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Un problème de société
Publié dans El Watan le 27 - 11 - 2013

Voilà ce qui caractérise quotidiennement les médias algériens. Ce phénomène auquel la société algérienne n'est pas habituée est réduit au non-respect du code de la route. Il est réduit à un événement dramatique qui survient sur la route et met en scène un conducteur indiscipliné d'une part, et les autres usagers de la route d'autre part. Tout se passe comme si ce mal ne concerne la société que par le drame qu'il lui inflige. Nous pensons que le comportement des usagers de la route n'est rien d'autre que le comportement des individus au sein de la société. Oui, nous sommes devant un problème de société dont les causes sont nécessairement plus profondes que le non-respect du code de la route. Il est simple d'affirmer que l'usage de la route algérienne est le fait de forcenés qu'il s'agit de discipliner en multipliant les contrôles, sinon par les retraits du permis de conduire.
Ces mesures disciplinaires qui ont engagé un nombre impressionnant des forces de l'ordre sont coûteuses pour la société et n'ont pas été concluantes. Le nombre d'accidents liés à la circulation reste important. Nous considérons que les conduites dangereuses qui se traduisent le plus souvent par des drames sont une forme de violence que certains conducteurs exercent sur les autres, et qu'on ne peut pas éradiquer la violence uniquement par l'ordre sécuritaire qui est une forme de violence. La présente réflexion tente de montrer qu'au-delà du comportement condamnable de certains automobilistes sur les routes, les accidents de la circulation sont une affaire de société dont l'explication ne peut s'arrêter au non-respect du code de la route, elle est de l'ordre du politique.
L'état des lieux
Le nombre des accidents de la circulation ne cesse d'augmenter d'année en année. Le bilan des accidents fait état de 42 477 sinistres en 2012 contre 41 467 en 2011. Soit une augmentation de presque 2,5%. Ces accidents ont lieu le plus souvent en dehors des agglomérations, soit 25 307 contre 17 170 en zone urbaine. Ils ont provoqué plus de 4400 morts et plus de 69 000 blessés pour la seule année 2012. En Algérie, la route tue entre 10 et 12 personnes par jour. Aussi, la plupart des accidents est causée par des jeunes conducteurs dont l'âge varie entre 25 et 40 ans. Ces données placent l'Algérie en tête des pays arabes. Au niveau mondial, l'Algérie est au 4e rang derrière les Etats-Unis, l'Italie et la France.
Les accidents s'expliquent bien souvent par plusieurs facteurs liés au conducteur, à l'état du véhicule, à la route, aux conditions de circulation, etc. Mais, le facteur humain reste la cause principale dans la mesure où celui-ci apparaît dans plus de 90% des accidents corporels. Ce facteur révèle : l'excès de vitesse qui représente (30,91%), le dépassement dangereux (12,90%) et le non-respect de la distance de sécurité entre les véhicules (7,55%). D'autres facteurs tels que la fatigue, la somnolence, la distraction et le téléphone au volant sont aussi signalés.
Etant donné ces statistiques, les observateurs et parties concernées sont unanimes pour affirmer qu'il faut sévir par des mesures répressives à l'encontre des contrevenants. Il faut frapper fort pour que ces hors-la-loi de la route cessent leurs forfaits et se conforment à la loi. Cependant, force est de constater que les mesures répressives n'ont eu qu'un faible impact en termes de résultats. Le nombre d'accidents de la circulation augmente comme si les «mauvais conducteurs» faisaient fi des mesures répressives. Il s'agit peut-être de réfléchir autrement à ce phénomène.
Une interprétation alternative
La route est partagée par les différents usagers. Chacun doit apprendre à rouler avec les autres. L'espace routier est aussi un espace pour «vivre ensemble» et non chacun pour soi. Cependant, la route comme espace public est devenue la scène de tous les dangers. L'espace où s'expriment l'intolérance et l'insociabilité. La conduite agitée de certains conducteurs nous donne l'impression qu'ils veulent rattraper un retard. Il n'en est rien ! Au moment où le véhicule nous donne la possibilité d'aller plus vite et gagner du temps, ces chauffards, sans raison évidente, roulent encore plus vite. Otez-vous de leur chemin, ils klaxonnent, ils vous dépassent par la droite, ils montent sur les trottoirs… Bref, la route leur appartient. Bien des campagnes de sensibilisation ont été menées avec toutes les actions de communication et de rappel à l'ordre pour conscientiser les usagers de la route. Mais le problème reste entier et continue de faire des victimes. Ainsi, compte tenu de ces quelques constats, on peut avancer que les véritables causes de ces comportements routiers sont à chercher non seulement dans le cadre des usages de la route, mais aussi dans notre comportement dans l'espace public.
Le nombre de véhicules en circulation a triplé depuis le début des années 2000. En 2001, il était de 2,9 millions d'unités, mais aujourd'hui le nombre a atteint 6,2 millions de voitures. Cette augmentation est due à la faiblesse du transport public que les algériens ont compensée par l'achat de leur propre véhicule suite à l'augmentation des salaires en 2010. A cela s'ajoutent les activités de location de voitures et de transport, domaines que nos jeunes créateurs d'entreprises privilégient dans le cadre de la politique nationale de création de l'emploi. De ce fait, la masse la plus importante de nos conducteurs a moins de 40 ans, avec une prédominance des jeunes âgés entre 20 et 30 ans.
Pour ces jeunes, la voiture représente un statut social dont l'accès n'est pas souvent le résultat d'un travail mais de la générosité de l'Etat où du papa. La voiture est aussi considérée comme un symbole de liberté qui nous permet de nous déplacer là où on veut et quand on veut. La conjugaison de ces deux aspects fait que la voiture est utilisée comme une armure, la route étant le champ de bataille. Ces jeunes, grisés parce qu'ils conduisent un véhicule deviennent des guerriers et usent d'un comportement agressif en direction des autres usagers de la route et notamment des piétons.
Ce comportement n'est pas réductible à la route, c'est un comportement en société.
C'est une transgression des règles (normes) qui se retrouve dans notre vie de tous les jours. Notre vie en société est désagrémentée par l'impatience, l'empressement et la bousculade qui traduisent des pratiques qui dominent nos interactions quotidiennes. Les espaces commerçants, les marchés, les plages, les arrêts de bus, devant les guichets… sont caractérisés par l'absence de distances personnelles par rapport à autrui, les gens sont souvent collés les uns autres, ce qui produit des querelles. Les frontières qui délimitent les lieux et nous séparent des autres ne sont pas reconnues. L'espace social, qui appartient à tous et à personne en particulier, fait l'objet d'une appropriation personnelle. Chacun s'y conduit comme si ces espaces étaient une extension de son espace privé. L'espace public devient un lieu de confrontation au lieu d'être un cadre de communication. La tendance est au non-respect des priorités ou des règles qui sont censées permettre l'organisation et l'ordre.
L'usage des routes signifie le respect des règles que nous appelons code de la route. Le non-respect de ce code est synonyme du non-respect de la loi tout court. Le comportement sur la route n'est pas particulier à la route, il est tout simplement un comportement en société. La route le rend plus visible parce qu'il se traduit en victimes. Par conséquent, le problème n'est pas sur la route, il traverse toute la société. La pacification de la vie en société repose sur des règles applicables à tous. Ces règles deviennent des codes de conduite dictées inconsciemment par la société. Elles se transforment en normes qui conduisent les individus à avoir des comportements approuvés socialement.
L'homme ne naît pas social, il le devient. Bien que nous n'en ayons pas toujours conscience, la plupart de nos actions sont, à des degrés divers, codifiés par des règles, influencées par des situations ou conditionnées par des apprentissages sociaux. Le processus d'apprentissage de ces normes passe par les agents de la socialisation que sont la famille, l'école, les médias, le lieu de travail…
La famille est une instance essentielle de la socialisation primaire. C'est au sein de la famille que l'on apprend les règles d'hygiène, le langage et la politesse. C'est dans la famille qu'on apprend les codes les plus élémentaires (apprendre à manger «correctement», dire bonjour…). La famille représente alors un terrain d'apprentissage, d'éducation et d'imprégnation des codes sociaux.
L'école prend le relais éducatif de la famille dont elle complète et renforce les choix sélectifs.
L'école a pour première mission de faire comprendre à l'enfant qu'il vit en société, parmi d'autres personnes qu'il doit respecter, même s'ils n'ont pas de relations de parenté ou affectives avec elles. Pour reprendre E. Durkheim (1858-1917), l'école a pour rôle d'unifier la société autour de valeurs générales comme le respect de la patrie, de la raison et de la discipline. Le travail permet l'apprentissage de la vie avec les autres. C'est le processus par lequel un individu apprend et intériorise les manières de penser, de sentir et d'agir (normes, valeurs et pratiques) propres à un groupe ou à la société en général. Le travail inculque certaines normes et valeurs telles que la collaboration, la coopération, le respect des horaires, de la hiérarchie, la solidarité, le dévouement…
Les comportements que l'on observe dans la société sont le produit d'une socialisation incomplète des individus qui se traduit par l'absence d'intériorisation des normes. Il agit en dehors des règles parce qu'il n'a pas appris à les respecter. Cette socialisation incomplète que le comportement sur la route amplifie est le résultat de l'affaiblissement du rôle socialisateur de la famille, l'échec de l'école, de la mosquée, l'absence du travail… Nous sommes devant une rupture de l'ordre de la vie de tous les jours qui menace l'innocuité du rapport public à autrui. Dans ce cas, ce n'est pas le radar ni la multiplication des contrôles qui vont discipliner les comportements déviants.
Les efforts à déployer ne doivent pas se limiter à la circulation routière, ils doivent concerner aussi la mise en conformité des comportements individuels avec les règles de la vie en commun. Ceci ne veut surtout pas dire que c'est un problème de morale, les problèmes de société ne sont pas réductibles à la morale. Ce n'est pas avec les leçons de morale qu'on élimine les déviations d'ordre social. Sinon, comment expliquer le comportement de certaines personnes qui pour aller faire leur prière (notamment celle du vendredi) bloquent toute la circulation en stationnant là où il ne faut pas. Nos imams ne cessent d'inculquer les leçons de moralité et pourtant personne ne perçoit le changement dans les comportements.
Référence :
Belhaj A., «Les usages de la route et l'épineuse question du comportement», sur le site http://www.psychologie-sociale.com


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