées. Les prairies canadiennes sont régulièrement balayées par des tornades en cette période de l'année. On se rapproche de Regina (capitale du Saskatchewan). Un autre changement de fuseau horaire. Le décalage avec Montréal est de 2 heures. Avec l'Algérie : 7 heures ! Surprise. Au milieu des champs et des pâturages, les premiers petits puits de pétrole commencent à apparaître. Le pétrole de l'Ouest canadien. Nous ne sommes pas encore en Alberta. Des vaches broutent autour des puits. Une torche brûle le gaz qui sort du puits comme à la raffinerie de Sidi Arcine, à côté de Baraki, dans la banlieue d'Alger.

Enfin, Calgary…
16h30. On arrive à la frontière avec l'Alberta. Et enfin Calgary, en début de soirée. Au compteur de la voiture : 4005 km. C'est le moment de nous séparer. Julien doit continuer vers les Rocheuses et Sylvain devrait commencer à travailler dans la construction à Calgary. Finalement, on s'attache aux gens avec qui on a passé 4 jours de route et 3 nuits. On se promet de rester en contact… pas de larmes, toutefois ! on est «tough» !
Nous voilà à Calgary. A la recherche des Algériens de l'Alberta. Il ne faut pas chercher une rue Jean-Talon ou un Petit Maghreb dans le coin. On parle, ici, de la 17e Avenue qui divise la ville d'est et ouest et de 3e Rue !
Tout le monde travaille, ici. Le secteur qui emploie les Algériens, on l'aura deviné, est le domaine pétrolier. Le premier Algérien que nous rencontrons est Djamel M. Il est, naturellement, issu du monde des hydrocarbures. Président d'une compagnie d'exploration, il me reçoit dans son bureau au 16e étage d'un building du centre-ville de Calgary. Comme beaucoup d'Algériens de sa génération, il a fui l'Algérie sous la menace intégriste (envoi de linceul…)
Formé à l'INH de Boumerdès, c'est un enfant de Sonatrach. Arrivé au Canada (Québec) pour étudier, Ph.D des universités Laval et McGill, il y est resté. Mais à la bonne place, à Calgary !
Le parcours de Djamel fascine. Après l'obtention de son doctorat, il n'a pas cessé de chercher un travail pendant trois années. En vain. Il décide alors de quitter Montréal et le Québec pour Calgary, en Alberta. Son premier voyage vers Calgary, il l'a fait en bus, avec femme et enfants ! Après plusieurs emplois où il a exploré le pétrole et a fait gagner des millions de dollars aux «autres», Djamel lance sa propre compagnie d'exploration. Il ne jure que par les juniors, ces compagnies qui n'ont pas la taille des grandes pétrolières mais qui sont capables d'aller chercher le pétrole dans des endroits au potentiel non attractif pour les majors (BP, Sonatrach…).
Actuellement, sa compagnie explore la partie omanaise du désert de Rub Al Khali. L'Alberta est le plus gros producteur de pétrole au Canada. On crédite cette province de la seconde réserve de pétrole brut dans le monde, derrière l'Arabie Saoudite. Pas étonnant d'y croiser des Algériens qui ont percé dans le secteur pétrolier sur les 1400 recensés dans la province par l'ambassade d'Algérie au Canada. L'occasion de passer la soirée avec un groupe de compatriotes. Une caractéristique partagée : ils n'ont pas vécu longtemps au Québec ou ils n'y ont jamais mis les pieds. Cerise sur le gâteau : le plus bas salaire du groupe est de 150 000 dollars canadiens par an ! Et les pétroliers qui restent à Montréal ? «Ils perdent leur temps et gâchent leur vie», lancent, unanimes, Kamel, Mohamed, Saïd, Yahia, Amar, Ahmed, Krimo et Rafik, tous anciens étudiants des universités algériennes et qui ont travaillé en Algérie pour Sonatrach ou d'autres compagnies. «Les Algériens de Montréal sont plombés», en résumé.

«Non au gaz de schiste en Algérie», pour le moment
Si on entendait cette affirmation de la bouche d'un militant environnementaliste, il n'y aurait pas de quoi fouetter un chat. Mais que ce soient des pétroliers qui le disent, il faut avouer que c'est la dernière des choses à laquelle on peut s'attendre en Alberta.
Kamel B., ancien brillant étudiant de l'IAP, a fait carrière à l'international avec différentes compagnies pétrolières (sauf Sonatrach) et touche aussi à la fracturation multiple qui permet d'extraire le gaz de schiste. Il a une belle façon de vulgariser les différentes manières qui permettent d'extraire le pétrole. La méthode conventionnelle qui consiste à aller chercher les hydrocarbures dans les pièges où ils se trouvent, sous la surface, est comme un accouchement naturel. Quand on recourt à la fracturation, cela peut ressembler à une césarienne !
La fracturation est appliquée dans le monde depuis 60 ans. Pourquoi cette levée de boucliers, alors ? Que ce soit Kamel B. ou Rafik B., diplômé de l'Ecole nationale polytechnique d'Alger et ancien employé de Sonatrach, pour eux, ce qui s'est passé au Colorado est dû au comportements de certains intervenants américains locaux, très peu nombreux, m'assure-t-on, qui n'obéissaient à aucune règle pendant la fracturation. D'ou les tristement célèbres fuites de gaz qui font mauvaise presse aux gaz et pétrole de schiste. «Cest le résultat du comportement de certains cowboys (très minoritaires) de l'industrie pétrolière aux Etats-Unis», explique-t-on. «Pourquoi la catastrophe du Colorado n'a-t-elle pas eu lieu au Canada ?», dit Kamel B. qui s'occupe actuellement de fracturation. La raison est qu'au pays de l'Erable, la réglementation est stricte.
Pour l'Algérie, nos trois spécialistes sont unanimes : il faut commencer, en premier lieu, par exploiter le potentiel des ressources conventionnelles puis passer au gaz ou au pétrole de schiste.Les Etats-Unis et le Canada y vont car ils ont épuisé tout ce qu'ils ont en conventionnel, ce qui n'est «pas du tout, vraiment pas du tout le cas de l'Algérie». «Avant cela, il faut fracturer les réservoirs tight qui sont légion en Algérie, lesquels permettront un débit supérieur au gaz/pétrole de schiste», explique l'un d'eux.

Histoire d'horreur à Edmonton
En route pour Edmonton, la capitale de l'Alberta, à 300 km au nord de Calgary. Objectif : rencontrer la petite communauté d'Algériens vivant dans la province. La ville ne compte pas beaucoup d'Algériens mais un groupe facebook y est actif. Son administratrice organise un iftar en ce mois de Ramadhan. Le contact à Edmonton est un Algérien qui travaille, lui aussi, dans le pétrole. Il faut avouer que sans l'aide logistique des Algériens de l'Alberta, le parcours aurait été difficile et compliqué.
En soirée, direction le café Dolce Vita, dans le quartier italien d'Edmonton. C'est le quartier général «non officiel» des adeptes de l'expresso et de la kahwa algérienne. Une ambiance à la rue Jean-Talon de Montréal. Il n'y a toutefois pas de boulangerie, d'épicerie ou de boucherie halal algérienne. Ici, c'est le soccer (football) qui rassemble. Le café italien est décoré aux couleurs du Lazio de Roma ou de la Juventus…Là où il y a une odeur de football, il y une forte chance de croiser un Algérien ! Souligner l'heure tardive de l'iftar (21h45) n'a pas manqué d'amuser les présents. Mohamed K. raconte, à ce propos, qu'il a passé trois Ramadhan avec les Esquimaux, près du pôle Nord, où le soleil ne se couche pas ! A quelle heure mangeait-il ? «On suivait l'heure de Winnipeg car cette ville est au centre du Canada», dit-il. Hakima Abdessemed est une Algérienne mariée à un Canadien de l'Ouest. Grâce à facebook, elle a pu organiser un iftar au centre communautaire de West View Village. Une vingtaine d'Algériens y ont pris part. Edmonton a été aussi le théâtre d'une vraie histoire d'horreur pour un jeune couple d'Algériens. L'homme et la femme ont été accusés de négligence criminelle qui a entraîné la mort d'un de leurs enfants. Ils sont actuellement en prison, en attente de leur procès.


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